Smartphone : BlackBerry annonce sa vente le jour où Apple brille

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ésentation de la nouvelle plateforme logicielle du fabricant de smartphones BlackBerry Research in Motion (RIM), à New York, le 30 janvier 2013 (Photo : Timothy A. Clary)

[24/09/2013 04:43:32] Montréal (AFP) Le canadien BlackBerry, ex-icône des nouvelles technologies, a annoncé sa vente à des investisseurs pour seulement 4,7 milliards de dollars lundi, le jour même où son rival Apple revendiquait de son côté des ventes record pour son nouvel iPhone.

BlackBerry, ex-leader des smartphones qui n’est plus que l’ombre de lui-même depuis l’arrivée sur les marchés de l’iPhone et des générations plus récentes de smartphones, va être racheté par un consortium d’investisseurs, emmené par le fonds d’investissement canadien Fairfax.

Déjà premier actionnaire avec 10% du capital, Fairfax propose 9 dollars par action. Le titre a terminé la journée à 8,82 dollars à New York, bien loin de son record de juillet 2007 quand il cotait 230 dollars, quelques mois après la sortie du premier iPhone.

BlackBerry valait alors près de 100 milliards de dollars en Bourse. Son étoilé a depuis beaucoup pâli et, cruelle ironie, Apple annonçait lundi la vente de plus de neuf millions de ses nouveaux iPhones en trois jours.

En procédant au sauvetage de BlackBerry, le consortium d’acquéreurs a décidé de retirer le groupe de la Bourse, ce qui pourrait intervenir dès le 4 novembre, échéance de l’offre de rachat.

Le Wall Street Journal avait rapporté vendredi que l’ex-fondateur et PDG de BlackBerry Mike Lazaridis s’était associé avec des fonds d’investissement afin de racheter la société qu’il avait créée en 1984. Une telle opération viserait à restructurer le groupe à l’abri des marchés financiers, comme Steve Jobs avait remis sur les rails Apple. Et comme M. Jobs, M. Lazaridis s’était fait évincer de sa société, en janvier 2012.

Chute libre

“C’est sans doute la meilleure solution pour BlackBerry”, a commenté l’analyste Jack Gold, tout en notant qu’il était trop tôt “pour juger si (cette décision) intervenait trop tard”.

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émonstration du nouveau Blackberry Z10, à Washington le 16 avril 2013 (Photo : Saul Loeb)

Avec une période de six à douze mois “pour faire ce qu’il veut” à l’abri de tous, le groupe “pourra au moins devenir plus séduisant pour une acquisition”, a-t-il relevé, alors que les noms de plusieurs repreneurs potentiels circulent depuis plusieurs mois, notamment celui du groupe informatique chinois Lenovo.

“Un nouveau chapitre excitant”

L’accord conclu entre le conseil d’administration de BlackBerry et Fairfax fait suite à l’annonce vendredi du licenciement de 4.500 employés du groupe de Waterloo, au sud de Toronto, soit 40% du personnel de la société canadienne. BlackBerry avait également révélé une perte d’exploitation de près d’un milliard de dollars pour le deuxième trimestre de son exercice en cours et une perte nette de 250 à 265 millions.

Pour le courtier canadien Canaccord, la décision de BlackBerry confirme que la société vise son démantèlement, tant “le marché des smartphones est compétitif” et tant la nouvelle gamme BlackBerry 10 est “peu profitable”. “Même avec les grosses coupures annoncées (vendredi), BlackBerry ne peut pas retrouver une profitabilité”, a fait valoir Canaccord.

En chute libre malgré le lancement au début de l’année d’un nouveau système d’exploitation et d’une nouvelle génération d’appareils, BlackBerry avait formé en août un comité spécial chargé de formuler des recommandations sur l’avenir de la société.

Le PDG de Fairfax, Prem Watsa, avait d’ailleurs démissionné du Conseil d’administration de BlackBerry mi-août pour éviter “d’éventuels conflits d’intérêt” alors que l’instance dirigeante du groupe canadien venait de former ce comité spécial.

“Cette transaction va ouvrir un nouveau chapitre excitant pour BlackBerry, ses clients, ses opérateurs et ses employés”, a d’ailleurs assuré M. Watsa lundi, disant suivre “une stratégie à long terme” qui vise à “offrir des solutions pour entreprises qui soient supérieures et qui renforcent leur sécurité”.

Ce développement souligne l’échec de la stratégie déployée par le successeur de M. Lazaridis, Thorsten Heins, un ancien de Siemens qui avait repris en main l’innovation vacillante de BlackBerry, retardant notamment la sortie des nouveaux téléphones.

Au tout début des années 2000, le smartphone BlackBerry avait été le premier sur le marché des téléphones dits intelligents et était devenu l’outil indispensable de tous les responsables d’entreprises et des hommes politiques en Amérique du Nord et en Europe.

Au niveau mondial, BlackBerry ne pèse plus que 3% du marché des smartphones quand le système Android équipe 8 téléphones sur 10 dans le monde et Apple 13%.