En réponse à certains analystes qui affirment, à tort ou à raison, que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a actionné la planche à billets en se basant sur un constat, à savoir la progression enregistrée au niveau des fonds injectés par celle-ci dans le système bancaire, portant le volume global de refinancement à plus de 5 milliards de dinars, en août 2013 contre 962 millions de dinars en moyenne en décembre 2010, la BCT a essayé d’étayer les raisons objectives à l’origine de l’exacerbation des besoins des banques en liquidité, qui, selon elle, constituent d’ailleurs une suite logique aux évolutions économiques et financières qu’a connues le pays depuis janvier 2011.
Tout d’abord, la BCT rappelle des principaux facteurs qui ont affecté généralement la liquidité bancaire. Le premier tient à l’évolution des billets et monnaies en circulation (BMC) détenus par les ménages pour assurer leurs dépenses courantes mais aussi pour des motifs de précaution. Ces derniers sont passés de 5,8 milliards de dinars en 2010 à plus de 7,6 milliards actuellement, ce qui a engendré un retrait supplémentaire d’environ 1,8 milliard de dinars des caisses des banques.
Cette évolution est en partie naturelle, dans le sens où elle suit une augmentation des revenus des ménages (les BMC évoluent annuellement à un rythme moyen de 10%, taux comparable à celui du PIB aux prix courants), toutefois, elle a été amplifiée par l’incertitude et l’inquiétude qui ont accompagné la transition.
Le deuxième facteur qui avait impacté négativement la liquidité bancaire est notamment la baisse importante des avoirs de réserve en devises qui sont revenus de 13 milliards de dinars à la fin de 2010 à environ 11,4 milliards de dinars actuellement, soit une baisse de 1,6 milliard de dinars de la liquidité bancaire.
Cette situation trouve son origine dans l’accentuation du déséquilibre du solde extérieur reflétée par une détérioration du solde de la balance courante suite principalement à l’aggravation du solde commercial, d’une part, et au repli du solde du compte capital et en particulier de celui des investissements directs étrangers, d’autre part, précise la BCT.
Le troisième facteur qui a contribué au resserrement de la liquidité bancaire est le ralentissement observé dans l’exécution du budget de l’État, étant précisé que les dépenses publiques sont de nature à fournir des liquidités au système bancaire.
Les scénarios possibles…
Maintenant, pour ce qui est de l’évolution de la liquidité bancaire pour la période à venir, la BCT prévoit deux scénarios possibles.
Soit la situation demeure au statu quo et les besoins des banques en liquidité risqueront de s’amplifier, si les facteurs à l’origine du resserrement de la liquidité ne sont pas éradiqués. En particulier, les perspectives d’évolution des exportations des phosphates et des produits pétroliers, d’une part, et la reprise dans le secteur touristique et des investissements étrangers, d’autre part, sont les conditions sine qua non de la normalisation de la situation au niveau du secteur extérieur. La lutte contre l’économie informelle contribuerait également à améliorer la donne.
Soit les conditions politiques et économiques s’améliorent. Ce qui conduira à l’amélioration des performances du secteur extérieur, à un retour de la confiance à tous les agents économiques et à une évolution positive de la situation de liquidité dans le secteur bancaire.