Irak : face aux attentats, les marchés de Bagdad font grise mine

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é de Bagdad, le 1er septembre 2013, en Irak (Photo : Sabah Arar)

[02/09/2013 11:15:47] Bagdad (AFP) Les marchés de Bagdad font grise mine. Face à une vague d’attentats à la bombe, on se presse moins autour des étals de fruits et légumes, d’animaux vivants ou de livres, et on s’y attarde peu.

“Chaque jour est pire que la veille”, dit Ali Hussein, 32 ans, un marchant de sandales dont l’étal est installé devant le marché de Bab al-Charqi, dans le centre historique de la capitale.

“Avant quand vous travailliez le vendredi (le jour férié hebdomadaire, ndlr), ça rapportait bien. On gagnait bien sa vie et on pouvait acheter plus de choses pour ses enfants”, se rappelle-t-il.

“Mais maintenant ça va mal, et les choses empirent de jour en jour” du fait des multiples attentats à la bombe en ville, ajoute-t-il.

Mercredi, quelque 70 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées lorsqu’une douzaine de voitures piégées ont explosé dans différents points de la ville, dernières attaques en date d’une vague qui a duré tout l’été.

Jeudi, 16 personnes ont été déchiquetées par l’explosion d’une bombe sur un marché de fruits et légumes à Samarra, dans le nord du pays.

“Quand je pars travailler, je dis au revoir à ma famille comme si je risquais de ne jamais les revoir et je mets ma confiance en Dieu”, confie Ali Hussein.

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échoppe sur un marché de Bagdad, le 1er septembre 2013, en Irak (Photo : Sabah Arar)

Même son de cloche dans la rue Moutanabi, connue pour ses librairies et son marché aux livres, où Haithim al-Chimmari, 38 ans, voit de moins en moins de monde.

“Le jour après un attentat, on voit que c’est très calme” avec beaucoup moins de clients, souligne-t-il.

“Depuis deux mois, on voit très peu de familles ici”, poursuit-il, montrant du doigt la rue piétonne où les rares badauds sont tous des hommes.

Le renforcement des points de contrôles par les autorités, dans le but de contrer les attentats, aggrave les problèmes de circulation et complique les déplacements des habitants, dit-il.

“Il me faut une heure et demie à deux heures et demie pour aller au travail, et après 13h00 tous les marchés ferment en raison de la situation”, détaille-t-il.

“Les magasins dans cette rue restaient ouverts jusqu’à 21h00 à cette époque de l’année, mais ce n’est plus le cas. Maintenant les gens travaillent juste quelques heures par jour”, explique Haithim al-Chimmari.

Sur le marché de Bab al-Charqi, un autre vendeur de chaussures, Saad al-Saadi, reconnaît que les affaires vont mal. Mais, dit-il, cela n’empêche pas les gens d’aller faire leurs courses et d’aller travailler car ils ont l’habitude d’être confrontés à la violence.

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é de Bagdad, le 1er septembre 2013, en Irak (Photo : Sabah Arar)

“Quand il y a une explosion, les gens sortent quand même le lendemain. C’est devenu normal d’être confrontés à des explosions”, dit le marchand, âgé de 40 ans.

Des chaussures de ville s’alignent sur son étal, qu’il a dressé sur un trottoir, dos à la rue, où une voiture piégée pourrait être garée à tout moment. Il reconnaît être inquiet.

“Mais c’est normal, il faut vivre avec”, dit-il, ajoutant qu’il lit quelques versets du Coran chaque jour avant de partir au travail. “Mais il faut bien que j’aille travailler, sinon comment nourrirais-je mes enfants?”