Tunisie – Terrorisme : Le plan d’effusion de sang de la branche armée d’Ansar Charia

Par : TAP

ansar-29082013-art.jpgLe
directeur général de la Sûreté publique, Mustapha Ben Amor, a fourni des données
et révélé des renseignements corroborant le classement du groupe d’Ansar Chariaa
comme organisation terroriste, d’autant qu’elle est dotée d’une aile armée et
d’une organisation militaire.

Il a relevé, lors d’une conférence de presse tenue, mercredi 28 août en milieu
de journée, au ministère de l’Intérieur, que “le peuple tunisien ne connaît d’Ansar
Charia que son prosélytisme à travers ses “tentes de prédication” et ses oeuvres
caritatives”, et que, “maintenant, il découvre la face sombre de cette
organisation terroriste”. “Il s’avère d’après toute une somme de données fiables
que des dirigeants d’Ansar Charia se rendaient fréquemment au Mont Chaambi, soit
pour s’entraîner, recevoir des instructions ou participer aux opérations menées
contre les unités de l’armée et des forces de sécurités intérieures”, a-t-il
déclaré.

De même, “de nombreux dirigeants de l’organisation se sont rendus à plusieurs
reprises en Libye dans le but de conclure des transactions d’armes ou de
s’entraîner”, a ajouté ce haut responsable sécuritaire, précisant que la plupart
de ces dirigeants se sont rendus en Libye après la révolution avant de regagner
la Tunisie par la suite, alors que d’autres sont allés en Syrie, pour le
“Jihad”.

Le directeur général de la Sûreté publique a également évoqué l’existence de
liens étroits entre Ansar Charia et Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique),
montrant aux journalistes présents le texte manuscrit de l’acte d’allégeance de
Seif Allah Ben Houcine, Alias Abou Iyadh, au chef d’AQMI Abou Mossaeb Abdul
Wadoud.

Il a indiqué que quiconque parmi les membres d’Ansar Charia fait allégeance à
Abou Iyadh, puis désobéit à ses ordres s’expose à la liquidation physique.

Ben Amor a, par ailleurs, fait état de l’implication dans les opérations
terroristes et les évènements du Mont Chaambi d’une partie des éléments ayant
bénéficié de l’amnistie générale dans la foulée de la révolution, en particulier
les survivants du “groupe de Soliman”.

Selon l’organigramme montré aux journalistes présents par le même haut
responsable, Abou Iyadh occupe le sommet de la hiérarchie avec rang de “Cheikh”
ou “Emir général”, suivi immédiatement après de trois “Emirs”, à savoir Mohamed
Awadi, Mohamed Akkari et Adel Saïdi. Vient ensuite le groupe dit “des opérations
préparatoires” comprenant six membres, le groupe de soutien et d’exécution
composé de 8 membres et enfin le groupe de mobilisation et d’armement comprenant
deux membres.

Les endroits qui devaient être visés par des attentats à l’explosif ont,
également, été dévoilés, dont des sites sécuritaires, de même que les modes de
camouflage et de diversion utilisés par le groupe d’Ansar Charia pour assurer
l’anonymat, notamment le refuge dans les maquis montagneux ou la location de
maisons par le biais de femmes comme fausses locataires aux fins de servir de
cachettes sûres.

Il a, aussi, révélé le démantèlement, le 9 août 2013, d’un réseau dirigé par une
jeune fille (née en 1996) qui se livrait au rabattage de jeunes filles mineures
adeptes du hijab aux fins de les amener à se livrer au “Jihad du nikah” au
service des terroristes

Evoquant certaines péripéties en rapport avec l’assassinat du dirigeant du Parti
des patriotes démocrates unifié, Chokri Belaïd, le 6 février 2013, le
responsable du ministère de l’Intérieur a indiqué que, d’après l’instruction en
cours, la décision de le liquider avait été prise un mois auparavant, mais que
le passage à l’acte avait été précipité par la participation de Chokri Belaïd à
une émission de télévision (sur Ettounsiya TV), au cours de laquelle ce dernier
s’en était pris à la venue en Tunisie de prédicateurs extrémistes, rejetant les
tentatives de contraindre des fillettes tunisiennes à porter le Hijab.

La “sentence de mort” a été rendue sur la base d’une “fatwa” émise dans ce sens
par Abou Iyadh et que le dénommé Kamel Gadhgadhi s’est proposé pour la mettre à
exécution, a-t-il précisé.

Concernant l’assassinat du député et fondateur du Courant populaire, Mohamed
Brahmi, le 25 juillet 2013 et toujours selon le directeur général de la Sûreté
publique, Abou Iyadh a chargé personnellement le franco-tunisien Boubaker Hakim
de le liquider physiquement.

Mustapha Ben Amor a, par ailleurs, donné un aperçu de certaines opérations
terroristes qui ont pu être déjouées, notamment un attentat à Sousse qui devait
viser le 2 août le président du parti Al Moubadara, Kamel Morjane, mais aussi
des assassinats qui devaient cibler la journaliste Om Zied, l’écrivaine Olfa
Youssef, outre un hold-up avorté d’une succursale bancaire à Sousse,
probablement une agence d’Amen Bank.

La police a pris d’assaut l’endroit où se trouvait le tueur présumé Lotfi Zine
mais ce dernier prit la fuite après une intense fusillade alors que ces acolytes
Riadh Ouertani et Adel Kafi ont pu être capturés, a-t-il ajouté.

Le 4 août au quartier d’El Ouardia, a encore déclaré le haut responsable, les
unités sécuritaires ont pris d’assaut une maison utilisée comme cachette par un
groupe de terroriste. Dans la fusillade qui s’en suivit, le dénommé Adel Saidi
fut abattu, mais furent capturés Ezzedine Abdelaoui, Abderraouf Talbi et Karim
Klai. Selon lui, bien d’autres opérations similaires ont eu lieu au cours de la
période écoulée et ont permis l’arrestation de Mohamed Akari, Houssem Eddine
Mezelini (alias Marwan), Ahmed Ben Aoun, Mohammed Ali Naimi (alias Brahim),
Moadh Hmaidi (alias Seif), Mohammed Zerzi (alias Omar), Maher Akari (steward) et
Abdallah Ben Aziza (ouvrier journalier).
Il a cité, parmi les présumés terroristes, Mohammed Khiari qui envisageait
d’assassiner le poète Sghaier Ouled Ahmed et le président de l’Assemblée
nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar.