L'”Eye-Phone”, outil prometteur de diagnostic oculaire dans les pays pauvres

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é via une application sur téléphone portable, le 28 août 2013 dans le village de Kianjokoma, au nord-ouest de Nairobi (Photo : Tony Karumba)

[04/09/2013 10:11:04] Naivasha (Kenya) (AFP) Quand en 1990, alors bambin de trois ans, Simon Kamau s’est crevé un oeil en jouant avec un objet pointu, sa famille d’une région rurale de la Vallée du Rift au Kenya, n’avait pas les moyens de payer les 80 km de trajet jusqu’au premier spécialiste à Nairobi.

Vingt-trois ans plus tard, une technologie prometteuse devrait permettre à des médecins éloignés de plusieurs milliers de kilomètres de venir en aide aux patients souffrant d’affections oculaires et trop éloignés ou trop pauvres pour consulter un ophtalmologiste.

Une équipe de la Faculté de Médecine tropicale de Londres teste dans la région de Nakuru, au Kenya, une technique de diagnostic oculaire simple et bon marché grâce à un smartphone.

“Le Kenya était un lieu de test évident”, explique à l’AFP le chef du projet, le Dr Andrew Bastawrous. “Dans ce pays de plus de 40 millions d’habitants, il n’y a que 86 ophtalmologistes, dont 43 exercent à Nairobi”.

La technologie, en cours d’élaboration depuis cinq ans et désormais dans sa phase finale, utilise un smartphone doté d’un objectif additionnel qui scanne la rétine et d’un logiciel qui enregistre les données.

Chaque “Eye-phone”, comme aime l’appeler le Dr Bastawrous en référence au téléphone-star d’Apple, ne coûte que quelques centaines d’euros et peut, dit-il, assurer des examens nécessitant habituellement des appareils professionnels valant plusieurs dizaines de milliers d’euros et pesant plus de cent kilos.

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ût 2013 dans le village de Kianjokoma, au nord-ouest de Nairobi (Photo : Tony Karumba)

Au cours de l’étude menée par les médecins du projet dans la région de Nakuru, 5.000 patients ont été examinés, à la fois avec l'”Eye-phone” et avec un appareil professionnel afin de comparer les résultats.

Selon le Dr Bastawrous, l’invention s’est avérée fonctionner et a permis de détecter diverses pathologies telles que le glaucome, la cataracte, la myopie ou l’hypermétropie.

Des collyres aux opérations chirurgicales

Le médecin espère que cette technologie révolutionnera un jour l’accès au traitement de millions d’Africains à faible revenu qui souffrent de maladie ophtalmologique ou de cécité. Un enjeu important, 80% des cas de cécité étant évitables ou curables au Kenya, selon lui.

Après l’examen, les données sont envoyées en ligne à une équipe de spécialistes qui peuvent en tirer un diagnostic et conseiller un traitement, allant des collyres et lunettes de vue aux opérations chirurgicales complexes menées une fois par quinzaine à l’hôpital de Nakuru, à environ 150 km au nord-ouest de Nairobi.

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ène et de médecine tropicale de Londres prépare le 28 août 2013 dans le village de Kianjokoma, près de Nairobi, une batterie de tests oculaires (Photo : Tony Karumba)

Jusqu’ici 200 patients de l’étude ont bénéficié d’une chirurgie ayant permis de corriger diverses affections de l’oeil. Simon Kamau, aujourd’hui âgé de 26 ans et borgne, fait partie de ceux attendant d’être opéré.

Les médecins estiment improbable que son oeil abîmé recouvre sa pleine vision en raison de l’ancienneté de la blessure, mais ils disent pouvoir mettre un terme à la douleur incessante qui mine le jeune homme et au gonflement de son oeil sain, dû aux efforts de celui-ci pour compenser l’oeil aveugle.

“Je peux difficilement accomplir un travail manuel à la ferme. Dès que le soleil brille, mon oeil coule et je ressens une vive douleur”, explique Simon Kamau, qui vit avec six membres de sa famille dans une petite ferme près de Naivasha, à une centaine de km au nord-ouest de Nairobi.

Mary Wambui, 50 ans, souffre de problèmes oculaires depuis 36 ans mais a abandonné l’idée de se soigner, car les traitements existants sont totalement hors de ses moyens. A la place, elle fait comme elle peut, par exemple en appliquant un linge humide sur ses yeux quand la douleur se fait insupportable.

“J’ai été traitée à (…) l’hôpital, mais les consultations de suivi étaient trop chères. Je devais payer le ticket de bus, puis patienter toute la journée dans la salle d’attente et rentrer sans avoir vu un médecin”, raconte-t-elle.

Elle a accueilli le projet du Dr Bastawrous comme une bénédiction, car désormais le personnel médical se rend à son domicile, “avec leur matériel dans le creux de la main”.