Après
avoir consacré sa première année principalement à «rétablir le courant entre
Tunis et Paris», l’ambassadeur de Tunisie à Paris entend axer son action durant
le reste de son mandat sur l’économique et le culturel.
Lorsque le gouvernement de la Troïka au pouvoir en Tunisie, depuis décembre 2011
sur proposition d’une de ses composantes –le Front Démocratique pour les
Libertés et le Travail, Ettakatol- de nommer Adel Fekih, alors peu connu en
dehors des milieux d’affaires, ambassadeur de Tunisie à Paris, le pari était
paru osé, voire risqué, pour ceux qui ne le connaissaient pas.
Un an plus tard, cet entrepreneur reconverti –provisoirement?- dans la
diplomatie ne semble pas avoir tiré trop mal son épingle du jeu. Sa première
année à la tête de la plus importante ambassade de Tunisie à l’étranger ne
vient-elle pas d’être couronnée par la visite du président François Hollande en
Tunisie?
Certes, certains de nos concitoyens vivant en France estiment que l’ambassadeur
Adel Fekih pourrait beaucoup mieux faire. D’autres, y compris des Français,
louent son action et lui prédisent même un bel avenir. «Vous allez le retrouver
à des postes plus importants», avait affirmé René Marc Chikli, président du SETO
(Syndicat des entreprises de tour operating) au sujet de l’ambassadeur tunisien
en le présentant à des journalistes français, lors d’une conférence de presse
organisée le 20 juin 2013 dans l’enceinte de l’ambassade de Tunisie dans la
capitale française.
Après sa prise de fonction en juillet 2012, la première priorité pour Adel Fekih
a été, selon lui, de «rétablir le courant entre Tunis et Paris», autrement dit
de raccommoder des relations tuniso-françaises passablement mises à mal par les
péripéties de la chute de Ben Ali et l’émergence d’un nouveau régime en Tunisie.
A cet effet, l’ambassadeur à œuvrer à susciter un échange de visites entre les
deux gouvernements.
Parallèlement, le premier ambassadeur de Tunisie en France désigné par le
premier gouvernement démocratiquement élu dans l’histoire du pays a concentré
des efforts aux questions économiques et culturelles. Si l’économique a occupé
une place importante dans la feuille de route d’Adel Fekih c’est, rappelle-t-il,
«parce que la Tunisie a besoin de mobiliser beaucoup de ressources pour financer
son développement et la création d’emplois». A cet effet, l’ambassade de Tunisie
a multiplié les actions dont la dernière en date a été la “première semaine
économique tunisienne en France“ organisée deux semaines avant la visite du
président Hollande en Tunisie, les 4 et 5 juillet 2013.
Adel Fekih explique l’importance accordée à l’action culturelle par le fait que
«c’est là un moyen d’exprimer ce qu’est la Tunisie et par lequel les Français
peuvent saisir notre pays dans sa complexité et sa diversité». Multiplier les
manifestations culturelles –musique, poésie, etc.- a été, selon l’ambassadeur,
«le meilleur moyen» de contrer le discours «caricatural» des médias sur la
Tunisie tout en évitant de les critiquer. En outre, culture et économie «sont
liées: pour attirer des touristes, il faut séduire, donc s’ouvrir et s’exprimer,
et c’est là justement le rôle de la culture», observe le diplomate tunisien.
D’ailleurs, culture et économie continueront à l’avenir à occuper une place de
choix dans le programme de l’ambassade, «avec un renforcement des moyens mis en
œuvre pour accroître les investissements vers la Tunisie, l’exportation de nos
produits vers la France.
Sur le plan économique, «il faudra consolider les relations bilatérales au
travers de visites de travail de responsables tunisiens en France et vis et
versa, d’évènements pour faire connaître la destination économique tunisienne et
mieux structurer notre présence institutionnelle en France pour soutenir notre
action», observe l’ambassadeur de Tunisie.
Dans le domaine culturel, l’ambassade projette de «mettre sur pied une
plateforme culturelle avec les associations et les artistes pour coordonner et
optimiser nos ressources en France, se donner les moyens de nos ambitions à
travers une structure pérenne».
Enfin, le politique ne sera pas négligé. La Tunisie s’apprêtant à entrer en
phase de préparation d’élections au cours des prochains mois –ce qui reste une
priorité pour la Tunisie-, «notre rôle viendra en soutien à l’Instance
indépendance pour les élections pour que l’exercice démocratique se fasse dans
les meilleures conditions, comme ce fut le cas pour les élections d’octobre
2011», promet Adel Fekih.