Faute de remèdes miracles, l’économie palestinienne condamnée à stagner

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à Bethléem (Photo : Musa al-Shaer)

[21/09/2013 16:21:16] Jérusalem (AFP) L’allègement des restrictions israéliennes et un ambitieux plan international en gestation offrent des chances de redémarrage de l’économie palestinienne, mais les tendances actuelles sont inquiétantes, selon une série de rapports publiés cette semaine.

Israël a augmenté en septembre de 5.000, soit plus de 10%, le nombre de permis de travail sur son territoire accordés à des travailleurs palestiniens de Cisjordanie et à partir de dimanche, le gouvernement doit autoriser l’importation de matériaux de construction pour le secteur privé à Gaza, des mesures destinées à favoriser les pourparlers de paix relancés fin juillet.

L’émissaire du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) Tony Blair a salué “un pas important pour créer un environnement plus favorable aux négociations diplomatiques et préparer le terrain à l’initiative économique plus globale à laquelle nous travaillons depuis quelques mois”.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait annoncé en mai un plan de 4 milliards de dollars d’investissements dans huit secteurs de l’économie palestinienne à fort potentiel, dont l’élaboration a été confiée aux services de M. Blair.

Dans son rapport publié en vue de la réunion des donateurs à la Palestine à New York le 25 septembre, le coordinateur de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, puise dans la reprise des négociations “l’espoir de voir se réduire le fossé entre les progrès pour l’édification d’un Etat (palestinien) et l’absence d’avancées sur le plan politique”.

La Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) soulignent également ces perspectives encourageantes, mais insistent sur la précarité financière de l’Autorité palestinienne, à laquelle il manque encore quelque 300 millions de dollars (225 millions d’euros) pour boucler son budget annuel.

“La production économique en Cisjordanie s’est rétractée au premier trimestre 2013 pour la première fois depuis 2002 et le chômage à Gaza a quasiment atteint 30% au premier semestre 2013”, s’alarme la BM.

“Les restrictions imposées par le gouvernement israélien continuent à être le frein le plus significatif à la croissance économique”, rappelle-t-elle. Le FMI prône lui aussi “un allègement large et soutenu des restrictions israéliennes”.

Trois fois moins de matériaux de construction à Gaza

L’autorisation par Israël d’importations de matériaux de construction ne suffira d’ailleurs pas à compenser la chute de l’approvisionnement provoquée par la fermeture des tunnels de contrebande sous la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza.

“Environ dix tunnels fonctionnent actuellement, contre 300 avant juin 2013”, précise le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

A partir de dimanche, les quantités importées quotidiennement via Israël, sauf les week-ends, seront de 1.600 tonnes de gravier, 800 tonnes de ciment, et 400 tonnes de fer. Ce sera la première fois depuis la prise de contrôle de Gaza par le Hamas islamiste en juin 2007 qu’Israël laisse passer du fer et du ciment, indique l’ONG israélienne Gisha.

Mais avant la fermeture massive des tunnels par l’armée égyptienne à la suite de la destitution du président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet, près du triple, soit 7.500 tonnes de matériaux entraient quotidiennement par cette voie, souligne l’Ocha.

Le gouvernement du Hamas estime les besoins de Gaza à 6.000 tonnes de gravier, 4.000 tonnes de ciment et 1.500 tonnes de fer par jour.

Le rapport de l’Autorité palestinienne aux donateurs, intitulé “Déverrouiller l’accession à un Etat”, souligne la responsabilité prépondérante d’Israël, qui contrôle tous les accès aux Territoires palestiniens, à la seule exception du terminal de Rafah, à la frontière entre Gaza et l’Egypte.

“Sans la fin de l’occupation israélienne, en particulier le siège de la bande de Gaza et les restrictions israéliennes en zone C (les 60% de la Cisjordanie sous contrôle total israélien, NDLR) et à Jérusalem-Est, une croissance économique durable impulsée par le secteur privé est inaccessible, ce qui provoque une hausse du chômage et de la pauvreté”, résume le gouvernement palestinien.