à Tripoli après un attentat le 24 août 2013 (Photo : -) |
[31/08/2013 16:20:45] Beyrouth (AFP) Les Libanais, sous le choc de récents attentats meurtriers et inquiets de l’escalade en Syrie, ont été appelés à la plus grande vigilance par les autorités qui misent notamment sur une application “smartphone” pour donner l’alerte et éviter de nouvelles effusions de sang.
Ces attaques -un double attentat à la voiture piégée la semaine dernière à Tripoli (nord) et une explosion dans la banlieue sud de Beyrouth huit jours plus tôt– ont fait plus de 70 morts.
“Vous voyez cette voiture?”, demande Khairy Ghali, serveur dans un restaurant quasiment désert du quartier populaire de Hamra, dans la capitale libanaise.
“Nous ne savons pas s’il y a quelque chose à l’intérieur (…) nous avons peur, nous venons au travail mais nous ne savons pas si nous allons rentrer à la maison”, déclare-t-il, en pointant du doigt un véhicule garé en face de la terrasse de l’établissement.
En renfort des mesures habituelles consistant à vérifier les coffres de voitures à l’entrée des centres commerciaux et des hôtels notamment, les autorités libanaises ont décidé d’exploiter la technologie des smartphones.
L’armée libanaise a ainsi lancé une application baptisée “LAF Shield” (bouclier des forces armées libanaises, en français) grâce à laquelle les citoyens peuvent prendre avec leurs téléphones portables des vidéos et photos de véhicules et d’objets suspects, et les envoyer immédiatement au commandement de l’armée.
L’application destinée à “impliquer le plus grand nombre de citoyens dans la défense du pays”, selon un communiqué publié sur le site internet de l’armée, permet aussi d’identifier, à travers une carte interactive, des “sites dangereux” où des incidents sont survenus.
Les autorités ont appelé la population à être ultra-vigilante et demandé aux automobilistes de laisser leur nom et contact en évidence sur les voitures garées.
Fausses alertes
“Le Centre d’information des Forces de sécurité intérieure (FSI, police) reçoit plus de 1.000 appels quotidiennement depuis l’attentat de Beyrouth venant de citoyens à travers tout le Liban et faisant état de véhicules suspects”, affirme un responsable de sécurité à l’AFP.
à Tripoli le 24 août 2013 (Photo : Ibrahim Chalhoub) |
Dissociant les cas où “il est clair que les véhicules ne sont pas suspects” et ceux où “la police est amenée à casser les vitres et forcer les portières pour les inspecter”, cette source qui a requis l’anonymat affirme que “jusqu’à maintenant, il n’y a eu que de fausses alertes”.
Pour se prémunir des dégradations, certains automobilistes affichent désormais sur leurs pare-brise des mots affirmant par exemple: “ce véhicule n’est pas piégé. Je suis à côté et reviens bientôt”.
Depuis l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en 2005, le Liban a été victime de plusieurs attaques mais le double attentat du 23 août à Tripoli a été, avec 45 morts, le plus meurtrier depuis la fin de la guerre civile qui a ravagé le pays de 1975 à 1990.
Les souvenirs de cette période noire, où il était courant d’inspecter son propre véhicule avant de prendre le volant, ont resurgi auprès de nombreux habitants de Beyrouth qui se disent effrayés de quitter leur quartier par peur des voitures piégées.
Les employés des boutiques et restaurants de Hamra, une des principales artères commerçantes de la ville, affirment que les clients se font bien moins nombreux que d’habitude.
Ce climat d’inquiétude a été renforcé par les récentes déclarations des présidents et secrétaire d’Etat américains vendredi évoquant des frappes ciblées contre le régime syrien qu’ils accusent d’avoir perpétré une attaque chimique ayant tué, selon eux, plus de 1.400 personnes.
“Tout est très proche, il y aura des conséquences ici”, assure Sharif Alaa, un jeune homme de 26 ans installé à Paris et de passage dans son pays d’origine pour les vacances.