Un centre commercial (Photo : Jeff Pachoud) |
[30/09/2013 13:31:48] Bruxelles (AFP) Mettre à profit neurosciences et économie comportementale dans la protection des consommateurs: la Commission européenne a défriché lundi cette nouvelle piste pour renforcer la surveillance de marchés de plus en plus complexes.
Au départ, l’idée est d’en finir avec la conception d’un consommateur rationnel opérant des choix éclairés et informés et de substituer à ce client virtuel, jusque là privilégié par la science économique, un individu émotif, soumis à des pressions diverses, à la capacité d’analyse et de compréhension variable.
A l’arrivée, l’objectif est de “comprendre pourquoi la loi de la concurrence ne suffit pas”, contrairement au credo libéral, “et résoudre les problèmes” que cela pose, a résumé Augustin Landier, qui enseigne à l’Ecole d’économie de Toulouse, au cours d’une conférence organisée à Bruxelles.
Les décideurs politiques “ont besoin de l’approche comportementaliste pour répondre aux défis soulevés par les profonds changements des marchés modernes”, marqués par une offre labyrinthique, a relevé le Commissaire européen chargé des consommateurs, le Croate Neven Mimica.
La prolifération de modèles tarifaires pour la téléphonie mobile en constitue un excellent exemple, a-t-il souligné.
Le parcours du combattant requis pour acheter un billet d’avion en ligne met aussi en lumière la compétence croissante exigée des consommateurs alors même que, dans certains cas, les règlementations sanitaires ou environnementalistes lui compliquent encore la tâche, en multipliant les informations peu lisibles.
Face à cette complexité, les recherches comportementalistes ont identifié une série de biais influant sur la demande de consommation, dont la tendance à se laisser dicter ses choix, celle à surévaluer les pertes encourues par rapport aux gains possibles, ou à privilégier le court terme.
C’est dans ce cadre, a rappelé le Commissaire Mimica, que la Commission a déjà encadré l’usage des “cases” déjà cochées dans les contrats, susceptibles de piéger clients peu attentifs ou réactifs.
Le vieillissement de la population est un défi supplémentaire à relever, ont aussi souligné les intervenants.
Comme l’illustre le tristement célèbre cas des “subprimes” qui a précipité la planète dans la crise de 2008, les marchés, notamment financiers, sont pour leur part parfaitement au fait des limites à la rationalité des consommateurs, et prompts à en tirer profit.
A charge donc pour les Etats d’agir tant en amont qu’en aval, pour “voir comment rendre délictueux les comportements prédateurs” et permettre aux consommateurs lésés de faire valoir leurs droits, a relevé M. Landier, conseiller du gouvernement français pour l’adoption par ce pays de la procédure de recours collectifs.
La Commission européenne a émis une recommandation en juin pour inciter l’ensemble des Etats membres à se doter de ce mécanisme de réparation, fortement combattu en France par l’industrie selon M. Landier. Cette recommandation complète la proposition de loi européenne régissant les actions en dommages et intérêts pour les infractions au droit de la concurrence.