Votre manteau de laine, un concentré de technologie

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Une mannequin de dos dans un manteau Sacada, lors de la Fashion week de Rio de Janeiro, le 8 novembre 2012 (Photo : Antonio Scorza)

[18/09/2013 10:24:21] Villepinte (AFP) Plus doux, plus souple et surtout plus léger, le manteau de laine que nous porterons cet hiver n’a plus grand chose à voir avec celui de nos grands-parents, illustrant l’évolution incessante des matières, qui s’adaptent à notre mode de vie et progressent grâce à de nouvelles techniques.

“Les matières d’aujourd’hui sont très différentes de celles d’il y a 40 ans”, explique à l’AFP Pascaline Wilhelm, directrice mode de Première vision, dont le salon se tient au parc des expositions de Villepinte, près de Paris, de mardi à jeudi. Apparu il y a 40 ans, c’est le premier salon mondial des tissus d’habillement, où les maisons de couture comme les marques de la grande distribution viennent faire leur marché.

Cette évolution des matières a radicalement modifié une pièce phare des garde-robes hivernales des deux sexes: le manteau de laine, qui a fait son grand retour ces dernières années dans les défilés, après la mode de la doudoune et de la parka.

“Le principal intérêt du manteau de laine était d’être chaud. On le gardait longtemps. Les tissus étaient très compactés”, commence à décrire Pascaline Wilhelm. “Son premier défaut était d’être lourd”, mais ce n’est pas tout: “il n’était pas élastique, le tissu tombait comme du carton et sa densité l’empêchait d’épouser le corps”. Pire encore: la laine grattait parfois!

Ce temps est bien révolu. “Aujourd’hui, on peut avoir des vêtements ajustés tout à fait confortables. Les tissus n’entravent plus les mouvements; ils sont plus souples”. On peut notamment remercier l’élasthanne. Chaque année, en février, lors des défilés de mode pour l’hiver, “avec nos yeux d’expert, nous voyons une évolution” du manteau, dit Pascaline Wilhelm.

L’évolution est d’abord venue des moutons, comme l’indique Jimmy Jackson, de la Woolmark compagny, en Australie, pays à l’origine de 80% des exportations de laine d’habillement. “Nous avons travaillé sur la génétique des moutons, nous faisons une meilleure sélection”, explique-t-il. “Nous avons changé leur alimentation. Nous faisons attention au bien-être de l’animal”, poursuit Jimmy Jackson. “Quand nous, humains mangeons mieux, nos cheveux sont plus beaux. C’est pareil pour le mouton!”. Conséquence: “la laine est de plus en plus fine” et les manteaux sont “plus doux”.

Cachemire et néoprène

Peter Ackroyd, également chez Woolmark compagny, souligne que nous n’avons par ailleurs plus besoin de manteaux aussi chauds, car “nous avons moins besoin de nous protéger du froid, avec la généralisation de la climatisation et du chauffage central”.

Il note un retour du manteau en laine cardée, longtemps abandonné, avec son aspect rustique, en faveur du manteau en laine peignée, plus lisse. “Mais avec les nouvelles techniques, le tissu est plus léger, plus respirable”.

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éfile dans un manteau Proenza Schouler lors de la Fashion week de New York, le 11 septembre 2013 (Photo : Peter Michael Dills)

“Des tissus sont maintenant hyper pointus. (…) Des centaines d’hommes, des ingénieurs, des chimistes travaillent dessus”, explique Pascaline Wilhelm. “Le consommateur ne s’en doute pas en essayant un manteau qui lui fait de jolies épaules. (…) Grâce à la technique, les créateurs ont moins de contraintes. On a gagné dans la coupe et tout ça s’est démocratisé”, poursuit-elle.

L’Italien Colombo est producteur de tissus de fibre noble, comme le cachemire, et fournit des marques de luxe. Trois ingénieurs travaillent dans cette société sur l’évolution technique du tissu. “Nous pouvons couper les vêtements de manière totalement différente avec les performances techniques”, confirme Roberto Colombo.

Il montre fièrement de récentes innovations, qui reprennent des matières utilisées à l’origine dans le sport. Ainsi, un tissu double-face est composé de cachemire d’un côté et de néoprène, la matière des combinaisons de plongée, de l’autre. Omniprésente chez les créateurs ces dernières saisons, le néoprène “donne du volume, une souplesse incroyable et de la légèreté”, se félicite Roberto Colombo.

Le cachemire se mélange aussi avec le thermo, parfait pour l’imperméabilité. “L’eau court sur le manteau comme sur du plastique”, décrit-il avec délectation.