Etats-Unis : Janet Yellen, une experte à la réputation de “colombe”

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érence à Shanghaï (Photo : Peter Parks)

[16/09/2013 14:52:38] Washington (AFP) Janet Yellen, candidate bien placée pour accéder à la présidence de la Banque centrale américaine, est une économiste respectée, proche de l’élite économique progressiste, qui a passé un tiers de sa carrière à la Fed.

Si le président Obama devait la choisir, Mme Yellen, 67 ans, déjà numéro deux de la Fed, serait la première femme à accéder au poste de présidente de la Réserve fédérale américaine, une institution qui a tout juste un siècle d’existence.

Considérée comme une démocrate, Mme Yellen a passé plus de 12 ans au coeur de la politique monétaire américaine. Elle est plutôt vue au sein du Comité de politique monétaire(FOMC) comme une “colombe”, davantage préoccupée par la question du chômage que par l’inflation.

Cette passionnée d’économie, qui a épousé un économiste et dont le fils a aussi embrassé la profession, a méthodiquement grimpé les échelons de la Fed.

Après cinq ans de professorat à l’université de Harvard, elle est entrée à la Réserve fédérale par la petite porte en 1977 au sein des effectifs de chercheurs économistes qui fournissent analyses et statistiques au directoire de la Banque centrale. Elle y restera deux ans. C’est là qu’elle rencontre son mari, George Akerlof, futur prix Nobel d’économie.

Cette titulaire d’un doctorat d’économie a eu pour mentor à l’université de Yale en 1971 James Tobin, prix Nobel d’économie en 1981 et connu pour son idée de taxe sur les transactions internationales.

En 1980, Mme Yellen retourne dans l’enseignement à l’Université de Californie à Berkeley, jusqu’à ce que le président démocrate Bill Clinton la choisisse pour être un des gouverneurs de la Fed en 1994. Au sein du FOMC, elle votera parfois contre les décisions du tout puissant président de la Fed Alan Greenspan.

Alliée de Bernanke

En 1997, le président Clinton lui demande de prendre la tête du Cercle des conseillers économiques de la Maison Blanche jusqu’en 1999. A ce poste, elle succède à Joseph Stiglitz, économiste critique du libéralisme à outrance, qui partagera en 2001 le prix Nobel de l’économie avec son mari.

En 2004, Mme Yellen revient à la Réserve fédérale où elle préside jusqu’en 2010 l’antenne régionale de San Francisco. Certains lui reprocheront de n’avoir pas su tirer à l’époque la sonnette d’alarme sur la bulle immobilière dans une région qui couvre la Californie, le Nevada et l’Arizona, Etats qui allaient être au coeur du désastre des prêts à risque (subprime).

“Avions-nous une compréhension totale des défaillances du système de titrisation et de la façon dont cela allait affecter le système financier dans son entier ? Non”, a-t-elle reconnu plus tard devant une commission créée par les autorités pour comprendre la crise financière de 2008.

Pourtant dès fin 2007, elle est l’une des premières au sein du FOMC à diagnostiquer, avec ce ton professoral que lui attribuent certains, que “les possibilités d’un étranglement du crédit et que l’économie glisse dans la récession sont des plus réelles”.

A l’été 2009, son nom est cité une première fois pour remplacer Ben Bernanke, nommé à la tête de la Réserve fédérale en 2006 par George W. Bush et finalement reconduit en 2010 pour un deuxième mandat par le président Obama.

La même année, Janet Yellen accède à la vice-présidence du directoire de la Banque centrale pour quatre ans. A ce poste, elle sera un des meilleurs alliés de Ben Bernanke, soutenant sa politique exceptionnelle d’assouplissement monétaire. “Réduire le chômage doit être au centre de l’action”, répète-t-elle.

Née à Brooklyn, fille de médecin, cette femme menue au visage encadré d’un casque de cheveux blancs, est friande de tout ce qui touche à l’économie: “si vous passez une soirée à la maison, vous entendrez parler d’économie à table (…). Vous serez plus gavé de discussions économiques que vous n’en avez l’appétit”, promettait-elle dans un entretien à l’antenne de Minneapolis de la Banque centrale en 1995.