La Troïka a rompu les ponts en esquivant le point essentiel de la feuille de route du Quartet. Partant du constat de l’échec de leur initiative conjointe, les membres du Quartet vont mobiliser leurs bases respectives. La pression populaire va monter. Est-ce le commencement de la fin?
Comme promis, le Quartet a organisé une conférence de presse commune, samedi 21 septembre, pour révéler qu’Ennahdha a esquivé sa feuille de route, causant l’échec de l’initiative de dialogue national. Les quatre parrains ont parlé d’une même voix et ont adopté une position commune.
Ennahdha a mené ses interlocuteurs en bateau durant un mois et vingt jours. Pendant toute cette période, le parti islamiste a fait miroiter la possibilité d’un consensus. Mais en bout de parcours, il a pris tout le monde à contrepied. Au lieu d’un accord ferme sur un planning clair et précis, la contre-offre d’Ennahdha, publiée dans son communiqué du vendredi 20 septembre, privilégie un nouveau round de dialogue.
Le Quartet a fait savoir ce samedi qu’il refuse de s’engager dans ce labyrinthe à l’issue incertaine. Le pays ne peut plus attendre. Les patrons lèvent le pied. Ils ne peuvent s’engager à investir, faute de visibilité. Les travailleurs grognent de voir leur pouvoir d’achat laminé par l’inflation. La société civile est dans l’expectative du fait des menaces sur les libertés. La rupture politique ouvre la voie à l’inconnu.
Même si le pire n’est jamais sûr, la confrontation se profile entre la Troïka et le bloc démocratique. A ce train là, l’Etat se trouve en danger. Les deux blocs ne manqueront pas de se faire face. La crise politique va culminer accentuant le grippage du système économique. Décrivant une situation similaire, le Général de Gaulle, en son temps, avait parlé de “chienlit“. Gros temps sur le pays!
Le différend sur la démission du gouvernement: le point de discorde
Les partis de la Troïka, dont principalement Ennahdha, refusent la démission du gouvernement comme première étape du règlement de la crise. Le gouvernement veut demeurer aux commandes le temps de finaliser le parcours de la transition “constitutionnelle“. Après coup, il envisagerait de passer la main.
Le Quartet dit niet car ce parcours n’est pas sécurisé et qu’il peut dérailler. Cela tient plus du stratagème que de la solution réfléchie, selon le Quartet. L’enjeu pour les auteurs de cette proposition est leur réélection. La preuve? Le carrousel des nominations qui continue pendant que le dialogue se déroulait. Cela suffit aux membres du Quartet pour crier à la malveillance.
La mainmise d’Ennahdha sur les rouages de l’Etat fera en sorte que tout le dispositif soit utilisé pour garantir sa réélection, quels qu’en seront les moyens. On connaît le topo pour l’avoir subi pendant plusieurs décennies: la pieuvre du parti-Etat peut reproduire la même machine de guerre électorale.
Donc la Troïka se trouve désavouée. Et, pointée du doigt, enfin des quatre doigts du Quartet. Le reproche est le même et n’a pas varié depuis le désaveu prononcé par Houcine Dimassi qui a préféré quitter le vaisseau car le timonier est en train de le couler, aveuglé par ses intérêts partisans de préférence aux intérêts nationaux. La messe est dite. Le masque est tombé encore une fois.
Le désenchantement national face au démantèlement de l’Etat
Dans ce climat, le pays est sujet à désarroi. Les Tunisiens sont désabusés en découvrant l’ampleur du projet calamiteux porté par la Troïka au pouvoir. Si les responsables continuent à ignorer la crise, tout porte à croire qu’elle constitue le menu de leur programme. On désarticule l’économie organisée pour mettre à la place une économie de contrebande relayée par un secteur informel. Ce dernier fait quasiment jeu égal avec le secteur organisé. L’UTICA soutient employer 1,4 million de Tunisiens, l’informel occupe 950.000 personnes. L’Etat est miné. L’Etat social est sur le point de s’effondrer.
Le Quartet dit non à ce projet invasif qui est en train de gangrener le pays. Comment le contrer? C’est là une source d’inquiétude. On va faire monter la pression en souvenir de la symbolique du 14 janvier. On va mobiliser les masses. C’est-à-dire que l’on va interposer le peuple entre les blocs antagoniques pour faire la différence.
Après le dialogue, le rapport de force’’. Le peuple d’un côté et les partisans de l’autre, avec le recours probable des LPR. Quel rôle pour les forces de sécurité? Tout ce qu’on sait, c’est que ça va fronder .