A Rennes, Ayrault tente de rassurer les éleveurs en colère

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élevage (Space) de Rennes le 12 septembre 2013 (Photo : Alain Jocard)

[12/09/2013 16:10:56] Rennes (AFP) Malgré un accueil plus que chahuté par les agriculteurs et une visite au pas de charge, le Premier ministre Jean Marc Ayrault a tenté de rassurer l’élevage jeudi au salon international de l’élevage (Space) de Rennes avec des mesures ciblées.

Le Premier ministre était très attendu au salon des productions animales, vitrine du secteur mais aussi de ses crises, nombreuses: dans le porc, la volaille ou les ?ufs.

Il a visité le salon avant de prononcer un discours et détailler des mesures, pour la filière volailles notamment. Et l’accueil a été plutôt glacial: Jean-Marc Ayrault, a traversé avec le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, le salon au pas de charge, sous des huées régulières, selon une journaliste de l’AFP.

Des centaines d’éleveurs et de salariés d’entreprises avicoles et porcines –dont Doux et Gad, toutes deux en redressement judiciaires– avaient même fait le déplacement pour témoigner au gouvernement de leurs inquiétudes.

Ils attendaient la délégation dans un hall mais la visite fut tellement brève, qu’ils ne se sont pas croisés.

Jean-Marc Ayrault n’était pourtant pas venu les mains vides au Space. Lors de son discours, il a annoncé notamment un plan d’action pour la filière volailles, avec des mesures d’urgence pour les accouveurs (ceux qui font naître les poussins) et les organisations de producteurs.

Le secteur de la volaille est fragilisé depuis mi-juillet par la fin des restitutions européennes, des subventions qui permettaient aux petits poulets congelés français d’être compétitifs sur le marché mondial, face aux poulets brésiliens.

Le gouvernement fera aussi “un recours” contre la décision de la Commission de supprimer ces restitutions, a ajouté le Premier ministre.

La PAC pour les éleveurs

Mais rien n’a été annoncé pour les deux entreprises les plus touchées: Doux et Tilly-Sabco. Au ministère de l’Agriculture, on explique que ces entreprises ne peuvent pas bénéficier de ces aides d’urgence, la première parce qu’elle est en redressement judiciaire, la seconde parce qu’elle a récemment bénéficié d’aides à la restructuration.

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élevage (Space) de Rennes le 12 septembre 2013 (Photo : Alain Jocard)

Jean-Marc Ayrault a aussi eu un mot pour la filière porcine: “Je leur dis que l?Etat n’abandonne personne” et fera tout pour “sauver l’emploi” en référence aux difficultés de la société d’abattage de porcs Gad SAS. Même s’il a reconnu que “la puissance publique ne peut pas se substituer aux dirigeants de ces entreprises”.

Il a tout de même confirmé pour le secteur porcin qu’il sera à l’avenir plus facile d’agrandir ou d’ouvrir une porcherie. “Un régime d?enregistrement sera ainsi créé, qui prendra la place du régime actuel d’autorisation”, a-t-il expliqué.

Sur le sujet très attendu de la future Politique agricole commune (PAC) 2014-2020, le Premier ministre a rappelé qu’une “grande marge de man?uvre est laissée aux Etats membres” pour la mettre en ?uvre. Et il a promis que l’enveloppe de 63 milliards d’euros destinée à la France sera utilisée “au maximum au bénéfice de l?élevage et de l?emploi”.

La Confédération paysanne, les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA, syndicat majoritaire, sont divisés sur la redistribution des aides, les deux premiers ayant pris clairement position en faveur des éleveurs.

Dans le Figaro de jeudi, le président de la FNSEA, Xavier Beulin était plus mesuré expliquant: “si nous sommes bien entendu favorables à un rééquilibrage des aides et à un soutien accru aux secteurs de l’élevage, cela doit se faire de manière plus progressive que ne le propose le ministre”.

Les derniers arbitrages à ce sujet devrait être rendus en octobre par Stéphane Le Foll.

Enfin, Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, a évoqué la possibilité du plan spécifique pour la Bretagne, première région agricole et agroalimentaire, à “formaliser” à d’ici la fin de l’année. “Le modèle agricole breton n?est pas mort!” a-t-il lancé.