Forum de l’ATUGE : “L’administration tunisienne est violée par la politique“

Par : TAP

forum-atuge-19092013.jpgLes enjeux et les défis des entreprises publiques et de l’administration tunisienne ont été au centre des débats du 22ème forum de l’Association des Tunisiens des grandes écoles (ATUGE), organisé jeudi au Palais des congrès à Tunis.

Ce conclave d’une journée est, d’après ses organisateurs, un rendez-vous annuel pour tous les chercheurs d’emplois pour rencontrer les sociétés tunisiennes désireuses de recruter.

“Cette mise en relation est aussi accompagnée par des entretiens à blanc et des séances de coaching afin que les candidats soient les plus prêts et plus motivés que possible pour décrocher un emploi”, a souligné Walid Kalbousssi, président de l’ATUGE (lire notre interview).

Intervenant à cette occasion, Mansour Moalla, ancien ministre et ancien directeur de l’ENA (Ecole nationale d’administration), est revenu sur le fonctionnement actuel de l’administration tunisienne, la qualifiant de “centralisée”.

“Le développement économique requiert, pourtant, la démocratie et la décentralisation”, a-t-il dit, suggérant la création de municipalités homogènes en transformant les gouvernorats actuels en “grandes communes“ qui seront dirigées par des présidents élus ayant des pouvoirs et des ressources propres.

Il a également proposé la création de régions économiques qui regroupent 4 ou 5 communes outre la création de grandes universités.

L’intervenant est allé jusqu’à dire que “l’administration tunisienne est aujourd’hui violée par la politique” et que “cette anomalie ne pourra cesser que lorsque l’Etat deviendra une puissance publique”.

“L’Etat est passé de l’Etat providence à l’Etat totalitaire, puis actuellement à l’Etat de puissance publique et promoteur”, a-t-il rappelé à ce sujet.

D’après lui, l’administration doit être “allégée, neutre et efficace pour pouvoir créer de l’emploi”.

Baisse de la productivité de l’entreprise publique

Pour sa part, Mustapha Kamel Nabli, ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), a souligné que l’administration tunisienne a effectivement résisté à l’effondrement, mais parallèlement la productivité de l’entreprise publique a largement baissé.

“Le volume des salaires de l’administration centrale a augmenté de 47% entre 2010 et 2013 alors que son rendement a largement baissé”, a-t-il soutenu. “Les entreprises publiques ont enregistré des augmentations aux niveaux des salaires et des effectifs, ce qui a relevé leurs coûts alors que la production a connu une baisse vertigineuse”, a-t-il insisté.

L’augmentation des coûts a engendré des déficits financiers importants des entreprises publiques, a encore relevé l’ancien patron de la BCT, et ces déficits constituent “une véritable bombe à retardement”, d’après ses dires.

Pour lui, il est nécessaire d’adopter la méthode de gestion par objectifs pour optimiser les résultats par rapport aux moyens et de revoir les nominations dans les administrations.

“Il convient d’adopter des règles claires lors de la nomination des hauts cadres pour dissocier l’enjeu politique en se basant sur la compétitivité et la transparence”, a-t-il souligné.

L’administration tunisienne donne peu d’importance à l’efficacité

Hichem Elloumi, vice-président de l’UTICA, a souligné, de son côté, que l’administration et la fonction publique “n’attirent plus les hauts potentiels tunisiens”.

A son avis, l’administration tunisienne fonctionne selon le mode de respect des procédures et ne donne pas beaucoup d’importance à l’efficacité, la performance et la qualité des services.

Pour pallier cette lacune, il propose le renforcement du partenariat public/privé à travers l’externalisation des services et la révision du niveau des salaires des cadres supérieurs afin d’attirer les hauts potentiels outre la mise à niveau de l’administration en se basant sur la gouvernance.

A noter que parallèlement à l’espace débat, le forum de l’ATUGE comporte des “espaces entreprises”, “espace employabilité”, “village entreprenariat”, “village associatif” outre le salon networking.

WMC TAP