Taxer les jeux vidéos pour aider la production française?

186d3b1e54b8f185df78c0e8fb09ca3f51067752.jpg
à Paris le 1er novembre 2012 (Photo : Francois Guillot)

[24/09/2013 14:32:07] Paris (AFP) Des sénateurs préconisent la création d’une nouvelle taxe sur la vente de jeux vidéos pour financer des mesures d’aide à la production française de ces jeux qui subit des pertes d’emplois, selon un rapport du Sénat présenté mardi.

Soulignant les difficultés de l’industrie française du jeu vidéo, les rapporteurs André Gattolin (écologiste) et Bruno Retailleau (UMP) suggèrent “la taxation de l’ensemble des jeux vendus neufs sur le marché physique” en France afin de soutenir le secteur.

Le prélèvement, qui représenterait “un montant de quelques centimes ou dizaines de centimes par jeu”, “viendrait alimenter un fonds géré par le CNC” (Centre national du cinéma), chargé essentiellement aujourd’hui de financer le cinéma, en vue “d’accorder des financements à la création française dans le secteur du jeu vidéo”, selon le rapport d’information des sénateurs.

Cette taxe ne toucherait pas les jeux vendus en ligne, ni les jeux d’occasion, précisent les auteurs.

Alors que l’industrie du jeu vidéo française ne représente plus que quelque 5.000 emplois directs, contre 15.000 il y a quinze ans, et subit de plein fouet la concurrence du Canada notamment, ce rapport fait “des propositions qui essayent de construire une filière”, souligne M. Retailleau.

“La question de l’emploi est centrale”, mais les jeux vidéo représentent aussi “la première pratique culturelle des Français, on ne peut pas laisser ce secteur au bord de la route”, ajoute M. Gattolin.

Les sénateurs suggèrent également, pour aider les entreprises du secteur qui ont des difficultés d’accès au financement, la mise en place d’un fonds participatif, financé par la banque publique d’investissement (BPI), qui servirait de levier pour des financements complémentaires.

Ils préconisent aussi un “guichet unique” pour les aides au secteur, qui pourraient être renforcées: le fonds d’aide aux jeux vidéos (FAJV) et le crédit d’impôt jeu vidéo (CIJV), une mesure de soutien au secteur à l’impact jusqu’ici limité.

Face aux difficultés de distribution des petits éditeurs, les rapporteurs proposent encore la création d’une plateforme visant à promouvoir et distribuer les jeux “made in France”.

Le syndicat national du jeu vidéo (SNJV), représentant les professionnel du secteur, a salué les propositions des sénateurs tout en émettant des réserves sur la nouvelle taxe.

“On a des ingénieurs d’une qualité exceptionnelle et des artistes d’exceptions, il n’est donc pas normal que la France ne soit plus un leader du secteur”, a observé Nicolas Bensignor, membre du conseil d’administration du SNJV.