Le logo de Criteo (Photo : Eric Piermont) |
[20/09/2013 13:25:31] Paris (AFP) La pépite du net Criteo a certes préféré se coter aux Etats-Unis plutôt qu’en France mais cela ne devrait pas empêcher la Bourse de Paris de renouer avec des opérations d’envergure après une période creuse.
Créé en 2005, ce joyau de la high-tech française est partie s’introduire en Bourse sur le Nasdaq aux Etats-Unis afin de lever jusqu’à 190 millions de dollars.
Plus une question d’attractivité de la Bourse de Paris, ce choix est avant tout rationnel.
“Les sociétés technologiques obtiennent une valorisation importante aux Etats-Unis où les fonds, les investisseurs et les analystes connaissent parfaitement le secteur”, souligne Philippe Kubisa, associé chez PricewaterhouseCoopers (PwC) et spécialisé dans les marchés de capitaux.
“La mondialisation met en concurrence les places boursières en termes d’investisseurs et de valorisation”, rappelle-t-il.
Il reste que cette opération rappelle que la Bourse de Paris est toujours à la recherche d’une opération symbolique.
“Nous attendons depuis la crise une opération de taille très significative qui accélèrerait la dynamique de cotation sur notre marché parisien. Une grande opération qui se passe bien permet à tous ceux qui sont dans les starting blocks de se lancer”, relève Marc Lefèvre, directeur du développement commercial et des relations avec les émetteurs européens de NYSE Euronext.
Le marché des introductions en Bourse, vitrines d’une place financière, est à la traîne par rapport aux Etats-Unis, à l’Angleterre et l’Allemagne. Il faut dire que l’indice CAC 40 lui-même compte un retard qu’il est en train de combler par rapport aux autres indices vedettes de ces pays.
La dernière introduction importante remonte à début 2010 avec le groupe de maisons de retraite Medica qui avait levé 300 millions d’euros.
“Au cours des dernières années classées sous le signe de la crise, il y a eu une baisse de l’activité mais également une instabilité politico-financière certainement plus importante que dans d’autres pays. Certaines annonces vont dans le bon sens avec notamment le PEA-PME”, rappelle M. Lefèvre.
Plusieurs exemples sont parlants, comme le choix de Constellium, l’ancienne partie aval des activités de Péchiney dans l’aluminium, de lever des fonds aux Etats-Unis, même s’il bénéficie d’une double cotation à New York et à Paris.
Par ailleurs, après Total qui a transféré sa communication financière à Londres, le groupe pétrolier Maurel et Prom envisage une double cotation à Londres en plus de Paris, pour des raisons de valorisation.
Pourtant, “la faiblesse de la place de Paris n’est pas forcément structurelle”, estime M. Kubisa.
La Bourse de Paris n’est pas dénuée d’atouts. Elle attire les jeunes sociétés de biotechnologies et a réalisé plusieurs scissions, à l’image de CFAO, Aperam, Edenred et la Fnac.
Marché secondaire
De surcroît, “il n’y a pas que la partie introduction en Bourse qui témoigne de la vigueur d’un marché”, souligne un banquier parisien.
Le marché secondaire fonctionne très bien avec les cessions de blocs et les augmentations de capital qui peuvent concerner plusieurs centaines de millions d’euros. Dernièrement, Groupama est sorti de Société Générale et Eiffage, tandis que l’Etat a vendu des parts dans EADS et Safran.
L’avenir pourrait en outre se révéler plus porteur pour Paris concernant les introductions en Bourse, sur fond de reprise économique en zone euro et du retour des investisseurs anglo-saxons.
“On espère plusieurs grandes opérations d’autant que l’environnement est bon”, observe le banquier parisien.
“Le marché est en train de frémir et de se réouvrir, avec notamment Numericable, une opération très importante dont la valorisation devrait tourner autour de 5 milliards d’euros”, note Marc Lefèvre. Une telle capitalisation en ferait la plus importante pour une introduction en Bourse depuis 2007 à Paris.
Numericable devrait être suivi par la filiale spécialisée dans le stockage d’énergie du groupe Bolloré. L’opérateur télécoms SFR pourrait également être concerné, sa maison mère Vivendi souhaitant s’en séparer.
Par ailleurs, le spécialiste des revêtements de sols Tarkett et le groupe de paiements électroniques Atos Wordline, pourraient être intéressés.
Enfin, ironie du sort, la Bourse de Paris elle-même devraient bientôt être mise sur le marché. L’américain ICE, en passe de racheter NYSE Euronext, prévoit de mettre en Bourse en 2014 la partie européenne à savoir Euronext, qui chapeaute les Bourses d’Amsterdam, Bruxelles, Paris et Lisbonne.