Royaume-Uni : des bonnes nouvelles économiques mais trop tôt pour s’en réjouir

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à Londres, le 10 octobre 2011 (Photo : Leon Neal)

[11/09/2013 12:38:42] Londres (AFP) L’annonce mercredi d’une légère baisse du chômage en juillet au Royaume-Uni s’ajoute à une série de bonnes nouvelles pour le gouvernement de coalition, mais nombre d’analystes et certains ministres invitent à la prudence avant de conclure au succès de trois ans d’austérité controversée.

Alors que les économistes attendaient une nouvelle stabilité à 7,8%, pour le cinquième mois consécutif, le taux de chômage est descendu à 7,7% sur la période de trois mois achevée fin juillet. Et le taux d’emploi a atteint 71,6%, avec 29,84 millions de personnes disposant d’un emploi fin juillet, un record depuis le début de la série statistique en 1971.

“Une augmentation très appréciable du taux d’emploi à un niveau record, et une baisse du chômage, sont des données qui indiquent que le marché du travail répond de manière marquée à l’amélioration de l’activité économique et au renforcement de la confiance des entreprises”, a relevé l’économiste Howard Archer, d’IHS Global Insight.

Le ministre conservateur des Finances George Osborne se réjouissait lundi matin que les récentes statistiques confirmaient le bien-fondé des mesures d’austérité mises en oeuvre par la coalition des Tories avec les libéraux-démocrates.

Selon lui, la progression du PIB ces six derniers mois, démontre que la rigueur fiscale ne pèse pas sur la croissance, contrairement à ce qu’affirmaient ses détracteurs. “Ceux qui prônaient un plan B ont perdu la bataille”, a-t-il lancé.

Mais mercredi matin, le ministre libdem du Commerce Vince Cable a mis en garde contre “l’autosatisfaction”, insistant sur le fait que les ministres “ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers”. “Quelques trimestres de bonnes statistiques économiques” ne signifient pas, selon lui, que le pays est sorti d’affaires.

M. Cable a constaté “l’amorce d’une reprise” qui ne “prendra du sens” qu’avec un investissement élevé et durable de la part des entreprises. Il reste pour l’heure inférieur de 13% par rapport à son apogée de 2008 et est “le plus faible des pays du G7 rapporté au PIB”.

Le Premier ministre David Cameron a convenu que le pays “a encore un long chemin à parcourir”.

“Nous devons bâtir cette reprise, nous devons continuer à soutenir les entreprises, continuer à gérer notre dette. Il ne doit y avoir aucune autosatisfaction, pour pouvoir nous assurer que cette reprise profite aux personnes qui travaillent dur”, a-t-il déclaré mercredi à la mi-journée devant la Chambre des communes.

Un regain de confiance a récemment flotté dans le pays, avec une production manufacturière qui a continué de d’augmenter en juillet et un produit intérieur brut () en progression de 0,7% au deuxième trimestre, après une révision à la hausse fin août de l’estimation officielle.

Et l’industrie automobile, ancien fleuron du pays, a accueilli plusieurs bonnes nouvelles cette semaine: Nissan va pouvoir agrandir son usine de Sunderland (nord-est de l’Angleterre) avec 250 millions de livres d’investissements à la clef, et Jaguar Land Rover va consacrer 1,5 milliard de livres à son site de Solihull (centre) et créer 1.700 emplois directs.

Tout ceci dans un contexte de ventes de véhicules neufs en croissance ininterrompue depuis dix-huit mois, sur un rythme (+10,9% en août) à faire pâlir ses voisins européens à la peine pour ne serait-ce qu’arrêter la chute.

Mais “il y a une pièce manquante au rebond de l’économie britannique”, a estimé Kathleen Brooks, directrice de recherche chez Forex, en référence à la croissance des salaires limitée à 1% en août, après seulement 1,1% en juillet, ressortant à l’un des plus bas niveaux historiques.

Selon elle, “la prolifération des contrats +zéro heure+ et des emplois faiblement rémunérés sont devenus l’élément principal de cette reprise économique”. Un employé en contrat “zéro heure” travaille exclusivement pour une société, sans minimum de travail garanti, et est payé uniquement quand il travaille.

Reste qu’économistes et analystes dans leur grande majorité n’avaient de pensées mercredi que pour la Banque d’Angleterre.

La banque centrale a annoncé qu’elle ne relèverait pas son taux d’intérêt, actuellement au niveau exceptionnellement bas de 0,50%, et ne réduirait pas ses injections massives de liquidités tant que le taux de chômage serait supérieur à 7%. Elle prévoit que ce seuil sera atteint mi-2016.

Pour M. Archer, les marchés vont s’attendre à un relèvement des taux “bien avant” cet horizon.

C’est la raison pour laquelle la livre britannique s’est nettement appréciée dans la foulée de la publication de ces chiffres, grimpant vers 08H30 GMT à 83,83 pence pour un euro ?son niveau le plus fort depuis fin janvier? et à 1,5827 dollar pour un livre ?au plus haut en sept mois.