Les
seules et uniques «performances» du gouvernement en exercice actuellement
seraient les «rémunérations publiques» qui ont explosé, passant de 6,8 milliards
de dinars en 2010 à 7,7 milliards en 2011, et seraient de l’ordre de 10
milliards en 2013, soit une augmentation de 47% en trois ans. Un poste
représenterait aujourd’hui 53% du budget courant de l’Etat.
Alarmant, estiment les observateurs économiques et financiers, tout comme on en
fait état à la Centrale patronale qui craint sérieusement un effondrement de
l’économie tunisienne si des décisions sérieuses et effectives ne sont pas
prises par le gouvernement pour la secourir et la redynamiser.
Pour Michael Béchir Ayari, analyste franco-tunisien opérant pour “Tunisie
International Crisis Group», s’exprimant sur l’agence de presse chinoise Xinhua,
la Tunisie doit impérativement se doter d’une élite administrative et politique
consensuelle en laquelle son peuple a confiance». Il appelle les composantes
politiques du pays à «mettre en sourdine, pour un temps, les conflits
idéologiques parfois stériles qui paralysent les réformes politiques,
économiques, sociales et sécuritaires, et déplore une situation où la Tunisie se
trouve confrontée à un affaiblissement de ses institutions publiques, une faible
croissance économique et une montée de la violence djihadiste et du commerce
illicite».
Le tableau économique est tristement sombre en Tunisie et ceci est confirmé par
la centrale patronale quoique le gouvernement nie officiellement des difficultés
outre mesure, telle l’assurance affichée d’Ali Larayedh, chef du gouvernement, à
propos «d’une économie sur la voie de la reprise même si elle se redresse
lentement» de la Tunisie. Mieux encore, les chiffres présentés lors de son
dernier passage à Doha affirmaient un taux d’inflation maîtrisé et un taux de
croissance de 3,6% ainsi qu’une réduction du chômage de 2,2%.
Bref, un optimisme auquel n’adhère pas le patronat qui œuvre sérieusement à la
reconstruction économique du pays et à l’édification d’un modèle de
développement mieux adapté aux exigences de l’heure et plus équitable envers les
régions.
Mais avec toutes les bonnes intentions du monde, l’UTICA ne peut, à elle seule,
assumer les échecs aussi bien politiques et sécuritaires qui se répercutent
immédiatement sur l’économie. Pour elle, un plan d’urgence s’impose car tous les
indicateurs virent au rouge. Et pour cause? Au mois d’août 2013, alors que l’INS
annonçait un taux de croissance de 3%, pour le premier semestre 2013, Standard &
Poor’s dégradait la note souveraine de la Tunisie de deux crans. Les raisons,
estiment les économistes, sont à 90% politiques, étant donné qu’on ne peut
parier sur un pays qui peut basculer sans crier gare dans la violence et dans le
blizzard qui couvre la visibilité politique.
La croissance même annoncée par l’INS n’est pas la plus constructive ou la plus
créatrice de richesses, car en fait, elle s’illustre par des recrutements
massifs dans l’administration et par conséquent des dépenses de plus qui pèsent
sur le budget de l’Etat. Le secteur privé, lui, n’a pas été le principal
recruteur puisque l’investissement tourne au ralenti.
«Les secteurs productifs, estime l’UTICA, ont réalisé des résultats mitigés
puisque les taux enregistrés ont été négatifs pour la plupart des agrégats
économiques, aussi bien en 2011 et 2012 qu’en 2013». Les tensions
inflationnistes pèsent de plus en plus sur le pouvoir d’achat: «La hausse des
prix a atteint, en glissement annuel, 6,2% en juillet 2013, malgré une
intervention très forte du système de compensation des prix qui met à mal le
budget de l’Etat et sans laquelle le taux d’inflation aurait été beaucoup plus
élevé».
Quant à l’industrie tunisienne, qui a su faire preuve de résilience face au choc
postrévolutionnaire et en réalisant, en 2011, une croissance des exportations
comparée à 2010, elle a enregistré en 2012 un fléchissement des exportations.
«Le grand danger pour l’avenir est le risque de la perte de confiance dans le
site Tunisie par les partenaires et clients étrangers, ce qui menacerait
directement la capacité des entreprises tunisiennes à exporte», estime-t-on à
l’UTICA.
Des investissements en mode pause ou plutôt régressif, les dépenses publiques
explosent
Pour les 7 premiers mois de 2013, les IDE aussi bien dans l’industrie que dans
le secteur des services ont enregistré une baisse de 14% par rapport à la même
période 2012, ce qui se traduit sur le terrain par une incapacité à réduire le
taux de chômage du moins grâce aux investisseurs étrangers.
Alors que les dépenses d’investissement «sont restées stationnaires au niveau
déjà atteint en 2010, soit entre 4 et 5 milliards de dinars, les dépenses au
titre des transferts et subventions ont explosé, passant de 2,3 milliards de
dinars en 2010 à 3,9 milliards en 2011, 4,9 milliards en 2012, 5,7 milliards
prévus et 7,8 milliards estimés en 2013. Une augmentation de près de 100% en
deux ans».
Les économistes dénoncent d’ailleurs l’investissement de seulement plus de 22%
des fonds alloués à la rubrique titre II du Budget de l’Etat, ce qui revient à
dire les investissements publics.
La gestion des dépenses budgétaires laissent aussi à désirer, estiment les
analystes de l’UTICA, et ce hors remboursement de la dette. «Elles ont augmenté
de 13,5% par rapport au premier semestre de 2012 alors que les recettes ne se
sont accrues que de 7,5%. Le solde budgétaire à fin juin 2013 est négatif pour
un montant de 143 MDT contre un solde positif de 444 MDT à la même date de
l’année passée. Le taux de déficit budgétaire prévu pour 2013, déjà énorme,
risque d’être dépassé».
Quant à la croissance des recettes fiscales, elle n’est nullement le fait d’une
augmentation des activités des entreprises et d’une réeynamisation du secteur
privé, mais elle est due à l’augmentation de l’impôt sur le revenu faisant suite
aux augmentations salariales et au recrutement massif dans la fonction publique.
«L’apport de la TVA et de l’impôt sur les sociétés de l’économie formelle a
baissé du fait de la concurrence déloyale qu’elles subissent de la part d’un
secteur informel connaissant, une expansion sans précédent aussi bien en termes
géographiques, de secteur d’activité que de capacités financières».
Ce que n’oseraient pas dire les experts économiques de l’UTICA en la matière,
c’est que l’économie parallèle s’est élargie à cause du laxisme des autorités
publiques face à son essor aux dépens de l’économie formelle, et que, aux
circuits économiques parallèles existants, se sont ajoutés les circuits de
finances parallèles, ce qui revient à dire que la Tunisie a aujourd’hui 2
économies. Seulement l’une est soumise aux lois et réglementations en vigueur et
fait profiter le pays de ses revenus, alors que l’autre échappe totalement aux
lois et opère dans un no man’s land légal et institutionnel.
Les risques de blanchiment d’argent, de financement d’activités illicites se
rapportant au grand banditisme et au terrorisme ne s’en trouvent que plus
amplifiés, mais personne n’en parle. Et tout récemment, Abdelwaheb Maatar,
ministre du Commerce, faisait l’apologie de son ministère quant à la maîtrise
des prix au mois du ramadan (chaîne Hannibal, mardi 27 août) alors que tout le
système gérant les secteurs des services et du commerce risque de s’effondrer
dans le pays.
A qui profitent ces
crimes?http://www.webmanagercenter.loc/management/journaliste/fckeditor/editor/images/spacer.gif