France : plus sûr et toujours rose, le permis européen arrive

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écurisés (ANTS) présente le nouveau permis de conduire français à puce

[16/09/2013 15:39:48] Paris (AFP) Le permis de conduire “new look”, au format carte de crédit et commun aux pays de l’Union européenne, a commencé lundi à remplacer en France le vieux triptyque de papier rose, pour plus d’unité au niveau communautaire et moins de contrefaçons.

“Dans chaque pays d’Europe, il y a plusieurs permis en circulation, tous valides. Sur le terrain, difficile pour les policiers de porter un jugement lors des contrôles”, constate François Joumier, directeur des programmes de l’Imprimerie nationale, chargée d’éditer le document en France.

Le nouveau permis, qui se substituera progressivement aux quelque 300 millions de documents et 110 modèles existant au sein des 28 États membres, doit mettre fin à cette confusion.

La France est le premier pays à le déployer à grande échelle – 3 millions d’unités la première année – et avec une puce électronique. Toujours de couleur rose, il sera valable pendant 15 ans.

La puce, déchiffrable par les forces de l’ordre, contiendra les informations gravées sur la carte du porteur : nom, photo, date de délivrance, numéro du titre, catégories obtenues et éventuelles restrictions au droit à la conduite. Selon l’Imprimerie nationale, une telle technologie “permet statistiquement de réduire la fraude d’environ 50%”.

Fabriqué dans un matériau complexe et résistant, le nouveau permis intègre un hologramme proche de celui des passeports biométriques, mais aussi “des images fantômes” ou encore des encres réactives uniquement sous lumière UV.

jusqu’en 2033 pour changer tous les permis

Objectif affiché : limiter les contrefaçons, le permis actuel pouvant aisément être falsifié et “utilisé pour justifier un paiement ou détourner une identité”, explique François Joumier.

“La faille”

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Infographie sur le nouveau permis de conduire

“C’est là qu’était la faille !”, renchérit Christophe Naudin, spécialiste de “la criminalité identitaire” à l’université Paris II. “On était le seul pays à avoir un permis non sécurisé et sans date de péremption.”

Selon ses estimations, quelque 2,7 millions de faux permis circulent actuellement en France, mais à peine 700.000 servent effectivement à la conduite, les 2 millions restants étant utilisés comme pièce d’identité pour la fraude.

“Le problème, c’est qu’on a encore jusqu’à 2033 pour effectuer le changement. Ca veut dire que tous les gens qui possèdent actuellement un faux permis ne sont pas obligés d’en changer”, peste le chercheur.

En effet, seuls les permis délivrés entre le 19 janvier 2013 et le 16 septembre 2013 seront échangés en 2014. La reprise des 38 millions d’autres titres ne débutera pas avant 2015 et s’achèvera donc dans 20 ans.

Selon le ministère de l’Intérieur, le nouveau titre, qui coûte entre 25 et 30 euros à fabriquer, sera gratuit. Il sera envoyé par courrier dans un délai maximum de sept jours après réception des données, en même temps qu’un code confidentiel permettant de consulter son solde de points par internet.

“Cela fait toujours une demi-journée qu’on ne perdra plus à la préfecture”, s’amuse Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d’automobilistes. “Mais on aurait pu utiliser ces nouveaux permis pour mettre en place des bornes, où les gens auraient eu des infos sur leur capital points et sur les amendes reçues, payées et en cours. Un peu comme avec la carte vitale”.

Selon François Joumier, une évolution de ce type reste “techniquement possible”, mais uniquement “s’il y a un changement de volonté autour du système”. “On ne peut évidemment pas le faire de notre propre chef”, précise-t-il.

Autre bémol, l’absence de contrôle des titulaires du permis lors du renouvellement. “Dans presque tous les pays du monde, le renouvellement se fait au bout de cinq ans”, souligne Christophe Naudin. “A ce moment-là, il faut répondre à quelques questions de code et faire contrôler sa vision. On a raté une occasion de faire le tri entre les conducteurs.”

Le Dr Pascal Cassan, médecin urgentiste et conseiller de la Croix-Rouge française, regrette pour sa part que le renouvellement du permis ne s’accompagne pas d’une initiation obligatoire aux gestes qui sauvent. “Cela aurait été bien de titiller les conducteurs là-dessus tous les 15 ans”, estime-t-il.