Le monde entier regarde les séries américaines, pas toujours légalement

e59af2fb3ba71391c9d3a1cb261293ef514677fe.jpg
écran à San Francisco (Photo : Justin Sullivan)

[21/09/2013 08:49:17] Los Angeles (AFP) Le monde entier, de la Corée du Nord à la France, regarde les séries américaines –qui seront honorées dimanche en Californie aux Emmy Awards–, mais pas toujours légalement.

Le visionnage illégal de ces séries est “devenu assurément un gros problème”, affirme Tim Westcott, analyste au cabinet de conseil des médias IHS Screen Digest.

“Les gens en dehors des Etats-Unis peuvent télécharger des copies piratées des nouvelles séries quelques minutes seulement après leur lancement, par l’intermédiaire de sites internet de partage”, explique à l’AFP ce spécialiste basé à Londres.

“Le piratage est devenu un souci pour la télévision comme il l’est pour le cinéma”, renchérit Beth Braen, de l’Association américaine des directeurs de programmes (NATPE).

Les séries télévisées américaines ont commencé à avoir du succès hors des frontières il y a plusieurs dizaines d’années avec “Alerte à Malibu” ou “Dallas”.

Ont suivi depuis “House of Cards,” “Breaking Bad”, et “Game of Thrones”, qui figurent parmi les séries qui se battront dimanche pour la gloire — et la richesse qui s’ensuit. Les revenus de la télévision payante l’an dernier dans le monde ont grimpé de près de 30% à plus de 184 milliards de dollars, selon une étude citée par le journal Hollywood Reporter.

En France, fière de son “exception culturelle” qui permet de protéger producteurs de télévision, cinéma ou musique, les programmes télévisés sont pourtant dominés par les séries.

Parmi les plus populaires dans l’hexagone figurent “Dr House” et “Les Experts”. Le plus gros succès revient au “Mentalist”, qui attire régulièrement plus de 7 millions de téléspectateurs sur la première chaîne privée française, TF1.

Ces séries ont aussi beaucoup de succès en Chine, où elles sont regardées surtout illégalement en streaming (sans téléchargement) sur internet, souvent le lendemain de leur lancement aux Etats-Unis.

Au Japon, le développement de la chaîne NHK dans le satellite a permis de proposer une grande variété de séries, comme “Glee” et “Desperate Housewives”, ou la série fantastique “Once Upon A Time”, qui a démarré ce mois.

Netflix, goutte dans l’océan

La Corée du Nord a souvent raillé la culture étrangère “décadente” et banni quasi tous les films américains et sud-coréens de ses écrans, mais la technologie permet à certains de contourner les barrières, et les séries préférées sont désormais “Sex and the City” et “Desperate Housewives”.

“J’ai prêté une fois à quelqu’un tous les DVD de la série +Desperate Housewives+ et quand j’ai rencontré cette personne le lendemain, elle avait de grands cernes autour des yeux. Ils avaient regardé la série complète pendant toute la nuit”, raconte dans ses mémoires l’ancien ambassadeur britannique à Pyongyang, John Everard.

En Amérique latine, le téléchargement illégal ou le partage sur internet est devenu monnaie courante.

Le potentiel des marchés hors Etats-Unis est immense. “La télévision est indiscutablement devenue plus internationale que jamais”, affirme à l’AFP Tim Gray, du magazine Variety. Mais du coup “tout le monde a davantage besoin de contenus”.

“Les nouveaux marchés s’ouvrent tous en même temps (…) et les nouveaux entrants cherchent des contenus de grande qualité, idéalement aussi en grand volume”, précise M. Westcott.

Comparant le piratage télévisé au piratage musical, les spécialistes soulignent que les producteurs de télévision vont devoir à leur tour trouver le moyen de convaincre les téléspectateurs de regarder légalement ces séries.

Le service de vidéos en streaming Netflix, très répandu aux Etats-Unis, est montré en exemple. La série “House of Cards”, produite pour Netflix, est la première série diffusée exclusivement sur internet figurant parmi les nominées aux Emmys.

Fondée en Californie en 1997, Netflix compte plus de 37 millions d’abonnés dans 40 pays dont le Canada depuis 2010, l’Amérique latine depuis 2011, le Royaume-uni, l’Irlande et les pays nordiques depuis l’an dernier.

Mais ses services, comme ceux de la société Hulu, sont une goutte dans l’océan des contenus téléchargés illégalement.

“Tout le monde est d’accord pour constater la crise, mais personne ne sait vraiment quoi faire pour y remédier”, estime M. Gray.