“Le gouvernement a donné son accord de principe pour effacer les dettes des agriculteurs, dont les montants ne dépassent pas 5.000 dinars, a déclaré Habib Jomli, secrétaire d’Etat chargé de l’Agriculture.
Dans une interview accordée à TAP, il a précisé que cette mesure, qui pourrait être introduite dans la loi de finances pour l’exercice 2014, concernera environ 80% des agriculteurs endettés. Toutefois, “l’annulation de ces dettes (5.000 dinars ou moins) sera conditionnée”, a ajouté M. Jomli, relevant que la principale condition serait l’incapacité effective de l’agriculteur à payer ses dettes.
“Le ministère de l’Agriculture a suggéré d’inclure à la loi de finances pour le prochain exercice certaines mesures visant à solutionner l’endettement du secteur agricole, et ce en se basant sur les recommandations de la commission nationale, créée depuis janvier 2011 et chargée de ce dossier”.
D’après cette commission, les dettes du secteur agricole auprès des banques n’ont pas dépassé, jusqu’au 30 juin 2013, la valeur de 2.074 millions de dinars. Donc, M. Jomli estime que le problème réside en l’arrivée à terme des délais de remboursement de prêts d’une valeur de 1.049. Ces dettes concernent 132.000 agriculteurs, soit le 1/3 des agriculteurs tunisiens, dont le nombre est estimé, selon le dernier recensement de 2008, à 516.000 agriculteurs.
83% des dettes impayées ont été octroyées par la Banque nationale agricole (BNA), soit environ 858 millions de dinars au profit de 112.000 agriculteurs.
Le secrétaire d’Etat souligne également que “les engagements financiers du secteur agricole (2.047 MDT) ne représentent que 5% de l’ensemble des engagements par rapport à d’autres secteurs, tels que les services (49%), l’industrie (36%) et le tourisme (10%)”. Il a ajouté que 13% seulemnt des financements de la BNA concenent le secteur agricole contre 87% pour le reste des secteurs.
M. Jomli a indiqué que le département de l’Agriculture œuvre, à travers les mesures contenues dans le projet de loi des finances, à une résolution progressive de la question de l’endettement et non pas l’ensemble du problème. Il estime que l’endettement du secteur agricole demeure parmi les problématiques qui entravent le développement du secteur depuis les années 70 en dépit des mesures décidées (effacement et rééchelonnement des dettes et autres …).
Il a indiqué que le problème de l’endettement doit être résolu dans le cadre d’une approche globale et cohérente comprenant l’élaboration de nouveaux mécanismes pour financer les petits éleveurs et pêcheurs à des conditions faciles qui tiennent compte de leurs spécificités et de leurs capacités de remboursement.
Selon lui, il s’avère qu’il est impossible d’appliquer les conditions bancaires actuelles aux petits agriculteurs, appelant à la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi, d’encadrement et d’assistance pour les aider à remédier à leurs problèmes dans l’immédiat, en évitant l’accumulation des dettes et l’incapacité totale de paiement.
Il a proposé de réviser les taux d’intérêts et de les adapter aux spécificités du secteur agricole, outre la révision des tarifs requis pour l’adhésion aux systèmes de l’assurance agricole et de l’assurance contre les catastrophes ainsi que l’encouragement de regroupements des agriculteurs dans le cadre des sociétés mutuelles des services agricoles.
Le secrétaire d’Etat a, par ailleurs, jugé nécessaire de résoudre les problèmes fonciers pour permettre aux agriculteurs de fournir des garanties aux banques, de sensibiliser davantage les agriculteurs à la nécessité d’adopter le comportement du compter sur soi et de considérer le crédit dans le domaine agricole comme une dette à payer et non pas un don ou une prime de l’Etat.