élection du pape le 13 mars 2013 place Saint-Pierre (Photo : Filippo Monteforte) |
[17/09/2013 14:13:36] Cité du Vatican (AFP) Questions pointilleuses au guichet, interrogatoires glaciaux au téléphone : les clients de l’IOR, la banque du Vatican, se plaignent des nouvelles méthodes en vigueur qui semblent les prendre a priori pour des suspects potentiels, a rapporté la presse italienne.
Connu dans le passé pour avoir permis le recyclage d’argent sale de diverses provenances, l’Institut pour les oeuvres de religion (IOR), sous la houlette de son nouveau président Ernst von Freyberg, est soumis à un contrôle systématique et à un vaste aggiornamento. Les comptes de 13.700 clients sont épluchés. Le pape François a mis en place en juin une commission qui doit lui préparer un rapport sur l’IOR, en vue de profondément le réformer.
Selon le journal La Repubblica, les petits détenteurs de comptes individuels – soeurs, prêtres, évêques – sont soumis, quand ils viennent retirer et apporter une somme modeste au guichet, à des questionnaires interminables et humiliants, sur la provenance, le bénéficiaire des fonds, etc., en présence de tous.
En juillet, ils ont tous reçu une fiche à remplir avec onze questions sur “l’identité” de leur compte. Mais ils doivent en outre répondre à chaque opération aux questions des employés. Par exemple sur l’identité des bénéficiaires d’un don, alors qu’il s’agit parfois de clochards anonymes, rapporte La Repubblica.
La plupart des titulaires de comptes à l’IOR sont des membres du clergé, parfois fort modestes, comme une soeur philippine ou un prêtre congolais qui font des études à Rome. La plupart des comptes ne sont alimentés que par de petites sommes.
“Vous croyez pouvoir éviter le recyclage avec ces méthodes ? Moi, avec l’argent que je prélève, je veux faire ce que je veux ! La vérité est que vous avez perdu votre crédibilité et que vous cherchez à vous refaire une virginité avec ces méthodes vexatoires pour les petits titulaires”, s’est insurgé un évêque resté anonyme, cité par Repubblica.
Le site internet Vatican Insider raconte l’appel comminatoire reçu par un prélat qui travaille au Vatican depuis vingt ans et qui avait fait retirer une somme de 3.500 euros de son compte pour faire des travaux dans son appartement : “ici la commission de l’IOR”. Le prélat demande alors à son interlocuteur de s’identifier. Mais celui-ci refuse, répétant “ici la commission de l’IOR”. Suit un interrogatoire. A la fin, le prélat, piqué au vif, demande à son correspondant anonyme : “si je devais m’acheter une paire de chaussures, ou à Noël faire des cadeaux, devrais-je vous le dire ?”