Télécoms : Verizon s’offre à prix d’or la trésorerie de Verizon Wireless

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à Washington DC, le 5 juin 2008 (Photo : Karen Bleir)

[03/09/2013 15:38:12] New York (AFP) L’acquisition à prix d’or de la totalité de Verizon Wireless va donner à l’opérateur Verizon accès à l’abondante trésorerie de sa filiale qu’il partageait auparavant avec Vodafone, et doper ses revenus dans la téléphonie mobile et l’informatique en réseau (“cloud”).

“Après une décennie” de discussions, l’acquisition des 45% de Verizon Wireless que possédait jusqu’alors le britannique Vodafone est “une étape majeure pour le groupe”, s’est félicité mardi le PDG de Verizon, Lowell McAdam, lors d’une conférence d’analystes.

“Je pense qu’il n’y a pas de meilleur moyen de déployer notre capital que d’investir dans un actif qui génère plus de 80 milliards de dollars de chiffre d’affaires (annuel), une marge de 50% sur ses services et des flux de trésorerie significatifs”, a-t-il détaillé.

Il a assuré que la transaction n’était pas fondée sur des perspectives de synergies et de réductions de coûts, même si “nous allons rechercher chaque opportunité de le faire”.

Selon lui, garder deux propriétaires pour Verizon Wireless était à l’inverse une source de coûts supplémentaires, en plus de ralentir et de compliquer le processus de décision.

D’un point de vue financier, outre un environnement de taux d’intérêts encore favorable, M. McAdam a souligné que le rachat de tout Verizon Wireless allait économiser au groupe des milliards de dollars de dividendes versés à Vodafone chaque année.

“Nous sommes fermement convaincus que le marché américain va croître”, a insisté M. McAdam.

L’action de Verizon reculait de 3,4% à 45,72 dollars vers 14H40 GMT, le marché ne partageant pas nécessairement l’optimisme de M. McAdam: “Aux Etats-Unis, la téléphonie mobile n’est plus une activité de croissance”, affirmait ainsi le site 247wallst.com.

M. McAdam a pourtant souligné que le taux de pénétration des smartphones n’atteignait “que” 64%, ce qui “laisse un potentiel de 30 millions de téléphones portables classiques” qui peuvent être échangés pour des smartphones nécessitant des services de transmissions de données par internet ou par réseau de télécommunications.

Montagne de dettes

Le patron du premier opérateur américain a aussi énuméré les opportunités de croissance forte dans “les appareils connectés” à l’internet et l’informatique en réseau (cloud), ou les communications de “machine à machine”, comme par exemple les voitures intelligentes ou les réseaux électriques intelligents.

Côté clients, il a fait valoir que la consolidation de Verizon Wireless dans les seules mains de Verizon allait permettre d’offrir “de la vidéo, de l’informatique en réseau et une sécurité” de plus grande qualité, avec peu de risque d’intégration puisque Verizon était déjà aux commandes opérationnelles de sa filiale.

Le groupe compte “rembourser à relativement court terme”, en la refinançant sur les marchés, l’énorme dette qu’il a souscrite auprès d’une poignée de banques pour mettre sur la table 58,9 milliards de dollars de cash pour un prix d’achat total de 130 milliards de dollars, ce qui en fait la deuxième plus grosse acquisition de tous les temps (derrière l’achat de l’allemand Mannesman par Vodafone pour 172 milliards de dollars).

Les agences de notations Standard and Poor’s et Moody’s ont toutes deux abaissé d’un cran la note de Verizon face à cette montagne de dettes.

Interrogé par la chaîne américaine CNBC sur la façon dont son groupe collaborait au programme PRISM de collecte de données de l’agence de sécurité américaine (NSA), M. McAdam a assuré que Verizon “obéit à la loi” mais “ne communique de données à personne autrement que sur citation à comparaître” (subpoena).

Enfin, en termes de consolidation sectorielle, il a dit s’attendre à de nouvelles fusions et acquisitions, notamment chez ses concurrents Sprint (qui vient d’être racheté par le japonais Softbank) et T-Mobile (qui vient de s’allier avec Metro PCS). Ils devraient d’après lui acquérir des opérateurs régionaux plus petits pour qui il devient “difficile de rester dans la compétition” face à trois ou quatre gros opérateurs dominants.