L’offre pléthorique de café fait plonger les cours

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ée de grains de café (Photo : Jean-Christophe Magnenet)

[27/09/2013 09:03:39] Londres (AFP) Plombés par une offre surabondante, en particulier au Brésil, et une demande qui a du mal à repartir dans les pays riches, les cours du café se sont enfoncés ces dernières semaines à leur plus bas niveau en trois-quatre ans.

Le robusta, coté à Londres, a ainsi touché jeudi un nouveau plus bas depuis le 12 octobre 2010, à 1.656 dollars la tonne. L’arabica, échangé à New York, a lui atteint son plus bas depuis quatre ans et demi la semaine dernière à 111,10 cents la livre.

“La récolte va être importante au Brésil cette année et dans d’autres pays comme la Colombie et le Vietnam”, explique à l’AFP Gil Carlos Barabach, analyste chez Safras e Mercado.

Le Brésil, premier exportateur mondial de café avec 25% des exportations mondiales en 2012, attend en effet cette année sa plus importante récolte pour une année creuse de son cycle biennal de culture caféière.

Il devrait ainsi récolter 47,54 millions de sacs de 60 kilos, contre 50,83 millions en 2012 qui était une année faste, alors qu’habituellement la différence entre une année faste et une année creuse est plutôt de l’ordre de 5 millions de sacs.

Une performance attribuée par la Conab, une agence du ministère brésilien de l’Agriculture, à une plus grande mécanisation et à des innovations technologiques.

“Les investissements dans la rénovation des plants et l’achat d’engrais chimiques réalisés dans les années 2009-2010 portent leurs fruits aujourd’hui”, abonde Gil Carnos Barabach.

Au-delà du Brésil, la récolte s’annonce également pléthorique en Colombie, quatrième exportateur mondial.

Sur les huit premiers mois de l’année, 6,7 millions de sacs de 60 kilos ont été récoltés dans ce pays, soit 38% de plus que la même période en 2012, selon la Fédération nationale des producteurs de café de Colombie qui estime que l’objectif d’une récolte de 10 millions de sacs “pourrait être atteint, voire dépassé”.

“Entre octobre et juillet, la Colombie a connu sa plus grosse production depuis quatre ans grâce au programme gouvernemental de rénovation des plants, qui visait à soutenir les producteurs et à améliorer les pratiques de production”, détaille dans une note Christopher Narayanan, analyste de la Société Générale.

Ainsi, malgré la rouille qui affecte durement les récoltes de café des pays d’Amérique centrale, le marché souffre “d’un excédent d’offre pour la quatrième année consécutive”, souligne Tom Pugh, économiste du cabinet Capital Economics.

La soif des consommateurs freinée par la morosité économique

“En même temps, la croissance économique dans les principaux pays consommateurs a été faible, ce qui a pesé sur la demande, notamment pour l’arabica, l’espèce la plus chère”, indique à l’AFP M. Pugh.

La consommation en Europe reste encore 10% inférieure à son pic de 2010 tandis qu’elle n’a pas progressé depuis cette année-là aux Etats-Unis, le premier pays consommateur de café, souligne-t-il.

“Il est vrai que la demande dans les économies émergentes a fortement augmenté (+50% depuis 2003 selon l’Organisation internationale du café, ICO). Mais le ralentissement de la croissance économique dans ces marchés émergents, notamment au Brésil, deuxième consommateur mondial de café, devrait limiter la hausse de la demande de café”, ajoute M. Pugh.

La drastique baisse des prix – l’arabica a perdu 62% depuis son pic de 2011 et le robusta 38% – pourrait toutefois être le terreau d’une future reprise des cours.

Les bas prix subis par les cultivateurs “pourraient les conduire à ne plus investir dans leurs récoltes, ce qui ferait chuter la production et monter les prix”, prévient M. Narayanan.

La “spirale à la baisse des prix (…) risque de rendre la production de café non viable sans l’appui des gouvernements”, s’inquiétait de son côté l’ICO en juillet.

Le gouvernement brésilien a ainsi annoncé début août son intention de racheter jusqu’à 3 millions de sacs en mars 2014 au prix de 343 réais le sac (113 euros), offrant ainsi aux producteurs la garantie d’un “prix plancher”.

“Mais ce sont des volumes trop petits pour influencer les prix sur le marché”, estime Gil Carlos Barabach.