La BCE devrait maintenir ses taux inchangés sur fond de reprise

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à Francfort (Photo : Daniel Roland)

[05/09/2013 05:16:49] Francfort (AFP) Face à l’amélioration conjoncturelle observée en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) devrait laisser ses taux directeurs inchangés jeudi, anticipent les analystes.

“Depuis sa réunion d’août, les nouvelles économiques ont été relativement encourageantes”, constate Annalisa Piazza, du courtier Newedge, soulignant en particulier que la zone euro a renoué avec la croissance au deuxième trimestre (+0,3%) tandis que l’amélioration des indicateurs de confiance montrent que cette tendance devrait se poursuivre.

Ces bonnes nouvelles, associées à un niveau d’inflation bas (1,3% en août), permettent d’exclure une baisse du principal taux directeur de l’institution monétaire de Francfort, estime Carsten Brzeski, économiste chez ING. Ce taux, baromètre du crédit en zone euro, est actuellement de 0,5%, soit le niveau le plus bas de son histoire, auquel il a été porté en mai.

Elles devraient même inciter la BCE à revoir légèrement à la hausse les prévisions de croissance qu’elle publie chaque début de trimestre. Par rapport aux dernières prévisions en juin, “nous attendons une modeste hausse de la prévision d’évolution du PIB cette année à -0,5% contre -0,6%, et 1,2% contre 1,1% pour 2014”, pronostique Christian Schulz, de la banque Berenberg.

Toutefois ces chiffres n’autorisent pas à crier victoire et le président de la BCE Mario Draghi devrait se garder de tout excès d’optimisme lors de sa conférence de presse mensuelle à l’issue de la décision sur les taux, à partir de 12H30 GMT, juge l’économiste.

“Les risques pour l’économie ont diminué mais pas disparu”, insiste-t-il tandis que Carsten Brzeski note que “si le pire est peut-être derrière nous, l’avenir n’est pas encore reluisant” d’autant que de nouveaux “risques externes” sont apparus. Parmi eux la crise syrienne, la hausse du prix du pétrole et le ralentissement de la croissance dans les pays émergents.

M. Draghi devrait donc signifier que le léger mieux constaté n’affecte pas la promesse faite en juillet de maintenir les taux bas aussi longtemps que nécessaire, voire de les baisser encore en cas de dégradation.

Cette orientation (“forward guidance”), qui rompt avec la tradition de la BCE de ne pas s’engager à l’avance sur sa politique monétaire, ne semble pas complètement convaincre, constatent Richard Barwell et Xinying Chen, de RBS, pointant la hausse des taux d’intérêt observée ces derniers temps sur les marchés.

“En ne liant pas cette orientation à une variable économique comme la majorité des autres banques centrales, la BCE reste vulnérable. Une performance économique plus forte qu’attendu et/ou des spéculations, par exemple par la Bundesbank, sur une possible hausse des taux, pourraient facilement saper cette +forward guidance+”, juge aussi Carsten Brzeski.

Pour Howard Archer, chef économiste chez IHS Global Insight, “il est possible que la BCE essaie de rendre sa +forward guidance+ plus concrète pour tenter de contrer la hausse des taux (…) mais nous doutons que cela se produise dès jeudi”.

Par ailleurs, M. Draghi devrait être interrogé sur l’annonce le mois dernier d’une réflexion engagée sur la publication de comptes-rendus des réunions du conseil des gouverneurs.

“En août, M. Draghi a fait état du fait que la discussion était à son début”, rappelle Annalisa Piazza, “donc aucune annonce officielle n’est attendue cette semaine”.