Espagne : au sortir de la récession, le budget reste de rigueur

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érité du gouvernement espagnol (Photo : Gérard Julien)

[27/09/2013 10:47:51] Madrid (AFP) Le gouvernement espagnol approuve vendredi son projet de budget 2014, marqué par la sortie de la récession et l’espoir d’une reprise, mais sans renoncer à son effort de rigueur, en gelant les salaires des fonctionnaires et en limitant les pensions de retraite.

“L’Espagne a retenu les leçons du passé. Nous savons où nous allons: nous avons un plan, la détermination pour l’appliquer et une majorité qui nous appuie”, a affirmé jeudi à New York le chef du gouvernement, Mariano Rajoy.

Après une année 2012 compliquée, sous la pression intense des marchés pour demander un sauvetage financier similaire à ceux de la Grèce et du Portugal, la quatrième économie de la zone euro affiche désormais un visage plus conquérant: “l’Espagne est de retour, et pour de bon”, a assuré le dirigeant conservateur.

Plongé dans la crise depuis l’éclatement de sa bulle immobilière en 2008 et frappé par deux récessions en cinq ans, le pays est devenu le laboratoire en Europe pour expérimenter l’effet d’une rigueur extrême et de réformes tous azimuts (marché du travail, secteur bancaire, retraites) afin de redresser l’économie.

La potion, amère socialement avec 150 milliards d’économies programmées entre 2012 et 2014, semble porter ses fruits: le pays devrait enfin relever la tête de la récession et croître de 0,1 à 0,2% au troisième trimestre, selon les prévisions de Mariano Rajoy lui-même.

Pour 2014, le Premier ministre table désormais sur une hausse du PIB de 0,7% contre 0,5% auparavant.

Mais l’austérité reste au programme, car les marchés et les partenaires européens de l’Espagne exigent une discipline sans faille sur son objectif-clé: la réduction du déficit public à 6,5% du PIB cette année puis 5,8% en 2014.

Côté dépenses, le gouvernement a fixé en juin un plafond pour 2014 de 133,26 milliards d’euros, en hausse de 2,7% sur un an.

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ût 2013 à Madrid (Photo : Dominique Faget)

Selon la presse espagnole, les budgets des ministères seront réduits de 0,7% tandis que les dépenses en prestations chômage augmenteront de 10,3%, pour faire face au taux record de 26,3%.

Dans cette cure de rigueur, fonctionnaires et retraités sont les premiers mis à contribution.

Les 2,6 millions d’employés administratifs devraient voir leur salaire gelé pour la quatrième année consécutive.

L’annonce jeudi soir a certes été sibylline, le ministère du Budget se bornant à dire que “les employés du secteur public maintiendront leurs rétributions en 2014”, avec le retour de la prime de Noël supprimée en 2012, mais les syndicats ont tout de suite compris.

“Le gouvernement prolonge la récession pour les employés publics”, a dénoncé le syndicat CSI-F dans un communiqué, soulignant “son rejet absolu de ce nouveau gel salarial” et assurant que les fonctionnaires ont déjà subi “plus de 30% de perte de pouvoir d’achat” depuis cinq ans.

“Les employés publics ont été un des premiers collectifs à subir les effets de la crise, avec le décret de Zapatero en 2010 (qui avait baissé leurs salaires de 5%), et nous n’allons pas consentir à être les derniers à en sortir”, a affirmé le syndicat.

Les plus de 9 millions de retraités espagnols seront eux aussi convertis, encore un peu plus, à la rigueur, avec une réforme qui sera approuvée vendredi. Leur pensions ne suivront plus le rythme de l’inflation.

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érité du gouvernement espagnol (Photo : Dominique Faget)

Cette indexation était “la seule manière de garantir leur capacité d’achat”, a rappelé le syndicat UGT, qui a calculé qu'”au cours des dix prochaines années, selon des estimations prudentes, la réforme du gouvernement fera perdre aux retraités entre 20 et 28% de leur pouvoir d’achat”.

“C’est une réforme inutile et malvenue”, a estimé l’autre syndicat important du pays, CCOO, qui a, lui, chiffré la perte de pouvoir d’achat entre 14,8% et 28,3% en quinze ans.

Le gouvernement assure au contraire que sa nouvelle méthode de calcul, selon une formule complexe incluant un “facteur de durabilité” du système, garantit mieux le pouvoir d’achat.

Avec cette méthode, les retraites devraient augmenter de 0,25% en 2014 alors que l’inflation était autour de 2% en moyenne depuis le début de l’année.