éunion sur la situation financière du Portugal, le 18 septembre 2013 à Lisbonne (Photo : Francisco Leong) |
[19/09/2013 05:43:35] Lisbonne (AFP) En pleines négociations avec la troïka de ses créanciers, le Portugal est revenu dans le viseur des marchés: l’agence de notation Standard & Poors a menacé mercredi d’abaisser sa note souveraine et le pays a dû payer plus cher pour financer sa dette.
Des mesures d’austérité bloquées par la Cour Constitutionnelle, des taux d’emprunt qui s’envolent sur le marché de la dette et des incertitudes sur le respect des objectifs des déficits par le Portugal ont alimenté l’inquiétude des investisseurs.
Standard & Poors observe “un risque accru” que “le Portugal ne puisse pas retrouver un plein accès au marché de la dette” à la fin de son programme d’aide actuel en juin 2014 et soit obligé de recourir à “un deuxième plan de soutien”.
“Il y a une chance sur deux que nous abaissions la note au cours des prochains mois” si la réduction des déficits, les réformes ou les tensions politiques conduisent à des retards dans la conclusion du plan d’aide en cours depuis mai 2011, a prévenu l’agence.
“Il revient aux responsables politiques de faire le nécessaire” pour que les risques évoqués par S&P “ne se matérialisent pas”, a réagi la ministre des Finances Maria Luis Albuquerque.
S&P avait revu en juillet de “stable” à “négative” la perspective de la note portugaise, actuellement de “BB” (catégorie spéculative), en raison de la grave crise politique qui a failli entraîner l’éclatement de la coalition de centre droit au pouvoir.
Autre signe des réticences des investisseurs, le Portugal a dû consentir mercredi des taux d’intérêt nettement plus élevés pour emprunter 1,25 milliard d’euros en bons du Trésor à court terme. Ainsi, pour une émission de bons à 18 mois, le taux est monté à 2,293%, contre 1,603% pour un emprunt comparable en juin.
En échange d’un prêt de 78 milliards d’euros accordé par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, le Portugal s’est engagé à mettre en oeuvre un programme de rigueur budgétaire et de réformes économiques sur trois ans.
Pour éviter un deuxième plan d’aide, Lisbonne cherche à reconquérir la confiance des investisseurs afin de financer son importante dette sur les marchés, mais le pays peine à réduire ses déficits et tente d’obtenir un nouveau sursis pour son objectif fixé pour 2014.
Réticences de la troïka
Les inspecteurs de la troïka (FMI-UE-BCE), qui ont entamé lundi à Lisbonne un nouvel examen des mesures d’austérité, ne semblent toutefois pas prêts à faire un geste.
“Nous avons l’impression qu’il y a une énorme réticence à assouplir l’objectif de déficit”, a déclaré à l’issue d’une rencontre avec les créanciers Eurico Brilhante Dias, secrétaire national du PS, principale formation de l’opposition.
Le gouvernement tente d’infléchir la position de la troïka pour ne pas compromettre une reprise encore fragile. Après deux ans et demi de récession, l’économie portugaise a connu une embellie au deuxième trimestre, avec une croissance de 1,1% du PIB.
“L’examen en cours est l’un des plus compliqués que la troïka a dû mener depuis le début du programme, car il intervient après une période de turbulences politiques. Et la réduction des dépenses publiques est devenue difficile”, a commenté à l’AFP Paula Carvalho, chef économiste de la banque BPI.
La troïka, dont le séjour à Lisbonne risque de se prolonger, doit examiner le projet de budget 2014 et décider du déblocage d’une nouvelle tranche de crédit de 5,5 milliards d’euros.
Pour l’heure, les créanciers sont restés insensibles aux appels du gouvernement, de l’opposition et des partenaires sociaux qui réclament à l’unisson un allègement de la cure de rigueur.
S&P a d’ores et déjà prévenu qu’elle baissera la note du Portugal “si le gouvernement ne parvient pas à se mettre d’accord avec ses bailleurs de fonds” ou si de nouvelles coupes dans les dépenses “se heurtent à nouveau à des obstacles judiciaires ou politiques”.