Du 24 au 28 septembre, les films de «Human Screen Festival» passeront dans 4 salles de la capitale en plus d’une douzaine de villes et villages à l’intérieur du pays.
Né l’année dernière, ce festival a pour ambition de se joindre à une chaîne de manifestations de cinéma des droits humains d’envergure internationale comme “The Nuremberg International Human Rights Film Festival”, “One World International Human Rights Documentary Film Festival de Prague” et “Karama Human Rights Film Festival de Jordanie“.
Human Screen Festival, un festival cinématographique qui porte une vision plus militante du cinéma, est porté par l’Association culturelle tunisienne pour l’insertion et la formation (ACTIF). Son propos essentiel est d’organiser, former, promouvoir, soutenir et assister des programmes culturels et artistiques novateurs en Tunisie. Elle s’inscrit dans une stratégie globale visant à mettre en place des mécanismes de culture et de droits de l’Homme, de sensibilisation et de formation tout au long de l’année, à travers des week-ends et des caravanes qui offriront des rencontres régulières avec les gens. Le festival du cinéma des droits de l’Homme n’est qu’un maillon d’un long travail qui s’inscrit dans la durée.
Rencontre avec le président d’ACTIF, le talentueux jeune cinéaste Lyes Baccar pour en savoir plus sur le festival, l’association et ses projets personnels.
WMC: En quoi consiste le Festival international des droits de l’Homme?
Lyes Baccar: «Human Screen Festival» consiste à projeter des films qui ont attrait aux droits de l’Homme. Chaque année nous choisissons deux ou trois thèmes phares. Cette année, nous avons opté pour un focus sur les droits de la femme avec la section «Films et Femmes».
Nous avons aussi opté pour une section dédiée aux droits de l’enfant, au droit à l’énergie en plus de la section incontournable consacrée au droit à la justice.
A qui s’adresse le Festival?
A presque tout le monde. Nous avons différents types de projections qui s’adressent aux enfants, aux jeunes et moins jeunes.
Pour cette session, nous assurerons des projections pour les prisonniers comme ceux de la Mornaguia, à la prison des femmes de La Manouba ou l’Islahiya de Morouj» pour les adolescents. C’est une première!
Human Screen Festival projettera des films d’enfants d’Amnesty International et des films d’Ecole du Danemark, d’Allemagne et de Turquie. Soit environ autour de 60 films entre courts et longs métrages.
Quels sont vos moyens?
Nous sommes une petite équipe d’une trentaine d’organisateurs avec les volontaires pour le festival. Nous sommes soutenus, pour cette session, par l’ambassade de Suisse, le réseau euroméditerranéen des droits d’Homme, Amnesty international, le ministère de la Culture.
Des mécènes ou des sponsors?
C’est une année très difficile. Le festival requiert un budget de 70 mille dinars et nous en sommes à la moitié. Nous comptons résorber notre déficit par nos activités de formation dans le domaine de l’audiovisuel, le vidéo journalisme, la formation ou reformation des animateurs culturels ou des journalistes.
Nous nous spécialisons dans la production pour la société civile et l’initiation à la production cinématographique pour les enfants et les adolescents.
Combien de spectateurs ont été enregistrés la session écoulée?
Autour de 2.500 spectateurs. Cette année nous espérons doubler et faisons l’ouverture du festival avec le film documentaire de 90 minutes de Hbib Mestiri qui retrace la vie de Chokri Belaid à la salle du Colisée à Tunis.
Pour finir, quelle est l’actualité de Lyes Baccar? Nous savons que suite au mouvement «Tamarrod», vous avez sauté dans un avion avec probablement deux destinations l’Egypte et un film…
En effet, j’ai terminé «Youm 30», un long métrage de 78 minutes qui sortira vers la fin 2013 en salles. C’est l’histoire d’une jeune cinéaste qui fait un film sur le mouvement du 30 Juin. Dans sa recherche, elle part de «Tahrir» avec un chauffeur de taxi pro-Morsi qui l’invite à voir les choses du côté de la place «Rabiaa». C’est ainsi que nait une amitié entre deux personnes que tout oppose.
«Youm 30» est-elle une fiction avec des acteurs ou un documentaire pris sur le vif?
Le film est tourné avec des faits et des personnages réels. Je reste dans le documentaire de création; c’est-à-dire que l’on crée du cinéma avec des faits réels. C’est un style qui consiste à créer une œuvre à partir de prélèvements réels. En plongeant dans la réalité on voyage et se transporte dans le cinéma.
Avez-vous des projets en Tunisie?
Absolument. Je tourne depuis un an et demi un film sur les femmes: «Nisaa fi faoudha» ou «women in chaos»; c’est l’histoire des femmes vue par un homme.
Le film est conçu comme un journal où un auteur se pose une question sur les femmes et au bout duquel ses propres questions deviennent l’objet du film au fur et à mesure des lieux, temps et personnes qu’il traverse.
Ce film fait remonter les archives et traite de toutes les femmes, la rurale et la citadine, l’actrice et la mère, l’analphabète et l’artiste… Un grand patchwork qui en est au stade des finitions et qui se présentera en version courte de 26 minutes avec pour titre «Nisas Biladi» et une autre plus longue qui sortira au début de 2014.