Foire d’empoigne pour les emplois d’avenir sur un salon à Paris

4335f816caaf0ea41a955afe98239182358d3290.jpg
à Paris (Photo : Bertrand Guay)

[03/10/2013 15:39:54] Paris (AFP) “En fait j’ai pas de diplôme, c’est pour ça qu’il n’y a rien sur mon CV”: sur un salon à Paris, des centaines de jeunes sans qualification tentaient jeudi de décrocher un emploi d’avenir lors d’un “job dating” aux allures de foire d’empoigne.

Au forum “Paris pour l’emploi”, après près d’une heure d’attente, en marge d’une travée bondée, Malik Mamsouni, 19 ans, présente un curriculum vitae quasiment vierge à la responsable du recrutement pour Aéroports de Paris. Sans trop y croire.

Cheveux ras, doudoune noire, le jeune homme qui vit dans le Val-de-Marne a quitté l’école au milieu d’un CAP plomberie. Depuis deux ans, il est “refusé partout”. “De toute façon, quand t’es pas pistonné, c’est pas la peine”, dit-il.

Le candidat, qui patiente comme des dizaines d’autres ce jeudi matin sous les barnums de la place de la Concorde, est dans le coeur de cible du dispositif lancé par le gouvernement en novembre 2012. Objectif: mettre le pied à l’étrier aux jeunes chômeurs pas ou peu qualifiés. Le taux de chômage des jeunes atteint près de 25%.

Après un lent décollage, 60.000 de ces contrats subventionnés ont déjà été signés sur un objectif de 100.000 à la fin de l’année, en immense majorité dans des associations et des collectivités territoriales.

“100.000, ce n’est pas un plafond, c’est un plancher”, a lancé jeudi le ministre du Travail Michel Sapin, visiblement ravi par l’affluence, lors de son passage sur le stand qui abrite des “job datings” pour la mairie de Paris et des entreprises comme Century 21 ou Carrefour.

De 6 à 700 jeunes, aiguillés pour la plupart par Pôle emploi et les missions locales, étaient attendus pour ce seul jeudi matin, selon la mairie de Paris, alors qu’environ 300 emplois d’avenir sont à pourvoir d’ici vendredi soir.

‘Niveau d’anglais trop faible’

“Ponctuel, sérieux, sociable, calme”, Malik égrène ses “qualités” devant Ariane Goubert, d’ADP. Ce ne sera pas suffisant. Pour le poste d'”agent parc” auquel il pourrait prétendre, le permis de conduire est requis. Or il ne l’a pas.

Fin de l’entretien qui a duré une poignée de minutes: “Désolée , mais au regard de votre profil, on ne va pas avoir beaucoup d’opportunités à vous proposer”.

6278d303f2dcf636be51144d0eb86d523d4e60da.jpg
à Paris (Photo : Bertrand Guay)

Son successeur Kevin Mankundi, 22 ans, titulaire d’un CAP restauration, vient de terminer une formation d’agent de réservation pour les aéroports. Bien préparé, il sort d’une pochette un CV soigné, frappé d’une photo d’avion en vol.

A l’issue d’un échange express, le couperet tombe là encore: “Le niveau d’anglais est trop faible” pour le poste d’accueil convoité. Le jeune homme part le visage défait.

Mais la responsable du recrutement d’ADP est confiante: “70 recrutements en emplois d’avenir sont prévus dans l’année. Il y a un souhait réel de donner accès à des jeunes avec de plus faibles niveaux de qualification, et de diversifier les profils”, affirme-elle.

Dans la longue file d’attente pour le job dating organisé par Carrefour, Zackaria, 24 ans, est “motivé” et “y croit”. “J’ai l’âge limite”, rappelle t-il. Le dispositif est réservé aux 16-25 ans.

Depuis son bac STI, ce Parisien enchaîne les petits boulots: agent d’accueil, gestionnaire clientèle, démonstrations dans les supermarchés…. “Que des CDD, le plus long était de 6 mois”, raconte le jeune homme qui dit avant tout aspirer à de la “stabilité”.

Une stabilité dont rêvent aussi les plus diplômés, auxquels le dispositif est fermé, sauf dans les zones urbaines sensibles.

“Quel est votre âge? Votre niveau de diplôme? Un Master? Désolé, mais vous n?êtes pas éligible aux emplois d’avenir”: dans les longues files d’attente, des salariés de la mission locale de Paris écartent certains candidats.

Imane Belaoufi, 24 ans, ingénieur en systèmes d’information, se fraie malgré tout un passage et s’impose à l’entretien. “J’y vais quand même, je dois tenter ma chance”, murmure-t-elle.