Le magasin Sephora des Champs-Elysées devra fermer le soir

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éphora sur les les Champs-Elysées à Paris (Photo : Jean-Pierre Muller)

[23/09/2013 14:56:52] Paris (AFP) Le parfumeur Sephora, propriété du groupe LVMH, a été condamné lundi à fermer son magasin amiral des Champs-Elysées à 21H00, une victoire pour les syndicats, mais la direction de l’enseigne a annoncé aussitôt un pourvoi en cassation et une partie des salariés protestent.

“Nous avons gagné sur toute la ligne. Sephora est condamné par la Cour d’appel de Paris à fermer à 21H00 sous huitaine et sous astreinte de 80.000 euros par infraction constatée et par salarié”, a commenté devant la presse Karl Ghazi (CGT).

Le tribunal a statué sur la demande des syndicats du Clic-P (intersyndicale du commerce de Paris CGT, CFDT, FO, SECI, SUD et CGC), qui reprochaient à Sephora d’ouvrir son magasin des Champs-Elysées, vendredi et samedi jusqu’à 01H00 et jusqu’à minuit les autres jours.

Sephora, qui réalise 20% de son chiffre d’affaires après 21H00, a indiqué dans un communiqué avoir pris “acte de la décision rendue ce jour” et décidé “de se pourvoir en cassation”. Ce pourvoi n’est pas suspensif.

Le distributeur de parfums a par ailleurs assuré qu’il allait “respecter la décision de justice” et qu’il serait “+prêt+ le jour J”.

Il a également ajouté qu’il allait “étudier rapidement les conséquences de cette décision pour l?emploi”. “Plus de 50 personnes, toutes volontaires, étaient en effet employées pour permettre d?ouvrir le magasin à la clientèle touristique des Champs-Elysées jusqu?à minuit en semaine et une heure du matin le week-end”, souligne la direction de Sephora, propriété du groupe LVMH.

“On fera tout pour qu’il n’y ait pas de licenciement”, a indiqué la direction du magasin qui emploie au total environ 200 salariés.

“Un coup de poignard”, selon une salariée

Tous vêtus de l’uniforme de l’enseigne – un tee-shirt noir à manches courtes avec la marque dans le dos -, une cinquantaine de salariés de Sephora étaient venus au tribunal pour dire qu’ils voulaient “continuer à travailler le soir”. Ils ont rappelé que la plupart des salariés du soir avaient signé une pétition qui avait été publiée dans plusieurs quotidiens.

“C’est un coup de poignard” donné par les syndicats, a résumé Inesco Sampiecro, l’une des vendeuses, à l’AFP. Elle se dit “éc?urée, outrée de la façon dont le syndicats s’en sortent”. “On travaille comme ça depuis des années. Se préoccupent-ils du changement que ça va provoquer dans nos vies?” a-t-elle ajouté.

En revanche, selon Eric Sherrer, du Clip-P, la pétition des salariés, “financée par Sephora, a été un vrai chantage à l’emploi”. “Présentée par leur chef de service ou leur responsable, les salariés n’ont eu d’autre choix que de la signer”, a-t-il affirmé à l’AFP soulignant “les milliers d’euros dépensés pour justifier un recours illégal au travail de nuit”.

Il estime également que “la justice a frappé très fort avec cette astreinte” et que “cela veut dire que si à 21H30, on constatait qu’il y a 70 salariés présents, le parfumeur aurait une amende de 70 fois 80.000 euros”.

Selon Stéphane Kadri, avocat du Clic-P, “pour la cour d’appel, il y a une évidence: Sephora viole la loi”. Il a assuré à l’AFP, que les syndicats n’ont jamais perdu en référé sur ce sujet. “En matière de droit des référés, il y a une notion d’évidence de la règle de droit qui permet au juge de statuer en urgence”, a-t-il expliqué.

Pour la déléguée centrale SUD, Djilla Delahaye-Yelmani, “Sephora voulait généraliser le travail de nuit à tous les magasins et nous, on dit non”, a-t-elle ajouté.

Sur le travail nocturne, la loi dispose que le recours au travail entre 21H00 et 06H00 est en principe exceptionnel et doit être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. Une autre période de travail de nuit peut toutefois être prévue par un accord de branche ou d’entreprise.

En première instance, en décembre 2012, le tribunal de grande instance de Paris avait estimé qu’il n’y avait pas lieu à référé sur la demande” des syndicats. Ceux-ci avaient fait appel.