4,2 millions de touristes sont entrés sur le territoire tunisien pour ces huit premiers mois de 2013, selon les dernières statistiques révélées par le ministre du Tourisme, Jamel Gamra. Les recettes ont atteint 2 milliards de dinars.
L’autre façon de voir les choses est de préciser qu’au 20 août 2013 et par rapport à la même date de 2010, la Tunisie a enregistré un recul des nuitées de 20,9%, une diminution des entrées des Européens de 24,2% et des Maghrébins de 2,9% (Algériens : -28,1%). Les recettes touristiques ont diminué de 11,6% en dinars tunisiens et 21,2% en euros.
On dit souvent que l’on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut, mais peut-on leur faire dire n’importe quoi?
Si la plus importante hausse en nombre de touristes a été enregistrée pour les Britanniques avec +23%, suivie de celle des Libyens (+20%), des Russes (+8%), des Algériens (+7%) et des Allemands (+5%), il est important de noter la régression des marchés traditionnels avec 3,7%, notamment celle du marché français qui baisse jusqu’à 22%.
Or à y voir de plus près et de façon plus précise, nous constatons ce qui suit en termes d’évolution par marché émetteur européen (représentant 49% du total des entrées au 20 août 2013) et maghrébin :
1/ Français : -43,3% (vs 2010) et -22,1% (vs 2012)
2/ Anglais : +22 ,5% (vs 2010) et +28,4% (vs 2012)
3/ Allemand : -7% (vs 2010) et +5,7% (vs 2012)
4/ Russe : +45,5% (vs 2010) et +6% (vs 2012)
5/ Italien : -37,9% (vs 2010) et -0,4% (vs.2012)
6/ Belge : -2,1% (vs 2010) et -8,6% (vs 2012).
Au total et au 20/08/2013, le marché émetteur européen, qui pèse 49% du total des entrées, est en baisse de 24,2% par rapport à 2010 et 4% par rapport à 2012.
En ce qui concerne l’évolution par marché émetteur maghrébin (représentant 48,7% du total des entrées au 20 août 2013), il ressort ce qui suit: le marché libyen enregistre +11% (vs 2010) et +19,5% (vs 2012); l’algérien passe de -28,1% (vs 2010) à +9,8% (vs 2012).
D’une façon plus générale, les nuitées globales sont de -20,9% (vs 2010) et -2,4% (vs 2012) et les entrées des non-résidents sont de -14,9% (vs 2010) et +4,9% (vs 2012). Les recettes touristiques (en dinars constants) sont de -11,6% (vs 2010) et +1,9% (vs 2012) et en euros s’élèvent à -21,2% (vs 2010) et -3,8% (vs 2012).
Maintenant, comment cela se traduit-il par les chiffres dans les régions touristiques?
Ils est à noter que le taux d’occupation relatif, tenant compte seulement de la capacité mise en exploitation, des hôtels par région et l’évolution des nuitées hôtelières, comparé à la même période en 2010 (au 20/08/13), donne l’état des lieux suivant:
Sousse : 52,4% (-15,4% vs 2010)
Djerba-Zarzis : 47,5% (-19,3% vs 2010)
Yasmine Hammamet : 47,2% (-14,3% vs 2010)
Nabeul-Hammamet : 39,5% (-30,4% vs 2010)
Monastir-Skanés : 59,7% (-17,1% vs 2010)
Tunis-Côte de Carthage : 35,3% (-11,2% vs 2010)
Mahdia : 58,4% (-5% vs 2010)
Gafsa-Tozeur : 17,1% (-56% vs 2010)
Sfax : 22,2% (-14,4% vs 2010)
Kébili-Douz : 17,4% (-41,5% vs 2010).
Dans l’attente du complément des chiffres qui bouclent le mois d’août, le ministre du Tourisme avoue rester positif quant à son objectif d’atteindre les 7 millions de touristes en 2013.
A quelques 3 mois du bouclage de l’année et avec une «rentrée», pour le moins que l’on puisse dire, assez chaude sous hautes tensions politiques, il reste au gouvernement un trimestre pour atteindre son objectif.
Il est en cela aidé par les hôteliers qui fournissent des efforts, se réduisant principalement à d’importantes réductions de prix, dont les rabais sont tellement irrésistibles qu’ils placent la Tunisie comme la destination la moins chère du bassin méditerranéen. Face à la communication récente du gouvernement, les Fédérations professionnelles restent discrètes; la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), qui a exprime son “désarroi, «reste bien silencieuse».
Reste que pour l’ensemble du secteur et particulièrement pour le gouvernement qui ambitionnait de grands projets pour le tourisme, voici quelques questions subsidiaires: dans quels états sont les services hôteliers tunisiens, les régions et les opérateurs touristiques? Où en est la restructuration du secteur et sa mise à niveau? Quid de l’image de la destination? Qu’a-t-on fait pour le secteur et son piteux état financier? Où est la diversification tant annoncée censée sortir la destination de la saisonnalité?
Pour l’heure, sur le terrain, à Hammamet, Kairouan, Tozeur et autres, les populations grincent des dents, vocifèrent, s’indignent de la situation générale du tourisme et du pays en général.
Il semble que les 900.000 entrées sur le territoire tunisien du mois d’août ont certes fait plaisir mais pas beaucoup d’effet au vu de ce qu’elles ont injecté dans le pays comme entrées en devises et en dynamique économique.
Quoique bienvenues, elles sont loin d’apaiser les esprits, remplir les structures touristiques et les opérateurs toutes catégories confondues, sauver les métiers de milliers de personnes …
Usant de faire valoir et mélangé à toutes les sauces, le tourisme reste toujours la vache à traire et sert d’alibi aux politiques qui s’approprient des performances qui n’existent que dans leur imaginaire.
Si l’on veut croire qu’une partie de la vérité est dans les chiffres, voilà ce qu’ils nous disent. Parler de volumes c’est bien, mais de rentabilité, c’est mieux !
Si l’on s’en tient aux 4,2 millions de touristes pour 2 milliards de dinars de recettes, cela nous apporte une recette par touriste (nombre touristes/recettes) de 476 DT, soit environ 216 euros et de recettes par jour et par touriste: 476 DT/8 jours = 59 DT, environ 27 euros par jour.
Faut-il continuer à déduire les dépenses publicitaires de l’ONTT qui s’élèvent à 63 millions de dinars et déduire ainsi le coût publicitaire de chaque client? Faut-il déduire les investissements, l’entretien et les équipements de l’Etat? …
A moins qu’il ne faille choisir entre déduire l’arrogance, l’inexpérience et l’incompétence ou l’incapacité de nier l’échec!