éléphone en marchant (Photo : Nicolas Asfouri) |
[11/09/2013 09:23:08] Paris (AFP) Depuis des mois, Denis Granger, la quarantaine, tente de convaincre les investisseurs que l’avenir de la santé passe par les mobiles. Parfois ça marche, il a déjà levé près d’un demi million d’euros pour développer son réseau social de patients et de professionnels de la santé.
Et ces exemples de start-up surfant sur le succès des téléphones intelligents (smartphones) se multiplient. Le secteur de la santé mobile est estimé à 26 milliards de dollars d’ici 2017, selon le cabinet spécialisé research2guidance.
Cet ancien communicant, notamment pour des laboratoires pharmaceutiques, a lancé son réseau social PatientsWorld.com (PW), l’an dernier, avec deux associés.
PW a développé le “Healthing”, c’est-à-dire un résumé des pratiques de prise en charge de sa santé, via une “health box” (boîte santé) qui comprend des applications mobiles de suivi du poids, du sommeil, du stress, de l’alimentation, du diabète…
“On ne subit plus la décision médicale et son parcours de soins: on s’informe, on se forme et on se prend en charge”, souligne M. Granger, qui revendique 1 million d’abonnés et plus de 650.000 professionnels de santé référencés, et valorise son entreprise au moins 2 millions d’euros.
La start-up travaille aussi sur un projet de base de données destiné aux grandes entreprises pour les informer sur les pathologies liées au travail. Des discussions sont déjà en cours avec des sociétés du CAC 40, confie M. Granger.
Autre réseau social, Carenity (9 salariés), propose à ses membres (20.000 revendiqués) sur leur traitement et sur leur maladie”, explique Michael Chekroun, son fondateur.
Pour les personnes âgées, ces services peuvent être une aide à la préservation du lien social et au maintien à domicile, résume Christophe Lorieux, le fondateur de Santech, une start-up (10 salariés) spécialisée dans ce créneau.
Outil de prévention
Santech, dont le chiffre d’affaires est de 200.000 euros, a conçu un outil qui étudie la routine d’une personne. Il suit par exemple l’ouverture et la fermeture d’une porte de réfrigérateur. Et “c’est la variation de cette information qui permet d’identifier un risque de dénutrition”, indique M. Lorieux.
Hôpital Affinité permet de sortir les patients de l’isolement lors d’une hospitalisation en les connectant à d’autres malades de l’hôpital en fonction de leurs passions.
Lancée en janvier, la start-up table sur 1,5 million d’utilisateurs d’ici fin septembre et vaut entre 0,5 et 1 million d’euros, estime son fondateur Julien Artu, 30 ans.
L’économie du secteur repose sur une évidence: les applications santé mobile et leurs services deviendront incontournables dans le suivi thérapeutique, le maintien à domicile et la télémédecine pour une meilleure efficacité des traitements et des soins et une réduction des coûts de santé.
éléphone (Photo : Greg Wood) |
Si ces jeunes pousses séduisent des investisseurs, souvent des particuliers (“business angels”), c’est qu’elles permettent de réorienter le système de santé vers la prévention alors qu’on prévoit une hausse des dépenses de santé, notamment liée au vieillissement de la population.
Mais ces start-up de l’e-santé doivent encore lever les doutes sur leurs modèles économiques.
Pour gagner de l’argent, elles vendent aux laboratoires pharmaceutiques, assureurs, mutuelles et collectivités leurs services, des études et des enquêtes réalisées avec la contribution des autorités de santé et l’aval de leurs membres.
Carenity, qui a reçu l’autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, propose aussi à ses abonnés de remplir un carnet de santé en ligne, qu’il espère vendre à terme.
Hôpital Affinité est vendu sous forme de licences pour les hôpitaux.
Mais comment durer alors que circulent les rumeurs de bulle liée au foisonnement des applications (97.000 à ce jour, selon research2guidance) ? Surtout face aux moyens des laboratoires pharmaceutiques comme Sanofi ou Roche qui développent leurs propres outils et investissent dans la télémédecine.
Hôpital Affinité, Carenity et PW, qui espèrent être rentables “très vite”, veulent lever entre 1 et 2 millions d’euros rapidement pour financer leur expansion. Santech est en discussions pour des partenariats aux Etats-Unis.