ésident de la BCE, Mario Draghi, le 5 septembre 2013 à Francfort, en Allemagne (Photo : Daniel Roland) |
[02/10/2013 05:20:50] Paris (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) devrait laisser mercredi son principal taux directeur inchangé à un niveau historiquement bas, tout en renouvelant son message prudent sur la reprise en zone euro.
Exceptionnellement, le conseil des gouverneurs de l’institution monétaire de Francfort tiendra sa réunion mensuelle et sa conférence de presse à Paris, selon une tradition qui voit la BCE se délocaliser deux fois par an.
“Selon nous, la majorité du conseil des gouverneurs ne verra pas la nécessité de changer de politique de taux (…) ou d’annoncer de nouvelles mesures exceptionnelles (en faveur de l’économie) étant donné la poursuite de l’amélioration des publications économiques”, estime Antoine Demongeot, économiste chez Goldman Sachs.
Pas de baisse en perspective donc pour le principal taux de la BCE, qui avait été porté en mai à 0,5%, soit son plus bas niveau historique, jugent la majorité des analystes. Mais le président de la BCE, Mario Draghi, devrait renouveler l’engagement pris en juillet de maintenir les taux bas aussi longtemps que nécessaire, voire de les baisser davantage, souligne Howard Archer, chef économiste chez IHS Global Insight.
Cette orientation donnée à sa politique monétaire -une nouveauté pour la BCE- avait pour objectif de contrer la hausse des taux observée sur les marchés alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) semblait se préparer à diminuer ses rachats d’actifs destinés à soutenir l’économie américaine. Or, depuis, la Fed semble hésiter sur le calendrier à suivre et vient encore d’annoncer continuer à injecter 85 milliards de dollars mensuellement.
L’institution monétaire de Francfort, de son côté, “veut éviter” que des propos trop optimistes conduisent les marchés à anticiper une hausse de ses taux, ce “qui mettrait en péril la reprise”, analyse Michael Schubert, de la banque Commerzbank.
La question des taux évacuée, ce seront les propos de M. Draghi concernant les prêts à long terme aux banques de la zone euro (LTRO), qui seront guettés lors de sa conférence de presse mensuelle à partir de 12H30 GMT.
La semaine dernière, il avait déclaré que son institution était prête lancer un nouvel LTRO si le niveau des taux sur le marché monétaire le nécessitait. Lors de ses deux précédents LTRO -en décembre 2011 et février 2012- la BCE avait prêté plus de 1.000 milliards d’euros à taux fixe et pour trois ans aux banques de la zone euro, dont une grande partie a déjà été remboursée.
Toutefois, cet outil n’est pas adapté pour résoudre le problème du financement des PME de la région, relève Michael Schubert. Les derniers chiffres publiés par la BCE jeudi montrent que le recul des crédits octroyés aux entreprises par les banques s’est encore amplifié en août même si une légère amélioration a été observée dans les pays en difficulté du sud.
Christian Schulz, de la banque Berenberg, estime qu'”il n’y a pas besoin d’action (de ce type) dans l’immédiat”, les liquidités étant en abondance dans le circuit tandis que la BCE a déjà prolongé jusqu’à au moins juillet 2014 ses opérations de prêt à une semaine et trois mois en faveur des banques, leur assurant de pouvoir emprunter autant qu’elles le souhaitent et à bas coût.
Si nouveau LTRO il y a, les analystes ne l’attendent donc pas avant plusieurs mois, peut-être début 2014, à un an de l’échéance de celui accordé en 2012.
Par ailleurs, des informations sont attendues sur la future publication des compte-rendus des réunions de la BCE, qui a été décidée cet été. M. Draghi a promis d’en donner les détails à l’automne.
Il sera sans doute aussi interrogé sur la crise politique italienne qui a déjà fait grimper les taux d’emprunt du pays.