Elections allemandes : l’Europe du Sud espère moins d’austérité

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érité en Grèce, en 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[18/09/2013 10:49:53] Madrid (AFP) Se sentant victimes d’une stricte politique d’austérité “imposée” par l’Allemagne sans qu’ils puissent la contester, beaucoup en Europe du Sud s’inquiètent d’une probable réélection dimanche d’Angela Merkel même si l’espoir d’un assouplissement existe aussi.

“Nous avons besoin d’un changement: l’Allemagne impose l’austérité parce qu’elle veut récupérer les crédits qu’elle a prêtés. Elle traite les autres pays comme ses sujets et non pas comme les membres d’une équipe”, s’indigne Daniel Correa, un Espagnol de 33 ans qui coordonne de son bureau madrilène une plateforme d’organisations citoyennes européennes, Citizens for Europe.

Dans une Europe du Sud enfoncée dans la récession et sous le coup de coupes budgétaires d’une ampleur historique, nombreuses sont les voix qui reprennent cet argument.

“Electoral rebellion”

Leur écho est parvenu jusqu’en Allemagne, où une cinquantaine d’électeurs, réunis à travers une plateforme en ligne baptisée “Electoral Rebellion”, ont décidé de mettre dans l’urne un bulletin choisi symboliquement par des électeurs d’autres pays. Daniel Correa est l’un d’eux.

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ïka des bailleurs de fonds internationaux – FMI, UE et BCE – à Madrid le 1er juin 2013 (Photo : Dominique Faget)

“Ils veulent avoir une voix dans ces élections car ils se sentent concernés par les décisions adoptées en Allemagne mais ont très peu d’influence sur ces politiques”, explique depuis Berlin Filip Nohe, membre de 28 ans du groupe “Egality Berlin” à l’origine de cette initiative.

Sous assistance internationale depuis son sauvetage en 2011, le Portugal est engagé dans un strict régime de rigueur, régulièrement examiné par la troïka de ses créanciers (UE, FMI, BCE). Mais derrière ces institutions, certains accusent en effet l’Allemagne d’être responsable.

Des spots radiophoniques imitaient ainsi l’accent allemand pour singer une attitude austère fin 2012 et lors d’une visite d’Angela Merkel en novembre 2012 à Lisbonne, des manifestants avaient brandi des slogans et caricatures féroces.

Ayant bénéficié d’un premier plan d’aide dès 2010, la Grèce a vu cette semaine la grogne sociale ressurgir à l’annonce d’un plan de restructuration de la fonction publique lancé sous la pression de la troïka.

Pour Yannis Panagopoulos, président de la confédération des travailleurs grecs (GSEE), le plus grand syndicat du secteur privé, la victoire d’Angela Merkel reviendrait à “éterniser l’impasse de la politique d’austérité en Europe, ce qui aura comme résultat surtout dans les pays du sud, le tassement de la production et un avenir incertain concernant la sortie de la crise.”

Si l’Espagne bénéficie aussi depuis juin 2012 d’un plan européen de sauvetage, celui-ci est au contraire du Portugal et de la Grèce resté circonscrit à son secteur bancaire, sans mise sous tutelle globale de son économie.

Corruption à répétition

Outrés par les scandales de corruption à répétition, déçus par les deux grands partis, conservateur et socialiste, les Espagnols dirigent donc surtout leur colère vers leurs propres dirigeants. Mais ici aussi, l’image de l’Allemagne s’est détériorée.

Alors qu’elle se classait juste derrière Barack Obama au sommet des dirigeants mondiaux les plus appréciés en juin 2009, Angela Merkel a chuté cette année jusqu’aux abîmes du baromètre réalisé régulièrement par l’institut de recherche Elcano, arrivant 10ème sur 13, juste devant Vladimir Poutine.

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ère allemande Angela Merkel avec le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, le 4 février 2013 à Berlin (Photo : Johannes Eisele)

En proie à la pire récession de son histoire, l’Italie n’a toutefois pas eu besoin d’un sauvetage européen. Comme en Espagne, le débat public est donc plus axé sur ses politiques internes que les élections allemandes. Dans le journal de gauche La Repubblica, le journaliste Maurizio Ricci s’inquiétait toutefois d’une victoire d’Angela Merkel, qui “signifierait austérité générale, méfiance envers l’Europe, défense jalouse des intérêts nationaux”.

Si cette victoire semble assurée, certains en Europe du Sud préfèrent parier surtout sur un rééquilibrage des forces politiques. D’autant que face à l’apparente faiblesse des libéraux, ses partenaires dans l’actuelle coalition, les sociaux-démocrates, semblent déjà se préparer à gouverner avec elle.

Du même bord politique que la chancelière, le député européen portugais Nuno Melo, du parti de droite CDS-PP, espère néanmoins “qu’après les élections les positions allemandes seront davantage axées autour de la politique en faveur de l’emploi et de la croissance (…), des thèmes en marge du discours politique allemand actuel car ils ne sont pas électoralement payants”.