ège du groupe pétrolier brésilien OGX à Rio de Janeiro le 1er octobre 2013 (Photo : Vanderlei Almeida) |
[01/10/2013 19:30:17] Rio de Janeiro (AFP) Le rêve du magnat brésilien Eike Batista de devenir l’homme le plus riche du monde a viré au cauchemar mardi, quand la compagnie phare de son groupe s’est déclarée incapable de payer ses dettes.
La société pétrolière OGX, considérée comme le joyau du groupe EBX de M. Batista, a en effet annoncé qu’elle était “dans l’incapacité de payer 45 millions de dollars” d’intérêts à ses créanciers.
Eike Batista, 56 ans, qui était il y a encore un an l’homme le plus riche du Brésil et figurait au septième rang mondial des milliardaires, détenait il y a un an et demi une fortune évaluée à 30 milliards de dollars, aujourd’hui réduite à 900 millions.
Ce capitaine d’industrie, fils d’un ancien ministre des Mines et de l’Energie, a profité au cours de la dernière décennie de la vigoureuse croissance économique du Brésil et de la découverte d’immenses gisements pétroliers en mer.
La faute aux astres
Incarnation de la success-story brésilienne, jadis marié à une playmate avec laquelle il a eu deux fils, le flamboyant milliardaire apparaissait régulièrement dans les magazines internationaux.
à Beverly Hills le 30 avril 2012 (Photo : Frederic J. Brown) |
Excentrique et superstitieux, M. Batista est l’auteur d’un livre de 10 recettes pour devenir riche : il y explique qu’il ajoutait toujours aux nouvelles entreprises qu’il créait au sein de son groupe EBX “la lettre X pour multiplier les bénéfices”.
L’homme d’affaires a récemment raconté au quotidien Wall Street Journal que le déclin de son empire a été dû aux astres qui lui ont été défavorables ainsi qu’à un groupe de cadres du pétrole qui travaillaient pour lui et ont abusé de sa confiance.
“Sa situation est très compliquée”, a estimé mardi l’expert brésilien de Corretora Futura, Luiz Gustavo Pereira.
La compagnie OGX cherche maintenant à gagner du temps et à avancer dans les négociations de restructuration de sa dette.
Mais la négociation s’avère “difficile” pour M. Batista, selon l’expert, car les entreprises ont prospéré rapidement sur les marchés financiers sur les seules promesses de production de pétrole. Elles ne se sont pas concrétisées et les investisseurs ont battu en retraite.
OGX dispose maintenant de 30 jours pour négocier avec ses créanciers. Passé ce délai, elle serait déclarée en défaut de paiement sur cette dette d’un milliard de dollars arrivant à échéance en 2022. Les dettes totales d’OGX s’élèvent à 3,6 milliards de dollars.
Pas un baril de pétrole
“OGX s’est bien vendu sans avoir un seul baril de pétrole”, a déclaré à l’AFP l’analyste Marcelo Pereira, du cabinet de consultants TAG Investimentos à Sao Paulo.
“M. Batista a promis ciel et terre et maintenant la situation est très délicate. Aujourd’hui, OGX ne vaut rien”, a-t-il souligné.
Cette compagnie a été fondée en 2007, l’année où le Brésil a annoncé la découverte de gigantesques gisements de pétrole pré-salifères dans l’Océan Atlantique sur 149.000 km2.
L’entreprise a attiré les investisseurs et M. Batista a élargi son empire à d’autres domaines tandis que les yeux du monde étaient tournés vers le Brésil, dont la croissance a été de 7,5% en 2010.
Mais le déclin du holding EBX a commencé mi-2012, lorsqu’OGX a réduit ses objectifs de production dans le champ pétrolifère de Tubarao Azul (sud-est), considéré jusqu’à présent comme le joyau de cette compagnie.
Un an après, OGX a secoué les marchés en annonçant qu’elle n’augmenterait pas sa production à Tubarao Azul et qu’elle pourrait même ne plus rien en extraire en 2014.
L’effondrement des entreprises d’Eike Batista cause un préjudice à l’image du Brésil, a affirmé lundi le ministre des Finances, Guido Mantega, à un moment où la croissance économique de ce pays tourne désormais au ralenti (2,7% en 2011 et 0,9% en 2012, cette année, elle devrait atteindre 2,5%).
“La situation de (la compagnie pétrolière) OGX a égratigné l’image du pays et celle de la Bourse”, a dit le ministre à Sao Paulo, émettant le souhait que les entreprises du milliardaire “retrouvent l’équilibre le plus rapidement possible”.