Verizon met en lumière l’engouement pour la dette d’entreprises

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à Washington, le 5 juin 2008 (Photo : Karen Bleier)

[13/09/2013 13:53:00] Paris (AFP) Le succès de l’emprunt record réalisé par l’américain Verizon confirme l’engouement des investisseurs pour les obligations d’entreprises, un mode de financement toujours très prisé par les grands groupes malgré la remontée des taux.

Jamais une entreprise n’avait levé autant d’argent sur le marché obligataire.

Verizon a emprunté au total 49 milliards de dollars, afin de financer la rachat des parts de son partenaire britannique Vodafone dans leur très rentable filiale commune Verizon Wireless.

La demande du marché s’est élevée à 100 milliards de dollars, selon une source proche du dossier.

“Plus que l’émission, c’est le montant de la demande qui est étonnant. On savait qu’il y avait de la demande pour les obligations d’entreprises, mais, à cette hauteur-là, sur ce nom-là, on ne l’imaginait pas”, explique Marie-Anne Allier, responsable de la gestion taux chez Amundi.

Les entreprises américaines ont facilement recours à l’emprunt obligataire et ce type de financement est majoritaire chez elles, contrairement à l’Europe où les prêts bancaires dominent.

Il reste que “Verizon a clairement attiré l’attention”, explique Nicole Montoya, responsable de la gestion crédit global et monétaire chez Axa IM.

Cette opération est une nouvelle preuve que l’environnement reste très favorable pour les entreprises qui cherchent à se financer sur le marché.

Verizon, déjà endetté et ne figurant pas parmi les sociétés les mieux notées, a offert un taux d’intérêt assez élevé de 5,198% pour ses obligations à 10 ans, contre un peu moins de 3% pour la dette de l’Etat américain de même échéance.

Mais “fondamentalement, les coupons (taux d’intérêt annuel versés aux acheteurs d’obligations, ndlr) restent bas et les conditions restent favorables”, souligne Félix Orsini, co-responsable mondial de l’origination de dette d’entreprises chez Société Générale.

“Les investisseurs se ruent toujours sur les obligations d’entreprises, comme c’est le cas depuis plusieurs années”, relève-t-il.

Le choix de Verizon de financer son opération par l’emprunt plutôt que par une augmentation de capital “veut dire que la dette est toujours très bon marché par rapport à aux actions” pour une entreprise, ajoute Marie-Anne Allier.

Au-delà du cas de Verizon, qui va utiliser les fonds récoltés pour une opération précise, “il y a eu un effet d’aubaine pour les entreprises qui peuvent aller se financer sur le marché avec des taux d’intérêt bas”, rappelle Nicole Montoya.

Mais, selon elle, “la période bénie est un peu arrivée en fin de course”.

Verizon a réalisé son emprunt une semaine avant une réunion très attendue de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui pourrait profiter de cette occasion pour commencer à réduire ses rachats d’actifs, qui ont jusqu’à présent largement aidé les marchés et maintenu les taux bas.

Cette perspective a conduit à une nette remontée des taux aux Etats-Unis et en Europe depuis le printemps, ce qui renchérit le coût de l’emprunt pour les entreprises.

“La hausse des taux est un vrai changement qui a pu surprendre les émetteurs en juin puisque le marché s’est ajusté brusquement. Désormais, c’est bien acquis qu’on est dans un environnement différent”, selon M. Orsini.

Pour Marie-Anne Allier, “la Fed ne paralyse pas les émetteurs” et “la hausse des taux n’est pas encore un frein à l’investissement pour les entreprises” des grands pays, qui peuvent encaisser une remontée des coûts d’emprunt.

Les entreprises peuvent être presque sûres que les investisseurs continueront à répondre présents.

Un environnement réglementaire favorable

Sur le marché obligataire, la dette d’entreprises est plus rémunératrice que celles des Etats, dont les taux remontent mais sont encore très bas.

“Les investisseurs institutionnels, comme les compagnies d’assurance, redeviennent actifs avec la hausse des taux d’autant qu’ils vont souvent porter la dette jusqu’à maturité”, indique de son côté Nicole Montoya.

En outre, la régulation financière est plus favorable aux obligations qu’aux actions, ces dernières nécessitant de mobiliser davantage de capitaux propres.

“De par la réglementation, les investisseurs institutionnels, à savoir les assureurs et les fonds de pension, sont de plus en plus incités à acheter les obligations d’entreprises les mieux notées”, explique Philippe Halb, gérant chez SPGP.