2èmeForum Economique de Sfax : Compétitivité et décentralisation

competitivite-01.jpg

Un rôle primordial, c’est ce que veut jouer la ville de Sfax dans les années à venir pour le décollage économique de tout le Sud de la Tunisie. Celui d’une locomotive handicapée pendant des décennies pour des raisons politiques dont, comme l’explique à juste titre Ali Bennassr, universitaire et chercheur, une marginalisation délibérée du régime Bourguiba suite à l’opposition farouche de la bourgeoisie sfaxienne à la politique collectiviste de l’État des années soixante-dix et continuée par Ben Ali qui ne voulait pas d’une puissance économique incommodante pour son pouvoir politique.

Le deuxième Forum économique de Sfax qui s’y tient les 2 et 3 octobre devrait répondre aux questions suivantes:

– La décentralisation économique de la Tunisie passera par Sfax ou ne passera pas? Sfax serait-elle la seule région en Tunisie suffisamment riche pour lancer et jouer le rôle précurseur dans une gestion décentralisée et faire naitre les contours de la nouvelle force de frappe économique de la Tunisie ?

– Le plan Marchal pour sauver l’économie tunisienne partant des régions doit-il commencer par Sfax? Ali Bennassr, rappelle à ce propos, que Sfax, qui compte plus de 10% de la population du pays et qui est considérée comme une ville dynamique et à potentiel local important, n’a reçu durant la période d’économie dirigée, entre 1962 et 1969, que 4,4% des investissements publics.

En fait, Sfax s’est construite par elle-même, il faut lui reconnaître au moins ce mérite, estime l’universitaire Ali Bennassr : «Contrairement aux autres centres industriels du pays, dont la création et l’impulsion ont été initiées par les pouvoirs publics, l’industrie sfaxienne fut l’œuvre du capital local. L’esprit d’entreprise des Sfaxiens et les ressources financières d’une agriculture tournée vers le marché ont permis de créer et de développer un pôle industriel dynamique qui, par le nombre d’établissements, d’emplois et le chiffre d’affaires, place la ville au second rang national derrière le Grand Tunis.

Pour les organisateurs du forum économique «Invest in Sfax», «les entreprises tunisiennes doivent bâtir un nouveau modèle économique à plus forte valeur ajoutée dans la santé, le commerce, l’éducation, la recherche appliquée à forte valeur ajoutée même dans le tourisme sous-exploité encore à ce jour, la biotechnologie, l’exploitation sous-marine ou encore la valorisation de nos phosphates». Ils ajoutent: «la robotisation sera le salut des industries tunisiennes en général et sfaxiennes en particulier, il va falloir sortir de la main-d’œuvre pas chère vers des emplois à plus forte valeur ajoutée. La réindustrialisation de l’Europe est peu créatrice d’emplois à bas salaire mais plus dans la création de valeurs».

A Sfax, nul ne peut également douter de la volonté des natifs de la région d’assumer pleinement leur rôle dans son développement au travers de projets clairs et bien définis.

D’autres gouvernorats devraient d’ailleurs prendre le taureau par les cornes et dessiner eux-mêmes l’avenir de leurs zones en exigeant de l’Etat qu’il assume son rôle en tant que premier investisseur dans les infrastructures de base et les commodités indispensables à une vie décente et convenable et en mettant en place des projets correspondant aux profils de leurs régions et leurs potentiels humain et naturel.

Les thèmes qui seront débattus lors du Forum de Sfax sont:

– fin de l’étude du futur tramway de Sfax,

– démarrage de l’évaluation du futur aéroport de Sfax,

– mise aux normes des infrastructures routières,

– lobbying pour de nouvelles zones industrielles et cluster international…

– lobbying pour un nouveau port commercial

– consolidation des réseaux routiers, des liaisons aériennes et maritime Sfax–Libye-Algérie.

Au moins, la vision des organisateurs et des différentes composantes économiques est claire. Dommage qu’on ne puisse pas en dire autant du gouvernement ou de ses opposants.

Parmi les partenaires du forum, figurent l’UTICA, le ministère des Finances, l’Union européenne, la BEI, la Banque africaine du développement, la fondation Konrad-Adenauer-Stiftung ainsi que l’ambassade de France.