La nervosité gagne les Européens face à la paralysie américaine

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ésident de la BCE, Mario Draghi (C) et le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, à Paris le 2 octobre 2013 (Photo : Eric Piermont)

[02/10/2013 16:55:03] Paris (AFP) Les appels indirects aux Etats-Unis pour que Washington sorte de l’impasse budgétaire se sont multipliés mercredi en Europe, avec ceux du président de la BCE Mario Draghi et du ministre français de l’Economie Pierre Moscovici.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a estimé mercredi à Paris que la paralysie budgétaire aux Etats-Unis, ou “shutdown” serait, “si elle se prolongeait, un risque pour les Etats-Unis et pour le monde”.

“A l’heure actuelle nous n’avons pas cette impression”, a ajouté M. Draghi alors que le blocage budgétaire américain a conduit mercredi l’administration fédérale à se mettre en position de fonctionnement minimal, pour la première fois depuis 17 ans.

Interrogé par ailleurs sur l’éventualité d’un défaut américain, si le bras de fer entre le président Barack Obama et ses adversaires républicains persistait jusqu’à une date butoir fixée au 17 octobre, M. Draghi a dit: “Nous ne voyons pas cela” se produire.

Avant lui, le ministre français de l’Economie Pierre Moscovici avait jugé que la crise aux Etats-Unis, surtout si le pays se révélait incapable de trouver un accord sur le relèvement du plafond de la dette, “pourrait freiner la reprise en cours” a rapporté mercredi la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

“Nous attendons des chiffres plus précis mais il semblerait en effet que chaque jour de blocage conduise à une perte financière importante pour le pays (les Etats-Unis) et donc des conséquences sur ses partenaires”, a-t-elle précisé.

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ée à Paris le 2 octobre 2013 (Photo : Eric Feferberg)

Faute d’accord budgétaire entre républicains et démocrates, l’Etat fédéral américain a été contraint mardi de fermer ses services non essentiels et de mettre au chômage technique des centaines de milliers de fonctionnaires. Par ailleurs le Congrès a jusqu’au 17 octobre pour trouver un accord sur un relèvement du plafond de la dette, faute de quoi la première économie mondiale risque le défaut de paiement.

Un scénario toutefois jugé peu crédible tant par Mario Draghi que par plusieurs économistes dont Benjamin Carton, économiste au CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales).

“S’ils en sont là, il faut s’inquiéter pour l’avenir des Etats-Unis”, explique-t-il à l’AFP, indiquant que le cas de figure n’était pas nouveau et que “comme d’habitude un relèvement du plafond allait être voté”.

“Pas majeur”

Pour M. Carton, l’impact du blocage américain en terme de croissance, aux Etats-Unis comme dans le monde, “n’est pas majeur”, en raison notamment du poids relativement faible du secteur public américain, par rapport à la France par exemple.

“Est-ce que cela peut casser la dynamique de croissance? Pour l’instant il n’y a pas d’évidence. Le scénario noir n’est pas là”, assure M. Carton.

“Le blocage budgétaire a été plutôt bénin jusqu’ici, les effets sur les marchés relativement faibles”, constate Laura Kodres, économiste au FMI, tandis qu’une porte-parole du ministère allemand de l’Economie indiquant qu’en cas de crise de courte durée “il ne devrait pas y avoir d’impact significatif”.

Même constat de la part de Patrick Moonen, stratégiste d’ING Investment Management, pour qui “le plus grand risque n’est pas le +shutdown+, mais la discussion sur le plafond de dette”.

Pour Benjamin Carton, c’est aussi cette “incertitude radicale sur la façon dont les Etats-Unis vont maîtriser leur déficit budgétaire”.

Elle a “un impact important pour la politique monétaire car la Réserve fédérale (c’est-à-dire la banque centrale américaine) se retrouve obligée de gérer ce chaos, alors qu’elle a bien autre chose à faire, notamment mettre fin à sa politique très accomodante”, souligne l’économiste.

Dans l’inquiétude des Européens, il voit également “peut-être une petite satisfaction” à pointer les problèmes américains, qui “relativisent la crise institutionnelle en zone euro”, laquelle a été vertement critiquée du côté de Washington.