ATR confiant sur le marché des jets régionaux

3658e70b64ae845458ae6cfef441e393aa2e5b38.jpg
Filippo Bagnato (d) le 18 juin 2013 au Bourget (Photo : Eric Piermont)

[12/09/2013 15:42:31] Rodez (AFP) ATR, le constructeur européen d’avions de transport régional (EADS et Finmeccanica) à turbopropulseurs (à hélices) de 40 à 70 places, mise sur une nouvelle génération de 90 places pour garder son avantage économique face aux futurs jets régionaux, a annoncé jeudi son président Fillippo Bagnato.

Avec ses appareils ATR 42 et ATR 72, ATR détient 61% du carnet de commandes des avions régionaux de moins de 100 places, loin devant ses concurrents Bombardier (Canada) et Embraer (Brésil).

Fort de 83 commandes fermes à ce jour en 2013 (170 avec les options), il devrait garder sa position de leader sur l’ensemble de l’année, avec “environ 90 commandes contre 74 en 2012”, a déclaré M. Bagnato à quelques journalistes, en marge d’une rencontre à Rodez avec son client Hop! (groupe Air France) et des élus sur le développement de la ligne Orly-Rodez.

Le pétrole cher a provoqué un revirement du rapport de force avec les jets depuis 10 ans. Alors qu’ATR, proche de la fermeture en 2003, a connu un redressement extraordinaire grâce à la sobriété de ses appareils, “la bulle des jets de 50 à 70 places” a éclaté, selon M. Bagnato.

“Pour qu’un jet de 50 places atteigne l’équilibre financier, il lui faudrait 90 passagers, a ironisé le patron d’ATR, en soulignant que “sur les étapes de 500 km un turbopropulseur perd moins d’un quart d’heure sur un jet qui a un coût de revient par siège supérieur de 62%”, ce qui lui interdit les tarifs attractifs.

ATR devrait battre un nouveau record de livraisons cette année avec 80 unités environ contre 64 l’an dernier. Il vise 90 livraisons en 2014. Le chiffre d’affaires suit et “devrait atteindre environ 1,7 milliard de dollars (1,3 milliard EUR) en 2013” selon M. Bagnato, contre 1,44 milliard en 2012.

Le groupe veut préparer l’avenir face à la nouvelle génération de jets qui devrait avoir une consommation en carburant améliorée de 15%.

“Les études sur un nouveau turbopropulseur de 90 places avancent. Notre motoriste Pratt et Whitney teste un moteur de nouvelle génération qui pourrait être disponible dans 2 à 3 ans, et nous pensons que l’appareil aura aussi une économie de 10 à 15% par siège par rapport au dernier ATR-72”, a déclaré M. Bagnato.

Le patron d’ATR ne se prononce toutefois pas sur la décision de lancement du programme: “Demandez à mes actionnaires EADS et Finmeccanica !”, déclare-t-il. Il se dit cependant convaincu que “c’est seulement une question de temps!”

Les bureaux d’études d’EADS sont encore surchargés de travail par le développement de l’Airbus A350 et de l’avion de transport militaire A400 M et “il leur faut le temps de digérer”, dit M. Bagnato. Le président espère cependant un “feu vert” rapide, car chez ATR on estime qu’il faudra encore au moins 5 à 6 ans entre le lancement du programme et la mise en service de l’avion.

“Le marché, assure-t-on dans l’entourage de M. Bagnato, est là: environ 1.100 turbopropulseurs de 90 places sur 20 ans”.

Lionel Guérin, patron de la nouvelle compagnie régionale d’Air France Hop!, qui exploite une vingtaine d’ATR 42 et 72, a affirmé jeudi son intérêt pour un tel avion. “J’aimerais bien (qu’il existe): il faut passer le message à EADS, qu’ils investissent dans un turbopropulseur de 90 sièges, c’est l’avenir sur des distances courtes sur les plans environnemental et économique, car autant protéger l’or noir et en consommer le moins possible”.