Outre un effet positif significatif sur le revenu national des deux partenaires commerciaux, plus important pour la Tunisie en valeur absolue, la conclusion d’un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) avec l’Union européenne aurait pour le plus petit des pays du Maghreb, d’après le Rapport technique intérimaire du bureau d’études Ecorys (chargé par Bruxelles d’analyser l’impact d’un tel accord sur les économies des deux parties), des effets positifs pour certains secteurs -huiles végétales, fruits et légumes– et négatives pour d’autres –notamment celui des services, à l’exception du commerce.
D’un point de vue économique, l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) devrait avoir des résultats globalement positifs pour les deux partenaires commerciaux. Mais, selon l’Evaluation de l’impact du commerce sur le développement durable dont le rapport technique a été rendu publique le 30 juillet 2013 par le cabinet Ecorys chargé de cette étude par la Direction générale du commerce de la Commission européenne, l’étude détaillée des effets économiques de l’ALECA pour des secteurs économiques particuliers montre que certains devraient augmenter leur production et exportations grâce à l’ALECA, là où d’autres connaîtront des baisses dans les deux domaines.
Ecorys s’attend à ce que l’ALECA entre l’Union européenne et la Tunisie ait un effet positif significatif sur le revenu national des deux partenaires commerciaux. On estime à 1,3 milliard d’euros les gains à long terme pour le revenu national pour l’Union européenne. Mais vue la taille de son économie, cette augmentation est, cependant, négligeable en termes de pourcentage (zéro pour cent).
Pour la Tunisie, les gains sont encore plus importants en valeur absolue, 2,5 milliards d’euros à long terme, qui se traduit par une significative croissance de 7% du produit intérieur brut. Les effets sur les pays tiers sont négatifs et proche de zéro en termes de pourcentage.
Les effets sur les flux commerciaux de la Tunisie sont significatifs, avec une augmentation de 20% des exportations et de 19% des importations à long terme. Ainsi, ces effets combinés entraînent une relative amélioration de la balance commerciale globale de la Tunisie.
De même, les salaires moyens devraient progresser significativement de 10% à long terme, alors que les prix à la consommation n’augmenteraient que d’un peu plus de 2%. Globalement, ces effets débouchent sur l’amélioration du pouvoir d’achat du Tunisien moyen. Les effets sur le commerce, les salaires et les prix sont négligeables pour l’UE.
La conclusion d’un ALECA va profiter à certains secteurs et causer une baisse de production pour d’autres. Pour l’Union européenne, les changements en production au niveau sectoriel sont proches de zéro. En Tunisie, l’effet le plus significatif est dans le secteur des huiles végétales, avec une augmentation de la valeur ajoutée de 223%, en conséquence de la baisse des tarifs douaniers de l’UE et de l’augmentation des exportations qui va en découler.
De même, le secteur des fruits et légumes, un des plus importants en Tunisie en termes de valeur ajoutée et d’emploi, devrait croître de 4 à 5% en termes de valeur ajoutée.
Dans le secteur industriel, la mécanique (+47%), les équipements de transport (+20%) et les machines et équipements électriques (+18%) enregistreront les plus fortes progressions de la valeur ajoutée, alors que la plupart des secteurs industriels connaîtront une augmentation des exportations.
Le commerce, le secteur le plus important dans les services, devrait connaître la plus forte croissance (+12%). On prévoit une baisse des exportations dans la plupart des secteurs de service. Ailleurs, les secteurs les plus affectés sont le textile, les produits non minéraux, la pétrochimie (tous les trois autour de -15%) et le cuir (-11%). L’énergie primaire, les produits animaliers, l’habillement, le caoutchouc et plastique et le transport intérieur, des secteurs relativement importants dans l’économie tunisienne, enregistrent une baisse plus modeste.
Au total, la part de l’emploi augmenterait dans l’huile végétale, la mécanique, les fruits et légumes ainsi que dans le secteur commercial. Elle baisserait dans les céréales, le textile et le transport aérien.