étrochimique de Total à Carling, le 15 juillet 2013, en Moselle (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[04/09/2013 07:06:38] Metz (AFP) L’annonce d’un comité central d’entreprise prévu mercredi par Total a ravivé les inquiétudes concernant la plateforme pétrochimique de Carling (Moselle), notamment pour son dernier vapocraqueur encore en activité.
L’ordre du jour du CCE porte sur la “présentation des orientations stratégiques de la branche raffinage-chimie” du groupe et une “information/consultation sur un projet d’avenir pour la plateforme de Carling”, sans plus de détails.
Total “sera amené” à faire de nouvelles restructurations en France, a prévenu vendredi son PDG Christophe de Margerie, sans toutefois évoquer de projet ou de calendrier précis.
Pour Aldo Scalzo, délégué CGT de Carling, si le “projet d’avenir” pourrait porter sur le renforcement de l’activité polymères du site, il impliquerait en revanche la fermeture du vapocraqueur n°1, le dernier depuis la fermeture du n°2 début 2009. Soit la fin de la chimie de base à Carling.
Or “un site sans chimie de base (…), c’est un site qui sera viable à court terme” seulement, selon M. Scalzo. Par ailleurs, toujours selon la CGT, l’arrêt du vapocraqueur fragiliserait l’approvisionnement en propylène du groupe de chimie Arkema, également présent sur le site, et celui en éthylène de l’usine d’Ineos à Sarralbe (Moselle), à une trentaine de kilomètres de Carling.
En activité depuis 1954, le complexe pétrochimique de Carling, où s’enchevêtrent d’innombrables cheminées fumantes, pipelines et cuves géantes, s’étend sur 340 hectares et accueille 5 sociétés, dont Total, propriétaire du vapocraqueur n°1 qui constitue actuellement l’unité mère du site.
Un vapocraqueur sert à transformer des molécules de gaz ou de naphta pétrolier pour fabriquer des produits pétrochimiques de base, comme l’éthylène ou le propylène, permettant à leur tour d’élaborer sur place des matières plastiques.
“Pas de faux espoirs”
Pour Total, l’un des défauts majeurs du vapocraqueur de Carling est qu’il fonctionne à base de naphta pétrolier, devenu trop cher. Depuis une explosion accidentelle en 2009 qui a fait deux morts, il tourne par ailleurs en sous-capacité et a fait perdre environ 100 millions d’euros à Total l’an dernier. Une perte de “120 à 130 millions d’euros” est annoncée pour cette année, selon M. Scalzo.
Pour le sauvegarder, la CGT suggère d’utiliser à la place du gaz de houille, emprisonné dans les anciennes mines de charbon de Lorraine. Mais cela exigerait d’injecter “3 milliards de dollars”, un chiffre de Total rapporté par la CGT, pour exploiter une réserve dont l’ampleur fait débat et pour un retour sur investissement encore incertain.
Au niveau social, le groupe s’est engagé à ne pas recourir aux licenciements secs et aux mutations forcées, lors d’une première consultation avec les syndicats de Carling mi-juillet. Total souhaiterait réduire les emplois sur le site à 350, contre 550 actuellement, a estimé M. Scalzo.
La CFDT, le syndicat majoritaire à Carling, a pour sa part déjà tourné la page du vapocraqueur, préférant “s’inscrire dans un réalisme économique”, selon son représentant principal sur le site, Geoffrey Caillon.
“Aujourd’hui ce qu’on veut c’est avoir des garanties sur le volet social et les investissements pérennes” promis par Total, explique-t-il.
“On sait qu’on ne va pas sauver la totalité des 350 emplois qui risquent d’être supprimés dans ce projet industriel, mais on peut imaginer qu’on limiterait la casse”, selon lui.
“Attendons de voir ce que l’on nous propose”, ajoute-t-il, balayant la piste du gaz de charbon prônée par la CGT: “Ne donnons pas de faux espoirs aux salariés”.