Opinion – Tunisie : Eléments pour une issue à la crise politique


tahri-31082013-art.jpgEn
recoupant la déclaration de Sami Tahri, secrétaire général adjoint et
porte-parole de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et celle de Sami
Razgallah, membre du bureau politique du parti Ettakatol chargé de la
communication, déclarations faites, vendredi 30 août, sur les ondes de radios
locales et dans lesquelles les deux responsables, généralement réservés, se
déclarent optimistes quant à l’aboutissement, ce week-end, à une issue heureuse
à la grave crise politique par laquelle passe le pays, nous sommes tentés de les
croire dans la mesure où elles viennent se greffer à d’autres éléments qui
militent dans le même sens.

Premièrement, ils confirment que la réunion tenue vendredi, le quatuor chargé
d’encadrer les négociations politiques en vue d’une issue à la crise (Ugtt,
Utica, Ligue tunisienne des droits de l’Homme, Ordre des avocats…) devrait être
déterminante, selon les termes de Sami Tahri, dans la mesure où ce même quatuor
avait fixé, à ce week-end, l’ultime occasion pour trouver une solution.

Deuxièmement, Sami Razagallah avait fait état de son optimisme à l’issue d’une
réunion de la Troïka. Conséquence: tout indique qu’il a y eu accord sur une
solution.

Troisièmement, ces déclarations interviennent après celle faite par Béji Caïd
Essebsi, à la chaîne de télévision Nessma et dans laquelle il avait exigé qu’il
y ait une solution d’ici la fin de la semaine en cours. Elles interviennent
également après l’appel lancé, à travers la même chaîne, par le leader du parti
Ennahdha, Rached Ghannouchi, pour l’aboutissement à une solution avant la
rentrée scolaire.

Un regard averti sur l’ensemble de ces déclarations révèle que ces derniers ne
sont que la consécration des étapes prévues par l’accord concocté en catimini
par le tandem Essebsi-Ghannouchi, un certain 18 août à Paris.

Ce même accord, qui a séduit l’architecte des sorties de crise, Yadh Ben Achour,
ancien président de la Haute autorité pour la réalisation des objectifs de la
révolution, au point de l’amener, comme par enchantement, à présenter, ces
jours-ci, une feuille de route précise pour mener le pays jusqu’aux prochaines
élections.

Il s’agit d’un calendrier précis de 10 dispositions juridiques et pratiques pour
la mise en œuvre de l’initiative de la centrale syndicale.

Ce tableau de bord est articulé autour de l’objectif de préserver la légitimité
avec le maintien de l’Assemblée nationale constitutionnelle (ANC), jusqu’au 23
octobre, d’annoncer le départ de l’actuel gouvernement avant de le dissoudre et
de former un gouvernement de compétences nationales, et d’organiser -à partir de
mars prochain- l’élection présidentielle qui sera suivie par les législatives et
la formation d’un gouvernement permanent.

Concrètement, la feuille de route prévoit, durant la période du 1er septembre –
23 octobre 2013, l’annonce du départ de l’actuel gouvernement (1er septembre) et
de sa dissolution définitive 10 jours après, le démarrage du dialogue national,
la reprise des travaux de l’ANC et l’adoption d’une loi organisant les pouvoirs
provisoires, la mise en place d’un haut comité représentant les partis pour
accompagner et superviser l’action gouvernementale, l’élection du reste des
membres de l’Instance supérieure pour l’indépendance des élections (ISIE),
l’adoption de la loi électorale, la ratification de la Constitution au plus tard
le 23 octobre prochain, la fin des travaux de l’ANC et l’entrée en exécution des
dispositions de transition.

A partir de cette échéance, l’ISIE se chargera de fixer la date de la
présidentielle pour la période 23 mars- 6 avril 2014. Le Président permanent élu
aura à convoquer les élections législatives pour le 4 mai 2014 et leurs
corollaires, l’élection d’un Parlement pour un mandat de 5 ans et la formation
d’un gouvernement permanent juste après que l’ISIE aura annoncé les résultats
des législatives.

Par delà ces éléments apparemment crédibles, il semble que, jusque-là, les
politiques ne nous disent pas toute la vérité et qu’il existe bel et bien un
accord entre les protagonistes sur les prochaines échéances politiques, et ce en
dépit des dernières tentatives du gouvernement en place (le seul perdant) de
convertir la crise politique en crise sécuritaire en brandissant la menace
croissante du terrorisme.

Moralité: la crise demeure éminemment politique et seule une solution politique
peut convenir à la grave crise que connaît le pays. Si cette issue se confirme,
c’est de toute évidence une bonne nouvelle pour nos mômes à la veille de la
rentrée scolaire et pour la junte féminine au bord de la dépression.