Sous pression, le Portugal demande un nouveau sursis pour ses déficits

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étrangères, Rui Machete, le 24 juillet 2013 à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira)

[11/09/2013 15:14:49] Lisbonne (AFP) Le Portugal demande à ses créanciers une nouvelle bouffée d’oxygène en matière de réduction de déficits publics, alors que le gouvernement peine à boucler de nouvelles mesures d’austérité qui pourraient compromettre une reprise encore fragile.

A cinq jours du retour à Lisbonne de la troïka des créanciers (UE-BCE-FMI), le gouvernement portugais a annoncé la couleur : “C’est un secret pour personne que le gouvernement et la troïka ont eu des divergences sur l’objectif pour 2014”, a déclaré mercredi le vice-premier ministre portugais, Paulo Portas.

Lors du dernier examen du plan de sauvetage en mars, “le gouvernement portugais avait défendu un déficit public à 4,5%, alors que la troïka a souhaité 4%. Le gouvernement continue de croire que l’objectif qu’il a défendu est le plus approprié”, a-t-il insisté devant une commission parlementaire.

Les créanciers ont déjà assoupli à deux reprises les objectifs de déficit du Portugal et rien n’indique qu’ils soient à nouveau prêts à faire un geste. Actuellement, le gouvernement est tenu de ramener le déficit public, qui a atteint 6,4% du PIB en 2012, à 5,5% en 2013 et à 4% l’année prochaine.

“Le gouvernement oeuvre en faveur d’un assouplissement des objectifs de déficit pour ne pas mettre en péril une reprise de l’économie qui pourrait pâtir d’une discipline budgétaire trop stricte”, a commenté à l’AFP Paula Carvalho, chef économiste de la banque BPI.

Au deuxième trimestre, l’économie portugaise a connu une embellie, renouant avec la croissance (+1,1%) après deux ans et demi de récession, accompagnée d’une baisse du taux de chômage qui est passé à 16,4%.

Mais malgré ce rebond de l’économie, le “contexte reste périlleux avec des échéances politiques dans les semaines à venir qui pourraient encore réduire les marges de manoeuvre du gouvernement portugais”, avertit Jésus Castillo, économiste chez Natixis.

A l’approche des élections municipales prévues le 29 septembre, le gouvernement hésite en effet à demander de nouveaux sacrifices douloureux aux Portugais, alors que, selon M. Portas, les dépenses publiques ont déjà été réduites de “plus de 10 milliards d’euros ces dernières années”.

Le Portugal s’était engagé à assainir ses finances et à réformer son économie en échange d’une aide de 78 milliards d’euros sur trois ans accordée en mai 2011 par l’Union européenne et le Fonds monétaire international.

Taux d’emprunt en hausse

Autre facteur de tension, les taux d’emprunt de la dette portugaise à 10 ans évoluent au-dessus du seuil fatidique de 7%, les investisseurs n’ayant guère apprécié le rejet par la Cour Constitutionnelle fin août d’une mesure visant à licencier les fonctionnaires.

Dépité par ce verdict, le Premier ministre Pedro Passos Coelho avait évoqué la nécessité d’un deuxième plan de sauvetage.

Un coup de poker qui visait surtout à convaincre l’opposition de la nécessité de mettre en oeuvre le plan actuel pour éviter un autre programme potentiellement plus sévère et à réprimander des juges trop enclins à jouer les trublions.

L’hypothèse d’un nouveau plan de sauvetage est jugée plutôt improbable par les analystes qui s’attendent à la mise au point d’une simple ligne de crédit à laquelle le Portugal peut avoir recours en cas de nécessité.

“Les chances d’un deuxième plan de sauvetage totalement financé par l’UE sont minces”, décrypte Paula Carvalho. Elle estime “plus vraisemblable” une “ligne de crédit à l’instar de l’Irlande que le Portugal peut utiliser si ses taux d’emprunt décollent trop”.

Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a estimé dimanche que “l’Irlande et le Portugal n’auront probablement pas besoin d’aides supplémentaires” à l’issue de leurs programmes respectifs.

Mais, a-t-il ajouté, “les marchés financiers qui opèrent sur un plan mondial ne réagissent pas toujours de manière rationnelle et intelligente”.