ée Ariane-5 transportant deux satellites de télécommunication depuis la base de Kourou, en Guyane, le 30 août 2013 (Photo : JM Guillon) |
[14/09/2013 08:51:56] Paris (AFP) Course au lanceur le plus économique, nouvelles gammes de satellites et de services, la bataille de l’espace fait rage entre industriels qui se disputent un marché de plus de 200 milliards de dollars par an.
La société américaine SpaceX doit tirer la prochaine salve cet automne avec le premier lancement d’un satellite commercial par son Falcon 9, qui part à l’assaut de la position dominante de la fusée européenne Ariane 5.
Ce lanceur a déjà réussi le ravitaillement de la station spatiale européenne, à 350 km d’altitude, mais n’a pas encore placé de satellite en orbite géostationnaire, à 36.000 km de la Terre.
SpaceX, fondé en 2002, promet à ses clients de le faire pour la moitié du coût d’Ariane. Les Européens prennent la menace au sérieux.
“Sans avoir lancé, Space X nous a déjà fait du tort en signant des contrats qui ont entraîné une baisse des prix sur le marché des lancements”, a déclaré cette semaine Jean-Yves Legall, patron du Cnes, l’agence française de l’espace, à la lettre spécialisée Aerodefensenews.
L’Europe veut avoir d’ici 2019 une nouvelle version de son lanceur Ariane 5 ME. “Le coût (de lancement) au kg d’Ariane 5 ME sera 10% à peine supérieur au coût du lanceur Falcon 9 de SpaceX”, a assuré mercredi François Auque, PDG d’Astrium, maître d??uvre de la fusée européenne. A l’horizon 2022, l’Europe prévoit de passer à Ariane 6, un lanceur encore plus économique.
Mais elle veut aussi rattraper l’industrie américaine dans le domaine des satellites de télécommunications tout-électriques, où Boeing a décroché l’année dernière les premières commandes. Plus lents à mettre en orbite, ces satellites offrent en revanche plus de capacité de télétransmission parce qu’il ne doivent pas emporter une lourde quantité de carburant.
Satellites à haut rendement
La France a fait jeudi du développement de ces satellites, plus légers et moins lourds, un des 34 “plans de bataille” pour doper son industrie. Elle finance déjà la recherche dans ce domaine, de même que l’Agence spatiale européenne.
été américaine SpaceX, à Cape Canaveral, en Floride, le 7 octobre 2012 (Photo : Bruce Weaver) |
“On se bat sur les lanceurs, on se bat sur les satellites électriques, on se bat sur les satellites à haut rendement (HTS pour High Throughput Satellite)”, note Rachel Villain, d’Euroconsult.
Ces satellites offrent une capacité de transmission 20 fois supérieure aux engins classiques. Huit opérateurs en utilisent déjà, onze autres en ont commandé, selon une étude d’Euroconsult, qui s’attend à ce que cette augmentation des capacités entraîne une baisse des prix de transmission.
Avec les HTS et la multiplication des satellites lancés pour des pays émergents, “cela va entraîner du dumping sur les marchés”, a même prédit Evert Dukok, PDG d’Astrium Services, filiale du groupe européen Astrium.
Selon les estimations d’Euroconsult, l’espace représente un chiffre d’affaires annuel de 210 milliards de dollars, dont 90 milliards dépensés par les gouvernements et 120 par les utilisateurs de systèmes.
Pour s’assurer des parts de butin, les constructeurs élargissent leur gamme. Astrium par le haut, avec Alphasat, “le satellite de télécommunications le plus sophistiqué jamais construit dans le monde”, mis en orbite en juillet par Ariane.
Boeing vers le bas. Ses produits allaient de 3 à 18 kilowatts, il propose une nouvelle série, Phantom Phoenix, d’un kilowatt maximum. “Nous comptons sur une annonce avec un client avant la fin de l’année”, a déclaré Craig Cooning, PDG de Boeing Satellite Systems.
Boeing se lance aussi dans les services, dix ans après Astrium, premier fournisseur mondial de télécommunications militaires par satellite. Il prévoit ainsi de revendre au Pentagone les capacités de transmission excédentaires sur les satellites que lui achète l’opérateur Inmarsat.