Celinni.com et Gemmyo.com, pépites de la joaillerie sur internet

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écran affichant le site Gemmyo.com (Photo : Franck Fife)

[30/09/2013 10:15:40] Paris (AFP) David Sussman et Pauline Laigneau ont des points communs. Ces deux trentenaires français ont créé des start-ups sur le créneau peu occupé de la joaillerie en ligne, avec un même credo: faire aussi beau qu’en boutique, mais nettement moins cher.

David Sussman, 32 ans, est le sixième d’une génération de diamantaires mais “le premier à croire qu’on peut vendre des diamants en ligne”, sourit-il. Les grands joailliers spécialistes du diamant tels Cartier, Harry Winston,Tiffany et autres De Beers misent encore peu sur ce canal.

En 2006, après des études commerciales et une incursion dans la grande distribution, David Sussman lance Celinni.com contre l’avis des siens. Sa société a réalisé un chiffre d’affaires de 1,7 million d’euros en 2012, table sur 40% de plus en 2013 et vise 6,5 millions en 2014.

Pauline Laigneau, 30 ans, normalienne passée par HEC, a elle lancé en mai 2012 Gemmyo.com, qui se veut la “première marque de joaillerie sur mesure sur Internet”, avec son mari Charif Debs (qui a fait Centrale et Harvard) et son beau-frère Malek Debs (passé par Polytechnique et les Ponts).

Sur Gemmyo.com, l’internaute peut choisir une pierre précieuse ou une pierre fine (aigue-marine, tourmaline, tanzanite, topaze, améthyste…), concevoir en 3D son bijou, passer commande et être livré. Gemmyo a réalisé un million d’euros de chiffre d’affaires en un an et compte être rentable fin 2014.

Même modèle chez Celinni: le client peut choisir une pierre seule ou un bijou, que des ateliers parisiens fournissant les plus grands joailliers fabriquent ensuite au plus vite. “On peut même vendre le diamant à 10h et livrer à 16h la bague montée, si c’est un modèle simple comme un solitaire”, explique M. Sussman.

“Notre modèle économique est très simple”

Ces deux jeunes chefs d’entreprise ont fait la même analyse: vendre en ligne, c’est éviter les stocks et les coûts qui leur sont liés (magasins, assurances…), ce qui permet de se contenter de moindres marges et donc de proposer des prix défiant la concurrence. Celinni se dit 40 à 60% moins cher qu’en boutique pour un produit équivalent et Gemmyo, de 40 à 50% moins cher.

“Notre modèle économique est très simple”, souligne Pauline Laigneau. “On ne fabrique le bijou qu’à la commande et en trois semaines dans des ateliers français travaillant pour la Place Vendôme”, le temple parisien de la joaillerie.

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ée de Gemmyo manipule des pierres, le 19 septembre 2013 à Paris (Photo : Franck Fife)

Pas de stock ne signifie pas un manque de choix. Gemmyo propose des milliers de combinaisons, vendues surtout entre 400 et 3.000 euros pièce. Celinni présente lui “une cinquantaine de milliers de pierres, toutes certifiées”.

Chez Gemmyo, tout l’achat se passe en ligne. Pas chez Celinni: “Environ 20% des clients achètent directement, sans toucher le diamant, tandis que 80% choisissent sur le site internet puis viennent conclure l’achat sur rendez-vous”, précise David Sussman.

Les deux jeunes chefs d’entreprise voient un immense potentiel pour leur activité à l’heure d’internet et d’une demande mondiale croissante. Celinni cible déjà l’Asie, il vient d’investir sur Hong Kong. Gemmyo veut d’abord “réussir” en France.

De fait, les ventes internet commencent tout juste à grignoter des parts de marché. En France, seulement 4% des bijoux précieux vendus en 2012 l’ont été à distance, selon Ecostat.

Et le créneau n’est pas saturé. Celinni ne compte que quelques concurrents français, dont le leader Adamence.com lancé en 2005, mais aussi i-diamants.com, diamant-gems.com, ruedelapaix.com…

Gemmyo reste lui assez seul. Il rêve de faire rapidement aussi bien que l’américain Gemvara dont il s’inspire, né il y a six ans à Boston et qui a franchi les 30 millions de dollars de ventes en 2012.

Pour Bernadette Pinet-Cuoq, présidente déléguée de l’UFBJOP, la fédération des producteurs de bijouterie-joaillerie et de pierres précieuses, “internet est un vecteur puissant qui peut booster la consommation” dans le secteur. “L’évolution sociologique oblige en tout cas à se poser la question d’internet”.