Inde : le nouveau gouverneur de la banque centrale arrive en pleine crise

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à Bombay (Photo : Punit Paranjpe)

[04/09/2013 12:39:20] Bombay (AFP) Le nouveau gouverneur de la banque centrale indienne, Raghuram Rajan, prend les rênes de l’institution mercredi dans un contexte très délicat pour l’économie indienne, secouée par sa plus grave crise financière depuis une vingtaine d’années.

Raghuram Rajan, 50 ans, un ancien chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), célèbre pour avoir prédit la crise financière de 2008, succède à Duvvuri Subbarao, qui part à la retraite.

La passation de pouvoirs a lieu mercredi dans les locaux de la banque centrale à Bombay, Rajan devant entrer pleinement en fonction jeudi, a indiqué la banque centrale.

Il hérite d’une situation difficile avec la chute de la roupie, qui a perdu un quart de sa valeur face au dollar en un an, un déficit commercial record et une croissance au ralenti.

Après une décennie de forte croissance, supérieure à 8%, ce grand pays émergent de plus de 1,2 milliard d’habitants subit un brutal coup d’arrêt. Son produit intérieur brut n’a augmenté “que” de 5% sur l’année budgétaire 2012/13 (clos le 31 mars), son taux le plus faible depuis dix ans. Sur le premier trimestre de l’exercice en cours, la croissance a encore ralenti, à 4,4%.

Pas de “solution rapide”

Les investisseurs vont scruter les décisions que prendra Rajan pour endiguer la chute de la monnaie et calmer les marchés, sans cependant attendre de miracle.

“Il ne faut pas attendre de miracle d’une seule personne. Mais il est bien armé, étant donné son bagage, pour aboutir au meilleur résultat possible”, estime Siddhartha Sanyal, chef économiste pour l’Inde chez Barclays Capital.

“Sa première tâche sera de stabiliser la roupie avant, plus tard, de pouvoir alléger certaines mesures de restriction des liquidités pour soutenir la croissance”, note Abheek Barua, chef économiste chez HDFC Bank.

La roupie s’échangeait mercredi près de son plus bas niveau de 68,6 roupies pour un dollar et nombre d’analystes s’attendent à la voir franchir la cap des 70 roupies pour un dollar dans les prochains mois.

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édécesseur Duvvuri Subbarao, le 4 septembre 2013 à Bombay (Photo : Punit Paranjpe)

La devise pâtit certes du départ des capitaux vers les Etats-Unis, où croissance et remontée attendue des taux d’intérêt attirent les fonds placés jusqu’à présent dans les pays émergents. Mais elle paye aussi le prix de gros handicaps domestiques: corruption endémique, perte de confiance des investisseurs, absence de réformes, déficit courant élevé (4,5% du PIB), soulignent les analystes.

Le nouveau gouverneur de la Banque de réserve indienne, titulaire d’un doctorat de l’institut Massachusetts Institute of Technology (MIT), a prévenu qu’il n’y avait pas de “solution rapide”.

“Personne ne peut douter des promesses de ce pays”, mais “il n’y a pas de baguette magique qui fasse disparaitre les problèmes instantanément”, déclarait-il après sa nomination début août.

Raghuram Rajan était auparavant conseiller économique auprès du Premier ministre indien Manmohan Singh.