JPMorgan discute avec la justice d’un accord à 11 milliards de dollars

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éricaine JP Morgan Chase le 14 août 2013 à New York (Photo : Emmanuel Dunand)

[26/09/2013 17:36:51] New York (AFP) Le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, a rencontré jeudi à Washington le ministre américain de la Justice Eric Holder pour discuter d’un accord amiable pourrait atteindre le montant record de 11 milliards de dollars.

Les deux hommes se sont rencontrés et “la majeure partie des discussions (sur cet accord) porte sur les titres financiers adossés à des titres hypothécaires”, des titres qui ont largement contribué à la crise financière entre 2007 et 2009, lorsque le marché immobilier américain s’est retourné, a indiqué à l’AFP une source informée de la teneur des négociations.

Un accord pourrait solder plusieurs litiges impliquant la première banque américaine en termes d’actifs, notamment avec le département de la Justice (DoJ) et l’Etat de New York (nord-est).

JPMorgan est notamment poursuivie depuis 2011 aux côtés d’autres établissements pour avoir vendu entre 2005 et 2007 des milliards de dollars de titres financiers “subprime”, c’est-à-dire adossés à des prêts immobiliers risqués, aux géants américains du refinancement immobilier Fannie Mae et Freddie Mac, entraînant leur perte et conduisant à leur renflouement massif par l’Etat.

Dans sa plainte déposée en 2011, la FHFA, l’organisme de régulation des prêts immobiliers, affirmait que JPMorgan avait vendu pour 33 milliards de crédits “subprime” à Fannie et Freddie, en dissimulant le fait que ces produits financiers reposaient, in fine, sur des emprunteurs insolvables.

L’Etat de Californie (ouest) poursuit lui aussi la banque, l’accusant d’avoir lésé des investisseurs en leur vendant des titres subprime sans en dévoiler suffisamment le caractère risqué.

Selon le Wall Street Journal, JPMorgan aurait en début de semaine proposé de verser 3 milliards de dollars pour solder les poursuites en question mais le DoJ aurait refusé, et une rencontre entre MM. Dimon et Holder aurait été organisée pour poursuivre les discussions en face à face.

Jamie Dimon, photographié par les médias américains à son entrée au ministère, n’a fait aucune déclaration à la presse en le quittant deux heures plus tard sous l’oeil des caméras de télévision.

La moitié des bénéfices annuels

Lors d’une conférence de presse portant sur un autre dossier, M. Holder n’a donné aucun détail sur son entrevue avec M. Dimon mais a rappelé que son ministère s’était donné pour “priorité de mettre face à leurs responsabilités ceux qui manipulent les marchés financiers”.

Il a laissé entendre que plusieurs annonces sur ces questions seraient faites dans les semaines à venir et pourraient toucher d’autres institutions.

Connu pour s’opposer à tout effort de resserrement de la réglementation bancaire, le patron de JPMorgan est contraint de faire aujourd’hui de l’amélioration du contrôle du risque et de la résolution des litiges de plus en plus coûteux une priorité, alors que les poursuites contre sa banque, ex-enfant modèle de Wall Street, se multiplient et s’avèrent de plus en plus coûteuses.

Le montant de l’accord à l’amiable en discussion, qui serait un record pour une banque, représenterait environ la moitié des bénéfices annuels de la banque.

Ils atteignaient 21,3 milliards de dollars l’an dernier, malgré plus de six milliards de dollars de pertes de courtage dues à des paris dans les dérivés de crédit qui ont mal tourné, affaire dite de la “Baleine de Londres”.

JPMorgan avait déjà accepté la semaine dernière de payer près d’un milliard de dollars d’amendes à quatre régulateurs américains et britannique pour des manquements de ses systèmes de contrôle interne dans cette affaire, mais la banque fait toujours l’objet sur ce sujet d’une enquête du DoJ, du régulateur des marchés de produits dérivés (CFTC) et des autorités financières de l’Etat du Massachusetts (nord-est).

Par ailleurs, JPMorgan Chase reste visée par des enquêtes sur ses pratiques de saisies immobilières, pour savoir si elle n’a pas illégalement bénéficié de contrats après avoir embauché des enfants de caciques du régime chinois, ou encore sur de possibles manipulations des prix de l’énergie, thème sur lequel elle a déjà versé plus de 400 millions de dollars d’amende cet été.