Un nouveau trafic de viande de cheval ébranle la filière

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De la viande de cheval (Photo : Philippe Huguen)

[30/08/2013 15:57:16] Paris (AFP) Après le scandale des lasagnes au cheval l’hiver dernier, la filière viande est de nouveau ébranlée par un nouveau trafic présumé de viande chevaline, de surcroît impropre à la consommation, dont l’ampleur reste à déterminer.

Selon des syndicats agricoles, c’est un réseau mafieux belge qui aurait mis en place ce trafic. Il aurait acheté des chevaux de selle à des centres équestres ou des particuliers, en leur promettant une retraite paisible.

Ils auraient ensuite falsifié leurs carnets de santé et tenté de les faire abattre pour les écouler dans l’alimentation humaine, alors que beaucoup de chevaux de loisirs ont reçu un traitement médicamenteux qui les rend impropres à la consommation, rapportent la Coordination rurale (2e syndicat agricole français) et la Fédération nationale des éleveurs professionnels d?équidés (FNEPE).

Au moins une enquête a été ouverte, au parquet de Charleville-Mézières, après une plainte du centre équestre de Rethel qui a vendu deux chevaux à un maquignon ardennais avant de découvrir que les bêtes, loin de passer une retraite au vert, avaient été abattues, l’une à Valenciennes (Nord) et l’autre à Pézenas (Hérault).

Mais, selon le procureur de Charleville, Daniel Bouriaud, interrogé par l’AFP, une quinzaine de plaintes ont été recensées “un peu partout” en France. Les gendarmes de Montpellier seraient saisis ainsi qu’une juge d’instruction du pôle santé de Marseille.

“L’enquête a démontré que les chevaux avaient été revendus à des abattoirs situés à Valenciennes, Laon (Aisne), Pézenas, Narbonne (Aude) et Alès (Gard)”, a précisé Daniel Bouriaud.

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érifie le retrait des produits contenant de la viande de cheval dans un supermarché le 26 février 2013 à Herouville-Saint-Clair dans le nord de la France (Photo : Charly Triballeau)

Outre un transporteur de Carigan (Ardennes), “des transporteurs belges sont également mis en cause ainsi qu’un certain nombre de vétérinaires belges ou français qui auraient falsifié les carnets de santé des chevaux pour les faire passer en viande à consommer”, a-t-il poursuivi en précisant qu’il allait probablement se désaisir au profit du parquet de Montpellier ou de Marseille.

Quels tonnages ?

Contacté par l’AFP, la Fédération nationale des exploitants d?abattoirs prestataires de service (FNEAP) assure n’avoir rien à voir dans cette possible fraude. Au contraire, selon elle, ce sont ses adhérents qui auraient découvert le pot aux roses.

“On avait des doutes sur certains documents” au moment des procédures de déchargement et de contrôles d’identification des animaux, a expliqué à l’AFP André Eloi, directeur général de la FNEAP.

“Nos abattoirs ont bien fait leur boulot”, a-t-il ajouté, en insistant sur le fait que ces abattoirs sont uniquement prestataires de service, c’est-à-dire qu’ils abattent pour le compte de clients et ne font pas de commerce de la viande.

S’agissant de l’ampleur de ce trafic présumé, M. Eloi assure ne disposer d’aucun élément. Tout comme le ministère de l’Agriculture, contacté également par l’AFP. Tous deux précisent de plus être tenus au silence par l’enquête en cours.

“Ça me paraît difficile que ce soit vraiment une organisation en filière avec de gros tonnages. On me parlerait d’un ou deux chevaux sur l?année… peut-être, ça peut passer à travers les mailles du filet”, a commenté le président de la FDSEA du Gard, Jean-Louis Portal.

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évrier 2013 à Hasnon, dans le Nord (Photo : Philippe Huguen)

La filière viande, déjà éprouvée par la fraude de la viande de cheval vendue comme du boeuf en février, craint que cette nouvelle affaire jette à nouveau le doute sur leurs pratiques.

Et les producteurs de viande de cheval tiennent à rappeler que “la viande équine française est de grande qualité” et que les éleveurs ne sont “ni responsables, ni impliqués”, a affirmé à l’AFP Jacques Largeron,Président de la FNEPE.

Interrogée par l’AFP, la Fédération française d’équitation, appelle quant à elle à relativiser car il est rare qu’on se débarrasse d’un cheval sous traitement.

En général, “entre la fin de la médication et le moment où il est acheté par un marchand, il se passe un certain temps. Donc, pour être pragmatique, il ne peut pas s’agir d’un circuit de chevaux médicamentés même s’il peut y avoir quelque cas”, avance son président, Serge Lecomte.