à journaux, le 09 septembre 2005 à Paris (Photo : Hocine Zaourar) |
[02/09/2013 21:45:30] Paris (AFP) Confrontés à la crise de la publicité, les sites internet d’hebdomadaires d’information changent leur fusil d’épaule: après le tout gratuit, Le Point et L’Express réfléchissent à passer progressivement à un modèle payant ou semi-payant.
Illustration de la crise du marché publicitaire qui touche de plein fouet la presse magazine très importante en France, le groupe belge de médias Roularta, qui édite de nombreux magazines dont L’Express, a enregistré au deuxième trimestre une baisse de chiffre d’affaires de 5,2%, à 174,27 millions d’euros contre 183,77 millions sur la même période un an plus tôt.
“A partir du moment où les revenus de la publicité ralentissent, on est forcé de se poser la question” du modèle gratuit ou payant, confie à l’AFP Eric Mettout, directeur adjoint de la rédaction de L’Express en charge du numérique.
“Pour l’instant, il n’y a rien de prévu et la décision n’est pas prise. On est en phase d’étude et de réflexion. On se penche sur la manière de faire payer sur le site. La question est de savoir quel est le bon modèle”.
“Ce qui nous paraît viable, c’est-à-dire le meilleur équilibre entre la perte de trafic et de rentrées publicitaires et les abonnements, c’est le paywall”, estime Eric Mettout, en référence à ce système de paiement déjà adopté par des journaux anglophones comme le Financial Times ou le New York Times, ou Les Echos en France.
Les internautes peuvent y consulter gratuitement un certain nombre d’articles par mois en inscrivant leur coordonnées, mais au-delà la consultation devient payante.
“La question est: où met-on le curseur ? Est-ce qu’on ferme tout ou seulement certaines parties du site ? Dans tous les cas, ça ne se fera pas avant quelques mois car il y a de grosses implications techniques et il faut trouver les modes de paiement adéquats”, détaille le responsable de ce site, leader en fréquentation parmi les trois hebdomadaires d’information avec 6,7 millions de visiteurs uniques en juillet, selon Médiamétrie/NetRatings.
Approche similaire
Le délai et l’approche sont similaires au Point.
“Le site du Point reste gratuit jusqu’à la fin de l’année. On réfléchit à la mise en place d’une zone payante sur le site sous la forme de freemium (mélange de contenus payants et gratuits, ndlr) ou de paywall”, explique à l’AFP Jérôme Béglé, rédacteur en chef du Point.fr, qui comptabilise 3,9 millions de visiteurs uniques en juillet.
Principale raison avancée, “avoir une seconde source de revenus, comme partout ailleurs”, assure M. Béglé tout en soulignant néanmoins que “pour l’année 2013, notre chiffre d’affaires de la publicité sera conforme, voire un peu supérieur à nos objectifs”. L’hebdomadaire ne communique pas ses résultats financiers pour l’activité web, mais uniquement au global.
“Je pense que l’information gratuite est un non-sens. Il n’y a rien de gratuit dans ce bas monde, pas même la télévision ou la radio, pour lesquelles on paye une redevance. On revient sur le tout-gratuit car tout le monde est revenu dessus”, se justifie-t-il.
“Les pays anglo-saxons sont revenus sur le tout-gratuit. Le livre, le cinéma, la musique… les gens payent pour télécharger en ligne. En même temps qu’on instaure une information de qualité, la faire payer, cela à un sens”, conclut M. Béglé.
Les deux responsables de ces sites concurrents se retrouvent sur “une contradiction de fond” qui existait jusqu’alors: le “non-sens” qu’il y avait à faire cohabiter, au sein d’une même marque de presse, un hebdomadaire payant et un site internet, avec des contenus similaires, gratuit.
En revanche, au Nouvel Observateur, deuxième site internet en terme de fréquentation (6,5 millions de visiteurs en juillet) et totalement gratuit, “rien ne bouge”, indique-t-on.
Le titre est plutôt concentré sur le prochain lancement de sa nouvelle formule papier, le 12 septembre. A cette occasion, le prix passe de 3,50 à 3,80 euros en s’alignant sur les deux autres titres.