Le rêve américain de Vallourec tarde à porter ses fruits

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ésident du directoire de Vallourec Philippe Crouzet, le 4 juin 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[27/09/2013 17:04:02] Paris (AFP) Le rêve américain de Vallourec, qui a investi ces dernières années 2 milliards d’euros dans de nouvelles usines au Brésil et aux Etats-Unis, tarde à se concrétiser, sous l’effet de la chute du réal et de l’effondrement des prix du gaz de schiste.

Le président du directoire Philippe Crouzet l’a reconnu lors d’une conférence d’analystes tenue jeudi soir à Pittsburgh (Etats-Unis), à proximité de la nouvelle usine du groupe inaugurée en grande pompe en juin à Youngstown (Ohio), où il produit des tubes sans soudure pour l’exploration du gaz et du pétrole de schiste.

“L’amélioration de la performance” de Vallourec “sera freinée par l’affaiblissement de la parité du réal brésilien contre les autres devises et un ajustement temporaire de la demande en tubes destinés à l’équipement de nouveaux puits au Brésil”, a-t-il admis, cité dans un communiqué.

Le coût de construction des nouvelles usines américaines et brésiliennes, qui avait dépassé les budget prévu, avait pesé sur les résultats du groupe ces dernières années.

Vallourec misait sur leur entrée en fonctionnement pour enfin profiter de l’explosion de l’exploration du pétrole offshore, notamment au Brésil, et du gaz de schiste aux Etats-Unis.

Mais des difficultés qualifiées de “conjoncturelles” contrarient désormais ses ambitions. Elles sont “susceptibles d’affecter également le début de l’exercice 2014”, a prévenu le groupe, qui confirme toutefois ses objectifs pour cette année: progression des volumes et du chiffre d’affaires, et amélioration du taux de marge d’exploitation.

Des objectifs “suffisamment flous et lâches pour permettre cette rhétorique” sans procéder à leur révision, note Tangi Le Liboux, stratégiste d’Aurel BGC.

Mais à la Bourse de Paris, le titre, qui gagnait jeudi à la clôture près de 25% depuis le début de l’année, enregistrait la plus forte chute du jour. Vers 14H30 vendredi, il cédait 9,47% à 44,65 euros.

Au Brésil, la faiblesse du réal donne du fil à retordre au groupe avec une dégradation qui a atteint près de 16% par rapport au dollar depuis le début de l’année.

“L’affaiblissement du réal brésilien contre les autres devises constaté cet été aura un effet conversion négatif sur les résultats du second semestre”, a indiqué Vallourec, l’un des premiers groupes français à reconnaître un impact sur ses comptes de la chute de la devise brésilienne.

Le fabricant de tubes a beaucoup misé sur le Brésil ces dernières années où il compte sur son principal client, le géant pétrolier Petrobras.

Il y a un an, il a inauguré une nouvelle usine à proximité de Belo Horizonte, dans l’Etat du Minas Gerais, où il a investi un milliard d’euros, en partenariat avec le groupe japonais Sumitomo.

Un marché américain moins tourné vers le haut de gamme

Or, le géant pétrolier a revu sa stratégie. “Petrobras met la priorité sur la génération de trésorerie et augmente sa production de pétrole à court terme”, explique Vallourec.

Une réorientation de la demande, que le groupe qualifie de “temporaire”, et qui se traduira par une baisse du tonnage de tubes livrés sur le marché brésilien.

Mais le groupe voit un motif d’espérer pour 2014: un maintien de la parité du réal à ses bas niveaux actuels “aurait un impact positif sur la compétitivité des entités brésiliennes”, a-t-il souligné. En d’autres termes, la chute de la devise favorisera les exportations.

Aux Etats-Unis, comme il l’avait déjà fait en juillet lors de la présentation des résultats semestriels, Vallourec reconnaît que l’activité de forage du gaz de schiste “ne montre pas de signe de reprise”, trois mois à peine après l’inauguration de son usine de Youngstown.

Même si le groupe “tire parti du niveau élevé de l’activité de forage de pétrole de schiste”, il admet que cette situation “évolue vers davantage de connexions semi-premium à plus faibles marges”, des tubes moins chers que ceux utilisés dans l’exploration du gaz.

Il s’attend cependant à une reprise de la production de gaz de schiste, “dont les besoins seront portés par la consommation résidentielle, la substitution du charbon par le gaz pour la production d’électricité, la relocalisation de certaines industries pétrochimiques et enfin par les exportations envisagées de gaz naturel liquéfié”.